Le consentement des hommes
par Orélien Péréol
jeudi 15 mars 2018
Les relations entre les femmes et les hommes sont l'objet d'une attention que l'on n'avait jamais eue ; elles sembleraient même être le problème politique le plus grave et le plus urgent à résoudre. Cependant, les discours publiés sont dans des limites très étroites hors desquelles rien n'existe. Réprobation morale absolue et exclusion. Examen des faits, fort peu. Répétition de certains faits choisis, à saturation, voire à la nausée. Il n'y a pas d'ouverture au débat, c'est le moins qu'on puisse dire.
Une des limites du petit espace qui doit contenir tout discours sur les femmes et les hommes est que les différences de comportement entre les filles et les garçons viennent de l'éducation. Les inégalités seraient solubles dans une autre éducation ! Or, ce sont les femmes qui font l'éducation des enfants à une écrasante majorité. Comment se fait-il, si c'est l'éducation qui crée les comportements masculins et les comportements féminins que ces comportements soient aussi défavorables aux femmes tel qu'il est dit en ce moment ?
D'autre part, on ne peut raisonnablement penser que notre vie commence à notre vie sociale. Les différences de comportement entre les filles et les garçons sont dans les différences de leur corps. Il y a deux corps humains, deux corps d’humains : un corps de femme et un corps d'homme. Cela se voit, c'est l'anatomie. La tentation de le nier existe et certains tentent de considérer que quelques humains indéterminés, un peu entre les deux, entacheraient cette réalité. Certains s'opposent à ce constat parce qu'il serait binaire. Admettons. Ne leur demandez pas en quoi le fait que ce soir binaire invalide ce constat, ils ne vous le diront pas. Avec deux anatomies, il y a deux places, deux rôles dans la sexualité.
L'inventivité des humains a l'air de pallier cela et de rétablir un rapprochement des identités entre les deux sexes, (une femme peut pénétrer un homme avec un objet, pas avec son sexe ni dans le sexe de son partenaire), mais bon, les deux sont pénétrables ; égalité. C'est illusion de croire que cela annihilerait la différence des sexes dans leurs échanges. Le coït, qui peut être fécondant, est dissymétrique : l'homme doit s'exciter avant, c'est lui qui pousse, la femme ne peut pas tirer, (ce n'est pas une porte), elle ne peut pas toujours exciter un homme. Cet état des choses, indépendant de la volonté des humains, amène que l'homme peut obtenir un coït d'une femme qui n'en veut pas et que le contraire n'est pas possible. Ce constat pourrait être interprété comme une autorisation à le faire. Bien sûr que non, ce n’est pas une autorisation à le faire, forcer est un acte interdit et punissable. Mais nier cette dissymétrie fonctionnelle, comme il est fait, ne saurait permettre de comprendre les relations entre les femmes et les hommes.
Dans la gestation, le corps masculin ne sert à rien. Il peut accompagner psychologiquement, socialement celle qui porte son enfant, travailler pour deux si elle ne peut plus, la nourrir... l'entourer, lui faciliter la vie, mais il ne peut pas porter avec elle, ni accoucher moitié-moitié. Les petits humains savent très vite d'où ils participeront à la sexualité humaine. Comme ils veulent grandir, ils jouent à être grands ou grandes. Vouloir les empêcher ne peut que les faire souffrir. Vouloir les empêcher au nom d'une égalité formelle, c'est avoir mal compris l'égalité contenue dans les droits de l'homme, et en principe, dans tout notre droit : c'est le droit qui compense les inégalités de la nature, le droit ne poursuit pas dans la société l'égalité de la nature... Il y a dans cette croyance (que le droit poursuit l’égalité naturelle) qui a pignon sur rue, le franchissement d’une ligne blanche.
Vouloir empêcher les enfants nécessitera, si on veut en faire une obligation éducative généralisée, force contraintes éducatives, discours, répétitions du discours, punitions... Cela nécessitera beaucoup d’énergie pour contraindre les enfants à ce qu’ils ne veulent pas faire, et beaucoup d’énergie pour contrer les nombreuses révoltes qui en naitraient.
D'autres différences corporelles ne sont pas liées au sexe pur (au génital). Les poils sur le visage (barbe et moustache, ou rasage chaque matin, quelle plaie !), les poils sur le torse, les jambes… Les premiers symptômes de l'infarctus du myocarde ne sont pas les mêmes chez l'homme et chez la femme... Les femmes vivent plus longtemps, ce qui est perçu tout de même comme un avantage, et qui n’est pas commenté (mis dans les faits oubliés). La masse corporelle des femmes est de 28% de leur corps et celle des hommes de 35%. Il va de soi que les êtres de la nature suivent leurs éléments chacun selon son espèce : le serpent rampe, l'oiseau vole, le lion rugit, la pie jacasse... Ceux qui ont plus de muscles veulent faire agir ces muscles. Comme le dit le poète (Jean Richepin) : ce canard n'a qu'un bec et n'eut jamais envie ni de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.
Ces infrastructures différentes créent deux superstructures différentes. On trouverait beaucoup de différences dont certaines n'ont ni usage ni inconvénient et ne sont pas remarquées.
Une des plus grandes différences est celle de la libido. Les jeunes femmes et les jeunes hommes sont à peu près à égalité, mais après la grossesse bien souvent, les femmes, en grande majorité, ont une baisse de libido.
Un signe involontaire mais très pertinent, très fort, de cet état de fait est que le consentement est demandé aux femmes et pas aux hommes. Nous avions autrefois, le devoir conjugal qui aidait à réguler cette différence de niveau : chacun prend sa part, l'homme se contraint et se prive un peu, la femme se contraint et se force un peu. Actuellement, l'homme doit endurer seul la frustration, tout le pouvoir est donné aux femmes sous cette appellation de consentement. Une religion de 1,8 milliard d’adeptes (presqu’un quart de l’humanité) prévoit le contraire : cacher les femmes sauf au mari, qui peut en avoir plusieurs, et qui a tous les droits sur elle(s).
Un féminisme partagé qui serait un chemin vers l'égalité, ferait converger les sexes vers cette accommodation de chacun/chacune à l'autre et non la reddition d’un sexe au « profit » de l’autre.