Le « cumul des mandats » salutaire

par jlhuss
samedi 2 mars 2013

Il est à craindre, une fois de plus, que l'on sacrifie à l'esprit de mode comme ce fut le cas avec le passage au quinquennat tournant marquant de la Vème République, morte ce jour là, avec l'adoption du non cumul des mandats. Certes Hollande ne semble pas pressé, il sait parfaitement que c'est une parfaite imbécillité, une de plus, mais il ne résistera pas, finalement, à l'effet de mode.

Bien sûr tous les petits prétendant(e)s qui piaffent à la porte des assemblées diverse et variées, trop nombreuses, hurlent avec les loups. Ils attendent avec une grande impatience de pouvoir se précipiter sur les postes laissés vacants et en dépit de la clameur qui monte des rangs socialistes, d'un parti composé d'élus. Evidemment cette mesure est populaire dans l'opinion : "salauds de cumulards", ça marche à tous les coups.

La principale conséquence de l'interdiction faite aux parlementaires de cumuler des mandats exécutifs locaux ne fera que renforcer l'hégémonie présidentielle pourtant très critiquée par ailleurs. Il est vrai quand il s'agit de la droite ... Quand c'est la gauche qui détient "le poste", c'est beaucoup plus "normal".

En réalité, il n'existe aucune autre grande démocratie dans laquelle un chef de l'exécutif a autant de pouvoirs que le président de la Ve République. Élu, il est inamovible pour la durée de son mandat. Il a en revanche le droit de dissoudre l'Assemblée nationale. Il nomme aux plus hautes fonctions de l'Etat. Il a, par l'intermédiaire du gouvernement, l'initiative de la plupart des lois et d'irrésistibles moyens de pression pour les faire voter au cas où le Parlement résisterait à les adopter.

Pourtant à trois reprises, les Français ont pu reprendre contact avec la "démocratie parlementaire". Ce furent les périodes désignées sous le terme de "cohabitation". Une majorité désignée par les élections législatives travaillait autour de son chef naturel en dépit d'un Président de la République issu d'un autre courant de pensée. Ce dernier ne restait pas sans pouvoirs institutionnels (on se rappelle le refus de signer les ordonnances par Mitterrand face à Chirac)

Hélas, à l'initiative de Lionel Jospin, les durées des mandats du président et des députés ont été alignées à cinq ans, et l'ordre des élections inversé, afin que l'élection présidentielle intervienne avant l'élection des députés. L'objectif était de réduire - voire de supprimer - le risque, insupportable pour les responsables des partis, de nouvelles cohabitations. Les députés de la majorité, dorénavant élus dans la foulée du président, sur son programme et pour la durée de son mandat, sont rééligibles avec lui et plus que jamais auparavant dans sa directe dépendance : pour le coup, de véritables "godillots" obligés.

Revenant aux désignés "cumulards", ils sont maires, présidents de conseils général ou régional. Ils représentent un atout pour leur commune, leur département ou leur région. Mais ils sont aussi un atout pour la démocratie. En effet leur statut d'élu ne dépend pas en effet que du seul mandat parlementaire. Face au pouvoir exécutif, ils sont donc plus puissants et plus indépendants que ceux de leurs collègues qui ne sont "que" parlementaires.

Le Prince a toujours intérêt à "tuer" ou affaiblir les grands "Seigneurs vassaux"

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