Le directeur de prison est une victime
par Phileas
vendredi 14 janvier 2011
Emma, la fille du Gang des Barbares a utilisé le même subterfuge qu’elle avait déjà expérimenté sur Ilan Halimi, pour attirer le gardien et le directeur de la prison de Versailles. Et personne n’a rien vu venir une fois encore.
La jeune fille du « Gang des barbares » ! (si l’affaire n’eut pas été si tragique, cela eut été un titre splendide pour un livre de Simenon) rebondit une fois encore, avec l’histoire apparemment folle de ce directeur de prison, tombé raide dingue amoureux d’Emma qui avait appâté Ilan Halimi, ce jeune juif enlevé, torturé puis assassiné à Bagneux en Région Parisienne en 2006.
Ce qui est passionnant dans cette affaire, est que la jeune femme nous éclaire véritablement sur un don que partagent beaucoup de schizophrènes qui ont cette faculté toute particulière de s’emparer de la personnalité de leur victime en leur imposant de l’empathie.
Florent Goncalves, le directeur de la prison, n’a rien vu venir. Comme n’avait rien vu venir, le gardien avant lui. Ils sont tombés malgré eux dans le piège de cette personnalité trouble qui leur a fait faire n’importe quoi, les téléguidant à loisir.
Comme le monde de la psychologie est complètement étranger à la justice, le juge d’instruction a placé le directeur en examen et l'a suspendu de ses fonctions et on peut parier que le Tribunal Correctionnel jugera sévèrement cet « écart ».
C’est crétin car le Directeur et le gardien ont été victimes par le même procédé employé par la jeune femme sur Ilan Halimi avant que celui-ci soit enlevé et tué par d'autres.
Sauf que cette fois-ci, le mobile n’était pas le même. On peut imaginer que la jeune femme cherchait les faveurs du directeur sinon pour s’enfuir, certainement pour devenir une prisonnière d’exception.
Qu’on ne se penche pas sur ce cas d’école pour mieux comprendre comment sont recrutés et comment fonctionnent les appâts, est bien dommage. On se prive certainement de comprendre mieux un des troubles de la personnalité les plus énigmatiques de la psychiatrie.
C’est ce qu’on appelle dans un jargon assez pauvre « faire perdre la tête ».
Ce qui prouve à la marge, que la réponse pénale est bien inadéquate face aux déviances de cette jeune femme, qu’aucune personne de la chaine judiciaire dans cette affaire, n’a pris le soin d’évoquer.