Le fichage ADN : une affaire d’être humain !

par Morgan Marietti
jeudi 18 octobre 2007

Nous sommes depuis un certain temps enrôlé dans ce débat qu’est le fichage génétique. Beaucoup d’élus de la majorité comme de l’opposition accompagnés par un certain nombre d’internautes se sont beaucoup exprimés sur le sujet, combattant l’article 5-10 du projet de loi de Brice Hortefeux. Alors que le débat devient de plus en plus un réel échange d’idées et de vision de société, il me semblait essentiel de prendre beaucoup de recul sur les choix des individus et vous montrer qu’une même personne peut avoir un avis différent sur ce débat en fonction du type d’individu.

La plupart des gens ont eu un avis assez tranché sur ce débat, lequel a touché plus particulièrement les opposants à cet article. Je ne donnerai à aucun moment mon avis, je ne fais pas de journalisme citoyen ou autre (donc je ne confonds pas commentaire et information !), je mets sur écrit une prise de recul qui peut apporter des éléments sur ce fameux débat.

Mes chers amis, je serai très brutal en vous disant que vous refusez quelque chose que vous avez accepté postérieurement. Le débat concerne aujourd’hui le fichage génétique des immigrants souhaitant intégrer notre pays. Beaucoup d’opposants utilisent comme argumentaire l’éthique, la morale, le respect de l’homme : « une faute morale » comme l’a dénoncé le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), « d’une atteinte inacceptable aux droits fondamentaux du genre humain », m’a confié un jeune socialiste. Mais aujourd’hui, regardons de plus prêt « l’acte » qui serait produit si cet article était validé : ce test, qui je le rappelle se ferait sous la base d’un volontariat - donc sans obligation pour un individu migrant de le passer -, permettrait de confirmer si oui ou non les parents sont bien les géniteurs d’un enfant résidant en France. Il permettrait ainsi d’accélérer les procédures de regroupement familial. Il faut préciser que ces tests, d’après l’article, ne sont pas figés dans le temps. L’acte en lui-même permettrait de ficher un individu par le biais de son ADN. Il faut revenir en arrière et regarder si aujourd’hui nous n’avons pas déjà commencé à faire ce type de procédure pour un autre type d’individu...

Les délinquants sexuels sont aujourd’hui fichés génétiquement par le Fichier national des empreintes génétiques (Fnaeg), indispensables à l’identification des criminels sexuels qui contient à ce jour plus de 221 000 profils ADN (pour un objectif de 2 millions à terme) et a permis de rapprocher 2 650 affaires de toute nature. Plus de 10 600 traces sont encore en attente d’identification. Si je voulais être provocateur, je pourrais dire que nous refusons quelque chose qui est déjà pratiqué. Les commentaires sont déjà prévisibles, lesquels répondraient qu’ici nous aurions à faire à des individus qui n’ont pas respecté la loi. Et légitimement, nous aurions la possibilité de commettre « une atteinte inacceptable aux droits fondamentaux du genre humain ». Ironique, non ?

Il faut tout simplement analyser le contexte dans lequel nous percevons les choses. La grande majorité des habitants de notre pays n’est actuellement pas opposée au fichage des délinquants sexuels et cette loi n’a jamais fait débat ! Pourquoi ?

La réponse est simple, l’individu vit sous le poids de valeurs, de règles, d’éthique propre à chaque société (le concept même de la socialisation). Si nous reprenons le cas des délinquants sexuels, chaque Français ayant vu dans les médias les meurtres, les viols, les actes pédophiles et autres qui vont à l’encontre de ces mêmes valeurs, lois, etc., a automatiquement cessé de penser ces personnes en termes « d’être humain ».

Nous retrouvons la raison pour laquelle des opposants aux fichages des immigrants ont accepté automatiquement celui des délinquants sexuels. En ayant un recul suffisant, et malgré le fait que l’acte ne se situe pas dans le même contexte, n’ait pas le même but ni la même cause, je pourrais conclure que nous faisons la même action sur les deux cas !

Pour être conforme à ses idées, un opposant aurait dû s’opposer au fichage des délinquants sexuels... Il revient donc ici à débattre sur une question simple, mais complexe : à quels moments peut-on considérer que je suis un être humain ? Lorsque je valide et adopte nos lois, nos valeurs, nos traditions... ? Ou lorsque je respire, je mange, je bois, je pense... ? À vous l’honneur !


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