Le grand abandon des agriculteurs

par Laurent Herblay
samedi 16 septembre 2017

Si Macron agit rapidement pour réduire les impôts des milliardaires ou faciliter les licenciements, en revanche, rien n’est fait pour les agriculteurs, alors pourtant que leurs revenus sont à un plus bas historique. Encore une fois, le président montre bien quelles sont ses priorités, défendre les plus riches et abandonner tous les autres aux aléas injustes, irrationnels et exubérants des marchés.

 

L’oubli de ceux qui nous nourrissent
 
Les chiffres, détaillés en juillet par le Figaro, sont extrêmement choquants. La moitié des agriculteurs vivent avec 354 euros par mois, ou moins !!! Naturellement, il y a de grands écarts, entre les viticulteurs, dont le revenu moyen dépasse 1500 euros par mois, et les producteurs laitiers, qui, en moyenne, gagnent 800 euros par mois  ! Encore une fois, les agriculteurs sont pris entre deux feux  : des grossistes et distributeurs qui jouent d’un rapport de force en leur faveur, avec des frontières grandes ouvertes pour faire pression sur les prix, et des marchés mondiaux où les prix sont à la baisse, au point qu’ils se situent souvent sous le prix de revient des agriculteurs français. Une situation révoltante.
 
Cette situation est d’autant plus révoltante qu’il est parfaitement possible d’agir. A l’origine, la PAC protégeait nos agriculteurs avec un prix plancher qui pouvait être supérieur aux prix mondiaux. Mais le dogmatisme ultralibéral de Bruxelles et nos dirigeants a poussé au démantèlement de la PAC originelle, abandonnant les agriculteurs aux aléas des marchés, qui peuvent osciller sous leur prix de revient. Pourtant, ce n’est pas comme si la terre entière avait renoncé à protéger leurs agriculteurs de ces variations aux conséquences dévastatrices. Les pays d’Asie, généralement présentés comme des modèles économiques, suivant la voie tracée par le Japon, protègent lourdement leurs agriculteurs.
 
Les droits de douane sur le riz atteignent pas moins de 218% en Corée du Sud, 322% au Japon, et encore 34% en Chine, démontrant qu’il est parfaitement possible de protéger ceux qui vous nourrissent des humeurs des marchés. Mieux, The Economist notait que tous les grands pays asiatiques protègent leurs producteurs de riz, utilisant 2 à 8 formes de protection différente pour s’assurer de rester relativement auto-suffisants en permettant à leurs agriculteurs de vivre de leur métier, sans que cela n’ait freiné leur développement, ou que ces pays soient fermés au monde. Bref, ici encore, la protection des agriculteurs est seulement un choix poltique, tout comme son absence.
 

Bref, en abandonnant les agriculteurs à une concurrence sauvage et aux évolutions erratiques des prix sur les marchés, Emmanuel Macron fait le choix politique de privilégier les idées ultralibérales à la condition des agriculteurs. Cela est d’autant plus révoltant qu’il s’apprête à donner des milliards aux plus riches.


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