Le jeu de rôle du syndicalisme salarial

par carnac
vendredi 9 janvier 2009

On a reproché à la CFDT d’avoir signé l’accord sur les retraites 2003. On lui reproche aujourd’hui de signer l’accord sur l’indemnisation du chômage.

La signature de l’accord 2003 sur les retraites  a eu pour conséquence d’autoriser le départ anticipé en retraite de plusieurs centaines de milliers de salariés au point que le gouvernement a limité unilatéralement la portée du dispositif au cours de l’été 2008 par une circulaire d’ailleurs attaquée par la CFDT en Conseil d’Etat.

Le fait est que cette disposition a introduit un peu plus d’équité dans le système des retraites car on se demande toujours pourquoi des ouvriers qui ont commencé à cotiser dès leur 14ième année ne pourraient pas partir en retraite comme n’importe quel employé ou cadre une fois les trimestres  de cotisation nécessaires à une retraite à taux plein acquis.

C’est une mesure d’autant plus « équitable » qu’un ouvrier dispose de 7 années d’espérance de vie de moins qu’un cadre .  On lui préserve par ce départ anticipé autant de temps de vie de retraité qu’un cadre .

Or que n’a-t-on entendu à propos de cette signature :  qu’elle allait contre les intérêts de la classe ouvrière ! On se demande en quoi ? Qu’elle était une gabegie ! Pour ceux qui devaient en rabattre un peu de leur privilèges et consentir à plus d’équité ?

SOCIAUX TRAITRES HURLENT A NOUVEAU LES MEMES  avec la signature de l’accord sur l’indemnisation du chômage ce 8 janvier. Qu’en est -il ?

 La CFDT  remarque que les ultras de l’Assemblée nationale n’ont pas désarmé (cf.  le démantèlement des 35H malgré tout l’intérêt du dispositif souligné MEME par le FIGARO  ).

 A l’évidence ne pas signer c’est risquer des dispositions législatives infiniment plus dures pour les salariés déjà malmenés  par l’obligation d’accepter une offre dite convenable d’emploi réduisant de près de 15% les moyens de subsistance de celles et ceux qui auront eu la malchance de passer par la case « chômage » et ce non compris les frais de transport domicile/travail pour lesquels le gouvernement s’est bien gardé d’imposer une prise en charge par les entreprises en Décembre dernier.

A l’évidence le texte n’est pas ce que les centrales syndicales salariales auraient souhaité et la CFDT comme les autres en pointe les faiblesses.

- L ’absence  du maintien des droits non utilisés pour une autre période de chômage ;

- l’absence de mesures pour les jeunes demandeurs d’emploi ayant moins de 4 mois d’affiliation ;

 

- la mesure pour la réinscription de ceux qui sont entrés en indemnisation, à 4 mois d’affiliation, atténue la lisibilité et la simplification de la filière unique ;

- la perspective de baisse de cotisation est source d’inquiétude dans une période d’incertitude économique qui obligera à une vigilance particulière pour assurer la pérennité de ces droits. Un risque de mise en cause de ceux – ci devra conduire à ne pas la mettre en œuvre.

 

Elle estime par contre que si ces faiblesses apparaissent comme rédhibitoires à certaines centrales syndicales il leur appartient d’attaquer l’accord et la CFDT souligne que la situation peut encore évoluer favorablement si l’Etat conscient notamment de l’ineptie de réduire les moyens d’indemnisation du chômage en période de crise améliore le texte au moins sur ce point.

A l’incertitude la CFDT préfère « un tien vaut mieux que deux tu l’auras » et engrange pour les salariés les dispositions suivantes :

- des droits plus lisibles avec un jour indemnisé pour un jour travaillé ce que voulaient toutes les organisations syndicales ;

- la mise en place d’une filière unique avec entrée dès 4 mois de travail dans les 28 derniers mois (au lieu de 6 mois dans les 22 derniers mois) qui rend l’accès aux droits et à leur connaissance plus lisible et plus simple

- une augmentation de la durée maximale d’indemnisation passant à 24 mois ;

- le maintien d’une indemnisation d’une durée maximale de 36 mois, pour les plus de 50 ans ;

- la suppression de la limitation à 3 ans du chômage saisonnier ;

- le maintien des annexes, notamment celles des intermittents du spectacle ;

- l’amélioration de la convention de reclassement personnalisé (CRP) avec passage à 12 mois, dont 8 mois à 80% (contre 8 mois dont 3 à 80% auparavant) ;

- la définition d’un mandat pour que Pôle Emploi mette en place un référent qui ne suive pas plus de 60 demandeurs d’emploi, et 30 pour les bénéficiaires de la CRP ;

 

Si les effets de ce nouveau dispositif sont du même ordre que ceux des départs anticipés pour carrières longues on découvrira dans trois ans que la CFDT avait raison et on aura entendu glapir contre elle pendant la même période.

 

Pourra-t-on arriver à un pilotage des droits sociaux un peu moins caricatural un jour ? Le syndicalisme salarial y gagnerait en crédibilité.


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