Le juge Burgaud en remet une couche...
par Franck Vinrech
mardi 21 mai 2013
L'indécence s'est abattue sur notre pauvre France, le cinéaste Bertrand Tavernier est poursuivi par Fabrice Burgaud, le justement nommé "juge de l'affaire d'Outreau" pour "incitation au crime".
Sur un plateau télé, le 10 avril 2013, il avait en simple citoyen, dénoncé "le corporatisme" qui avait permis à Burgaud d'échapper à de véritables sanctions et de rajouter : "Je suis contre la peine de mort... Mais c'est quelqu’un qu’on a envie d’exécuter ce... ce...le juge d’Outreau".
L'expression de son indignation et non un appel au meurtre.
Responsable de la catastrophique affaire d'Outreau (2001-2005) qui a détruit la vie de dizaines d'innocents ( on oublie souvent les familles des accusés à tort, qui ont porté un très lourd fardeau elles aussi...), de la mort en prison de l'une d'elle par "surdose de médicaments" (si c'est pas un suicide ça...), Le juge Burgaud est aussi le symbole de l'immunité dégueulasse des magistrats de ce pays. Car il est encore magistrat...
Fabrice Burgaud n'avait pas les épaules assez larges pour traiter convenablement l'affaire ? Trop léger en expérience pour recevoir un dossier si lourd ? Pas assez de moyens ? Et la présomption d'innocence ça demande pas un haut niveau d'expérience, si ? Dormait-il en cours quand on lui a enseigné qu'un juge d'instruction mène son enquête à charge mais aussi à décharge selon les informations qu'il détient ?
Qui aimerait aujourd'hui savoir que son dossier est entre ses mains ?
On n'attendait pas grand chose de ce juge qui n'avait pas montré le moindre signe de culpabilité lors des auditions de la commission d'enquête parlementaire qui suivit logiquement l'affaire. Juste qu'il la ferme pour toujours, qu'il se fasse discret. Même cette attitude, il n'a pas réussi à la tenir...
Que reste-t-il à la société civile devant cette amas d'erreurs grossières ?
De la crainte...Ce sentiment qu'un jour, vous pourriez être injustement accusé vous, votre femme, votre fils, des plus abominables choses que l'on puisse faire sur terre et ce par la justice de votre propre pays...
De l'indignation encore plus, car la sanction écopée par Burgaud n'a été qu'une "réprimande avec inscription au dossier" (24 avril 2009). Pour éviter de traumatiser un de ses enfants chéris, ses pères vont même le nommer magistrat du premier grade à la Cour de cassation en septembre 2011.
Récompenser le suicideur d'innocents pour sa carrière, fallait oser.
C'est bien cette indignation que Burgaud n'a pu supporter de la part du cinéaste Tavernier...
Aujourd'hui nous avons la preuve que le problème n'était pas tant son inexpérience que sa personne.
Le juge est simplement un petit arrogant à l'orgueil déplacé, qui apparemment n'a toujours pas retenu la leçon suivante : quand on est magistrat, on se doit d'être humble, objectif, on se doit de comprendre ce qui est dit et non ce que l'on veut bien entendre (jamais Tavernier n'a incité à son assassinat)... Encore aujourd'hui, il en est incapable...
Plus que tout autre, il a perdu le droit d'être à ce point susceptible, il aurait dû accepter des propos un peu virulents lancés sur le coup d'un constat fait par tous les français, celui de l'impunité quasi totale en France de la magistrature. Et puis à ce compte là, moi aussi, je risque un procès...