Le klaxon, un argument de séduction ?
par CaroleR30
vendredi 27 janvier 2012
Une question a germé ce matin dans ma tête de petite étudiante. A savoir : quelle est ma place dans cette société en tant que femme ?
Aujourd'hui, le mode d'expression de séduction des hommes étant plus que particulier, je m'interroge sur le comportement à tenir. Et il y a du boulot...
Les minutes de marche jusqu’à la fac le matin sont l’occasion pour moi d’arrêter de réfléchir. On réfléchit en cours, on réfléchit en débattant avec des amis, avec la famille, devant un café, quand on est seul on réfléchit aussi. Alors, ce matin, écouteurs dans les oreilles, je parcours vigoureusement le trajet habituel et je respire l’air de la ville, faute de mieux. Mais seule la musique me distrait.
Aujourd’hui, c’était différent. Quand je marche, j’aimerais qu’on me laisse en paix, me fondre dans le mur que je longe, devenir transparente ; ce ne fut malheureusement pas le cas. Comme cela m’arrive régulièrement, une voiture est passée, a klaxonné, appels de phares. J’ai haussé les sourcils, levé les yeux en signe de lassitude. J’aurais pu oublier, effacer l’histoire mais non, mon esprit a recommencé à réfléchir sur ce fait qui peut paraître anodin. Comment la femme est-elle considérée aujourd’hui ?
On nous dit que notre place a évolué, qu’elle est légitime et normale dans toutes les sphères de la société, aussi bien dans les entreprises que dans la vie courante. Étant en psychologie, je me suis vite aperçue que ces affirmations n’étaient pas réellement fondées. Par exemple, un reportage sur France 2 pendant le journal présenté il y a quelques jours nous présentait une expérience faite dans les écoles. Cela consistait à montrer aux enfants un personnage neutre (un ours par exemple) et à associer un lieu à ce personnage. Si le lieu associé était une cuisine, alors l’enfant avait plus tendance à considérer l’ours comme étant une femme. A l’inverse, l’ours était perçu comme un homme lorsqu’il était associé à un lieu de travail (un bureau, etc.).
Alors, on peut nous dire que les mentalités ont évolué, il n’en reste pas moins que les stéréotypes sont toujours bien présents.
Je comprends maintenant pourquoi le coup de klaxon et les appels de phares... La femme s’est certes émancipée mais elle n’en reste pas pour autant « inférieure ». Preuve en est, on ne klaxonne généralement que lorsqu’on veut avertir un autre automobiliste (que le feu est passé au vert, qu’il grille la priorité, etc.), on n’allume ses phares que la nuit et on ne les utilise aussi que pour signaler. Alors de quoi nous avertissons-nous ? A-t-on déjà vu une femme klaxonner un homme, le siffler ? Parce que, bien que cela ne se soit pas passé ce matin, il m’est régulièrement arrivé de me faire siffler. Lorsqu’une femme passe dans la rue, qu’elle a l’audace de porter des talons, une jupe ou une robe, ils marmonnent dans leur barbe un léger « charmante hein ». N’est-ce pas les chiens que nous sommes censés siffler ou appeler par ce bruit significatif qui nous sert à attirer l’attention d’un animal ?
Où est passé le temps où l’homme s’avançait avec gêne pour proposer un café et a-t-il déjà existé ? Et pourquoi exprimer son approbation ou le plaisir visuel de voir une belle femme par des gestes qui ne tendent qu’à la dévaloriser ?
Messieurs, que ce soit entendu, un sourire simple et radieux suffit.
Demain, c’est décidé, ce sera talons hauts, robe et sourire jusqu’aux oreilles. Assumons notre féminité et laissons-leur la frustration devant une jolie paire de jambes.