Le Mariage pour Tous… un débat tronqué ?

par Pelletier Jean
mercredi 16 janvier 2013

Difficile de ne pas « accéder » aux arguments des uns et des autres : radios, télévisions et journaux ne rendent compte que de cela. Le débat est constant, vif et pas toujours « heureux ». Parfois il peut être pitoyable tant la mauvaise fois des deux camps atteint des sommets. Les plus intelligents n’en sont pas, hélas, exemptés, comme si tout était permis pour faire passer absolument son point de vue. Je suis favorable au projet de loi, pour autant je reconnais au débat sa légitimité, à quelques limites près.

Beaucoup de choses ont été dites sur le sujet, l’émission Mot Croisé de hier soir sur France 2 a été aussi l’occasion d’avancer les arguments de parts et d’autres. Plusieurs remarques :

Toutes les positions sont honorables et doivent être respectées

Je sais bien que nous sommes un peuple latin, mais débattre amène bien souvent les uns et les autres à dire n’importe quoi pour prouver qu’ils ont raison et à prêter à l’autre camp des intentions cachées qu’ils n’ont pas nécessairement.

Entendre les arguments de ’UMP pour défendre le référendum est absolument renversant, que ne l’ont-ils fait quand ils étaient au pouvoir ? Ainsi la réforme des retraites de François Fillon… il y avait pas mal de monde aussi dans la rue, la retraite et son avenir est bien un sujet de société et il n’y a pas eu de référendum.

Nos « amis » de l’UMP sont assez disqualifiés pour réclamer un référendum. Pour en ajouter encore un peu plus, au moment du débat sur la réforme constitutionnelle Nicolas Sarkozy n’a lâché que la possibilité pour 1/10ième des électeurs soit 4,5 millions de français de présenter une proposition de loi. On voit à quel point ils sont attachés à la procédure du référendum. Et bien qu’ils partent à la collecte des 4,5 millions de signatures pour proposer un référendum sur le sujet….

J’entends bien la position de ceux qui ne veulent pas de filiation et d’adoption via le mariage pour tous…. et je ne pense pas que ce sont des fachos…. Mais j’apprécie peu que l’église catholique mette toute sa puissance pour faire barrage… ce n’est pas son rôle d’organiser des manifestations (et je suis catholique). Pour moi il est éprouvant de voir des cardinaux et des évêques défiler dans la rue… consternant.

On ne les a jamais vus descendre dans la rue pour défendre l’emploi des ouvriers ou les acquis sociaux.

La démocratie n’autorise pas tout.

L’argument « démocratie » des opposants au projet est un peu lassant, oui c’était un des 60 engagements présidentiels de François Hollande, les français ont voté, oui c’était dans le programme du PS, les français ont voté aux législatives de juin dernier. Oui la loi va être votée au parlement puisque les porteurs de cette idée y sont majoritaires, comment oser parler d’abus de pouvoir et d’absence de débat ?…Si ce n’est que pour les opposants au projet, la seule voie démocratique, ce serait de renoncer au projet ! Etonnant ?

Nous pouvons débattre du bienfondé, de l’idée que l’on se fait de la famille, du projet de société… mais pitié qu’on arrête de brandir les anathèmes et d’accuser le pouvoir de « passer en coup de force »…

L’idée du référendum pour un sujet aussi « chaud » est insupportable.

Est-ce que cela aurait été sage d’adopter par référendum l’abolition de la peine de mort, la législation sur l’avortement, le divorce etc… tous des sujets de société dans une société marquée par les religions du livre ? Bien sûr que non, les évolutions aussi fortes de notre société divisent les français, c’est au cours d’élections que le choix doit se faire. En l’occurrence deux élections en mai et en juin 2012 ont tranchées clairement et nettement.

Enfin le débat sur est-ce que le référendum sur ce sujet est conforme à l’article 11 de la constitution ? La plupart des constitutionalistes sérieux ont tranché en répondant non. Après on peut considérer que le président Hollande n’a qu’à s’assoir dessus et faire comme De Gaulle qui a organisé un référendum sur l’élection du Président de la République au suffrage universel. Ce qui lui a attiré les foudres du président du Sénat de l’époque, Gaston Monnerville, l’accusant de « forfaiture »… Ceci dit, tout cela voté, les constitutionalistes ont considéré que c’était le peuple français qui avait, au final, tranché.

L’Homophobie n’est jamais loin…

Loin de moi de traiter tous les opposants au Mariage pour Tous d’homophobes. Mais cela transpire dans tous les débats, avoué ou pas. Nombreux ceux qui prennent la précaution de dire « je respecte les homosexuels », ou encore « oui à une forme d’union civile » mais pas de mariage pour les homosexuels, ce sacrement civil doit être réservé aux hétérosexuels ainsi que le droit à la filiation pour les enfants.

Au fond c’est bien de cala qu’il s’agit d’une discrimination, nous acceptons les homosexuels, mais qu’ils ne la ramènent pas de trop. On les tolère, à point c’est tout.

L’énergie que met une partie de la société civile, celle la plus conservatrice à s’opposer à ce droit nouveau, à cette nouvelle égalité entre les citoyens est suspecte.


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