Le pacifisme du fumeur

par rakosky
vendredi 22 août 2008

Il faut bien l’admettre, le fumeur est une créature plutôt pacifique et ne mérite pas tant de haine et d’acharnement contre lui.

Sans bruit, sans plainte et sans résistance il s’est laissé virer de ses bistrots sans opposer la moindre résistance, viré par les rombières, les anorexiques et les buveurs de tisane.

Dans un pays où tous les cas les plus pendables trouvent à l’instant avocats et défenseurs, ils font à l’heure des persécutions l’expérience de la solitude, à croire que la double peine n’existe et n’est légitime que pour eux.

Supporter ainsi le racket, le bannissement et l’opprobre et se geler tout l’hiver en terrasse, ça vous forge le caractère et ça ressemble furieusement à de la résistance.

Pourtant, on est quand même pas ce qui se fait de plus méchant et de plus dangereux pour la paix sociale et la tranquillité des familles, cela même les chroniques les plus anciennes peuvent en témoigner.

Le cas est fort rare du blaireau sous l’emprise du tabac rentrant chez lui pour massacrer à coups de poings ou de ceinturon ses gosses ou sa femme terrorisés. Il semblerait que l’alcool soit bien plus impliqué que la nicotine dans les violences domestiques et la violence routière, sans que personne d’ailleurs n’en tire la moindre conclusion.

Ce n’est pas mon genre de dire du mal des drogués ou des imbibés de tous poils, mais la sagesse pour eux serait peut-être de troquer le pack de 6 ou le litron pour une substance bien moins explosive vendue en paquet de 20 ou 25 ou de se mettre à l’eau minérale.

Je sais bien que ferias, bodegas et autres raves font partie de nos traditions et de nos libertés fondamentales, mais ces bacchanales et ces excès ne sont-ils pas suivis avec trop de complaisance et d’attendrissement ?

C’est sans doute un reste d’éducation bourgeoise, mais je n’ai jamais supporté que l’on gerbe sur ma moquette et mon bout de trottoir ni que l’on pisse sur le lampadaire en bas de chez moi. Sans compter que les comas éthyliques, agressions et autres débordements, ça fait un peu désordre sur la voie publique.

Je sais bien que les cendriers pleins et l’amoncellement des cadavres de bouteilles ont constitué le décor et les reliques de beaucoup de nos soirées et que certains soirs de concert on ne fumait pas que du tabac, mais tout ceci remonte à si longtemps... et les choses ont bien changé.

Écouter un solo de gratte de Clapton une clope ou une canette à la main, cela avait encore un rapport avec la civilisation et une vie avec la pensée ou l’émotion.

Sauf à considérer que le vacarme et la discordance soient l’équivalent de la mélodie, que le borborygme et le rot puissent être un substitut au langage, je ne pense pas que l’hébétude puisse jamais remplacer le bonheur et l’extase.


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