Le petit matin partage

par C’est Nabum
samedi 5 octobre 2013

Merci à vous ...

Une bouteille à la mer.

Je me lève de bonne heure pour envoyer au monde un message d'espoir ou de colère, une histoire sans queue ni tête ou une fable de Loire. C'est un rituel immuable depuis bientôt cinq longues années. De ce geste dérisoire, j'attends un retour, quelques messages amicaux, des répliques ou des réactions. C'est une drogue, un besoin impérieux qui s'appelle partage ou peut-être prétention. Qu'importe, il se trouve des amis et des inconnus qui m'offrent à leur tour ce délicieux retour qui me comble.

La toile a quelque chose de magique. Elle accorde à tous leur petit moment de gloire. Bien sûr, tout ceci est illusoire tout autant que dérisoire aux yeux des autres. Mais pour ceux qui se retrouvent dans cet échange anodin, dans ce partage lointain, il y a comme une bouffée d'air pur, un moment de grâce qui permet d'échapper à la morosité de nos vies ordinaires.

Il est tout juste six heures trente quand je confie à la grande vague un texte écrit la veille ou quelques jours auparavant. Il est coup de gueule ou coup de cœur, envie d'ailleurs ou désir de rêverie. Au besoin impérieux de ce rendez-vous quotidien avec l'écran vierge, chaque texte est une aventure nouvelle, un clin d'œil dans le vide qui espère quelques retours mystérieux.

Au fil des années, ce miracle n'a eu de cesse de se produire. Bien vite, il y a les lecteurs fidèles qui réagissent presque dans l'instant. Ils sont de redoutables indicateurs de la qualité de la production du jour. Leurs silences sont plus lourds encore que leurs ripostes immédiates. Je devine alors que je suis tombé à côté, que je n'ai pas su toucher, que l'écrit est sans saveur. Ma journée ne sera pas ponctuée de gentilles tapes dans le dos ….

 

Il y a aussi les mails lointains. J'espère le message venant de notre belle Province, j'attends les amis de nos belles régions : Bretagne, Aveyron, Bourgogne, … et tous ceux qui viennent régulièrement sans que je sache vraiment d'où ils me répondent. Vaste communauté immatérielle, incroyable lien qui me donne cette énergie folle de poursuivre ainsi une entreprise parfaitement gratuite.

Il se trouve des billets qui vivent leur propre vie. Ils rebondissent de partages en échanges, d'impression en affichage. Je sais que ma prose, pour ordinaire qu'elle soit, trouve un peu partout des fidèles qui se l'approprient, qui en font étalage, qui la proposent à leur entourage. Il y a de quoi perdre la raison et se penser au- dessus du commun. Je tombe parfois dans ce travers quand on vante ce qui passe pour du talent. Le lendemain pourtant, l'indifférence de tous prouve à quel point ce diagnostic est incertain et je reviens les pieds sur terre.

Nous sommes ainsi très nombreux les écrivains du virtuel, les blogueurs de la grande toile qui nous pensons détenteurs d'une parcelle de vérité, d'une once de virtuosité. Pourtant, notre névrose épistolaire ne fait de mal à personne et c'est en cela qu'elle n'est que gentille folie douce. Elle devient belle histoire par la grâce de ces retours, de ces dialogues d'outre-écran. Acceptez donc de devenir les témoins d'une étrange thérapie par l'écriture compulsive.

Je remercie ici sincèrement tous ceux qui m'accordent temps et sympathie, qui prennent la peine de me lire ainsi chaque jour ou épisodiquement, qui osent le commentaire, qui me font le cadeau merveilleux du partage. Ne faites pas attention à mes insupportables envies de gloire, elles sont vaines et absurdes. Contentez-vous de me lire, c'est ainsi que vous me maintenez la tête hors de l'eau.

Demain sera un autre jour, une autre histoire. Oubliez ce matin confidence. Il ne faut pas toujours me croire, je ne suis qu'un Bonimenteur. La seule certitude, la seule vérité, c'est ce besoin de vous qui me maintient debout. Merci donc et à bientôt pour de nouvelles aventures.

Partageusement vôtre.


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