Le phoque au coeur de la « reine »

par Gaëtan Pelletier
mardi 26 mai 2009

Le premier jour de son voyage en Arctique, la gouverneure générale Michaëlle Jean a posé un geste de solidarité envers les chasseurs de phoques en éviscérant un phoque fraîchement abattu avant d’en retirer le coeur, qu’elle a ensuite mangé cru. Cyberpresse
 
« Ne vous demandez pas ce que le pays peut faire pour vous… »
La représentante de la reine au Canada est née à Port-au-Prince en Haïti, sa famille a fui Haïti en 1968, alors que Françoi Duvalier était au pouvoir. Sa famille s’est établie à Thetford Mines, au Québec, alors qu’elle avait 11 ans.
Après un baccalauréat en langues et littératures hispaniques et italiennes, elle a obtenu une maîtrise en littérature comparée à l’Université de Montréal. Polyglotte, elle parle cinq langues (français, anglais, espagnol, italien et créole). Après ses études, elle enseigne, puis travaille pour un groupe qui aide les femmes victimes de violences conjugales.
C’est pendant cette période qu’elle apparaît dans un documentaire produit par l’ONF. Des gens de Radio-Canada la remarquent et la société l’embauche en 1988. Puis, CB Television (l’homologue anglophone de la Télévision de Radio-Canada) l’engage en 1989 grâce à son bilinguisme français-anglais. Elle a animé différentes émissions, tant en français qu’en anglais : journal télévisé et entrevues, entre autres. Michaëlle Jean.
Elle est nommée gouverneure générale le 4 août 2005.
La chasse aux phoques : du cœur au ventre
 
Michaëlle Jean a qualifié la chasse d’ancien rituel culturel qui, a-t-elle précisé, est pratiqué avec humanité.
 
Par un geste de solidarité envers les chasseurs Inuits de la région, elle n’a pas hésité à découper à la chair de l’animal.
C’est la « reine » qui a demandé à une femme près de lui si elle pouvait « essayer le cœur ».
Elle l’a dégusté, et a ensuite essuyé, à l’aide d’un mouchoir, le sang.
 
Le débat : qui veut la peau de... ?
Il y a longtemps que le débat est soulevé. Madame Bardot, on le sait, s’oppose vivement à ce massacre. Les images de Brigitte Bardot, en 1977, tenant un petit blanchon dans ses bras ont fait le tour du monde, et les campagnes pour sauver les phoques ont mis à mal toute une industrie et ses travailleurs. Afin d’apaiser l’opinion internationale, le Canada établit des règlements et des quotas stricts.
 
Même Paul McCartney est venu « s’étendre » sur les banquises canadiennes avec son épouse pour protester.
 
Le documentaire : désastre économique ou écologique ?
Un documentaire produit par André Fleury, et diffusé sur la chaîne Radio-Canada, Les Grands Phoques de la banquise Les Grands Phoques de la banquise avait soulevé un tollé.
 
Les images diffusées le 17 mai 1964 à Radio-Canada sont bouleversantes : on y voit un chasseur dépecer un bébé phoque vivant qui continue de se trémousser alors que le couteau l’ouvre de part en part.
Les Grands Phoques de la banquise lance le débat sur la chasse au phoque aux Îles-de-la-Madeleine et à Terre-Neuve. Quelques années plus tard, Gustave Poirier, un chasseur des Îles-de-la-Madeleine, aurait reconnu avoir été payé par l’équipe de tournage pour dépecer un blanchon vivant.

La chasse au phoque se pratique depuis des millénaires par les autochtones de la région. Les Innus récupéraient la peau, la chair et l’huile des bêtes pour leurs besoins. La chasse massive au blanchon débute à la fin des années 1950, avec l’engouement de l’industrie européenne de la mode pour la peau blanche des bébés phoques. Les méthodes de chasse se transforment, les barques des chasseurs faisant place à des chalutiers européens dont les méthodes ne sont aucunement contrôlées.
 
La chasse est cruelle. L’économie, on dirait, l’est également.
Le geste de notre « reine » soulèvera certainement des débats…
Ou des haut-le-cœur…
 

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