Le prix du soufflet
par Mika2
vendredi 20 janvier 2017
Revenons quelques instants sur la gifle ou tentative de gifle exercée sur la personne de Monsieur Manuel VALLS.
Non pas que je sois ardent supporter de cet individu qui a pris l’habitude, un peu trop à mon goût, de vouloir en permanence ressembler à sa statue, mais plutôt pour évoquer le fonctionnement de notre belle machine judiciaire.
Il est clair que notre démocratie se doit de défendre l’intégrité physique de ses citoyens et en premier lieu celle des représentants de l’autorité publique. C’est d’ailleurs à ce titre qu’a été infligée, en l’espèce, la peine de trois mois de prison avec sursis et de cent cinq heures de travaux d’intérêt généraux.
Loin de moi l’idée de contester la nature ou l’importance de la condamnation qui me paraît parfaitement adaptée ni la célérité avec laquelle la magistrature a exercé, puisque la comparution en pareil cas n’a jamais été aussi immédiate. Le sursis va certainement amener à réfléchir et ôter toute envie de récidive et les travaux d’intérêt généraux ne peuvent que permettre d’appréhender la portée des actes commis tout en procurant un service supplémentaire à la société. Le vieux TIG du service militaire, pour les plus anciens, qui consistait à ramasser les feuilles de platanes à la main au mois d’Octobre ou à balayer sans fin la même chaussée... Il est ainsi parfaitement louable que la sanction de la gifle ait été proportionnée et immédiate.
Ce qui me gêne un peu plus est le non-respect d’une autre règle fondamentale de notre droit qui est l’équité des justiciables sauf à considérer qu’il existe deux formes ou deux niveaux d’autorité publique, ou bien encore deux qualités de justiciable.
Ainsi un policier de terrain ou un pompier qui malheureusement dans certaines zones de notre territoire risquent au quotidien bien plus qu’une simple gifle, seraient, je pense, très heureux de pouvoir ne serait-ce que signaler ce qui était autrefois dénommé un outrage. Qu’ensuite le magistrat se presse au chevet de la victime pour l’assurer de sa compréhension et après s’être assuré de la bonne constitution des faits délictueux et prononce en un temps record une peine exemplaire, ce serait le nirvana des forces de l’ordre ou des soldats du feu. De nos jours ces outrages ne sont plus quantifiés car plus signalés. Le pauvre policier qui n’arrive plus à faire respecter la loi pour des actes de violence, la détention de produits stupéfiants (en dessous de certaines quantités) ou les injures publiques et chansonnières de certains rappeurs, a autre chose à faire que de signaler toute atteinte modérée à sa personne. De même le pompier dont le caillassage du fourgon est tellement fréquent que cet acte doit faire partie intégrante de la formation. Dans tous les cas, les magistrats auront tôt fait d’exempter les auteurs desdits faits de toute peine au nom de la sauvegarde de la tranquillité publique et de la quiétude de nos cités de non-droits.
Le trafic de drogue est désormais institutionnalisé dans nos quartiers difficiles et son économie est telle que toute la société aurait à pâtir de mesures d’interdiction, du vendeur de grosses berlines allemandes à certains marchands de mode. Certains de nos politiques font d’ailleurs en l’espèce preuve du plus grand pragmatisme, allant jusqu’à oser proposer la dépénalisation du cannabis, pour gagner quelques voix. Vous m’accorderez qu’il est d’ailleurs assez curieux de constater que sur le strict plan étymologique le mot politique signifie « qui concerne le citoyen », dénomination qui peut paraître, de nos jours et en l’espèce, un peu galvaudée.. Ce débat de dépénalisation est d’ailleurs posé en ce moment sur la place publique, ce qui permet d’en débattre.
En revanche le non-respect de l’autorité, voire l’agressivité permanente contre toute forme de représentation de l’état, a été également installé dans nos quartiers, mais ce, dans le plus parfait silence.
Combien de justiciables, simples par nature, seraient heureux de pouvoir simplement voir appliquer la règle. Est-il tolérable de devoir faire la police dans un service d’urgence ? D‘abandonner des pans entiers de notre société à la loi des caïds, de considérer qu’il est un droit de brûler un policier municipal ou de jeter un pavé sur un CRS, ou bien d’attendre jusqu’à plusieurs années pour un simple jugement.
La société de droit voudrait qu’un député ne soit pas mieux servi ou protégé qu’un autre citoyen. Ainsi en appliquant simplement ce principe, toute atteinte ou outrage à représentant de l’état se verrait immédiatement puni par trois mois de prison avec sursis et cent cinq heures de travaux d’intérêt généraux.
Il y a fort à parier qu’en appliquant cette règle, le visage des quartiers difficiles s’en trouverait modifié et à défaut de remplir nos prisons, nos rues ne s’en trouveraient que plus propres. C’est un peu la transposition de la théorie de la vitre brisée chère à Rudolf GIULIANI, l’ancien Maire de New York qui a permis des progrès remarquables dans la lutte contre la délinquance sur les bords de l’Hudson.
Pour ce faire, dans le pays de Voltaire, il faudrait qu’un ancien Premier Ministre ne s’arroge aucun droit ni privilège, qu’il y ait une véritable volonté politique, collective, et citoyenne de rétablir l’ordre et de ne plus tolérer aucune « vitre brisée ». Enfin, il faudrait cesser l’indulgence et la compassion envers ce que certains ont appelés sauvageons. Un délinquant est un délinquant, fut-il jeune ou issu d’un milieu défavorisé. Le respect doit s’imposer par l’éducation. A défaut nous ne devons plus tolérer ces actes d’incivisme et il appartient à la justice de les sanctionner sans omission, justice dont une des missions et de protéger nos règles de vie en société. Alors, Monsieur VALLS redeviendra un justiciable comme les autres.