Le PS, LR, Einstein, Darwin, Trump, un monde s’écroule !

par Bernard Dugué
mardi 7 février 2017

Un monde nouveau émergea en 1945, après la victoire des alliés sur le nazisme, la bombe américaine sur Hiroshima et le traité de Yalta. Deux blocs militaro-industriels se sont partagé le monde avancés avec plus tard les pays non alignés, voire indécis. Les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU reflètent ce partage du monde et le rôle déterminant de cinq puissances. En 1989, le mur de Berlin a signé la fin de l’empire soviétique. En 2017, un mur entre le Mexique et les Etats-Unis signifie aussi un avènement du monde ou alors la fin d’une époque. La Chine communiste vient de se déclarer économie de marché alors que les Etats-Unis virent au protectionnisme. Il se passe des choses étonnantes. Le monde de 1945 s’écroule !

En France, les citoyens sont en plein désarroi et déboussolés. C’est ce que disent les médias. Dans la vie réelle, une majorité de Français vit sa petite existence avec ses tracas et ses plaisirs. Les politiciens sont eux aussi déboussolés avec les pièces maîtresses du jeu qui sautent les uns après les autres. Hollande, Sarkozy, Juppé, Valls et maintenant Fillon malmené. Les deux formations qui ont gouverné depuis 1958 sont en proie à une crise accentuée sans qu’on puisse parler de naufrage. Les événements récents ont engendré des fractures et des divisions au sein de ces deux grands partis. Nul ne sait ce qui peut en ressortir ni comment il est possible de recoller les morceaux. Les facteurs expliquant ce marasme sont nombreux. Les médias et leurs infos crétinisantes, la corruption des hommes, les désirs matérialistes, le goût de l’argent, la situation géopolitique, la globalisation économique, l’afflux de populations… Tous ces facteurs ont produit la situation actuelle. Après l’empire soviétique qui s’est effondré, la question du déclin occidental se pose. Les manifestations contre la corruption en Roumanie sont également un marqueur des maux présents dans nos sociétés.

La vie politique française livre l’image d’un théâtre d’ego, d’un combat de carnassiers, de luttes féroces entre clans et autres clubs ayant l’outrecuidance de se qualifier de micro-partis. Les réactions politiciennes traduisent souvent le désarroi lié à des ambitions trahies ou déçues sans aucune préoccupation pour la vie des gens. Ces politiciens se sont placés sous l’égide du dieu Kronos mais à la différence de la figure du panthéon hellène qui dévorait ses enfants, les carnassiers de la politique se dévorent entre eux, qu’ils soient hommes ou femme, l’égalité est respectée. Kronos conduit le monde vers la crise. Danger de dissolution chaotique mais opportunité pour s’inscrire dans la nouveauté. Emmanuel Macron se présente comme un flamboyant opportuniste. Ce qui n’est pas une tare en supposant que cet opportunisme puisse faire émerger une France visionnaire et porteuse d’espoir.

La télévision traduit cette morosité sous forme de nostalgie et de douce mélancolie teintée de chanson bucoliques d’antan. On célèbres les canailles, les destins brisés, les vieilleries des sixties et eighties, les années bonheur. Les archives de la télé remplissent le temps de cerveau des spectateurs. La culture n’est plus tournée vers l’avenir et se complait dans un déclin thermodynamique lié à la fermeture des esprits. Cette perte de confiance dans la nouveauté et l’originalité s’accompagne d’un désarroi des citoyens face aux médias. Ce délitement des rapports de confiance est préjudiciable à la cohésion sociale et au vivre ensemble.

L’élection de Trump est le signe déterminant de cette époque marquée par la défiance, un certain populisme et le dégagisme qui n’est pas étranger au nihilisme.

La lecture et l’écoute des news montre que des mots reviennent souvent : déboussolé, désarroi, marasme. Ces temps-ci, un autre mot vient appuyer le discours pour conférer une légitimité à son locuteur et certifier la pertinence de son propos. Ce mot c’est : « justement ». Une manière de se rassurer dans ce monde en perte de confiance. L’emploi de l’adverbe « justement » confère à une proposition la légitimité de la raison. Le locuteur signifiant alors que les choses qu’il énonce ne sont pas arbitraires mais reposent sur un enchaînement de causes et une analyse rationnelle.

Par une étrange synchronicité, l’effritement de l’Occident chemine avec la prochaine remise en cause des théories scientifiques et pas les moindre, l’une concerne le cosmos, l’autre la vie. Autrement dit, la cosmologie relativiste d’Einstein et la théorie synthétique de l’évolution construite à partir des conceptions de Darwin. Les sciences modernes sont parvenues à un achèvement ayant produit de remarquables applications avec des succès matériels sans précédents mais elles ne permettent pas de comprendre l’univers et la nature. De plus, les maladies dégénératives ne trouvent pas de solution. La science moderne est parvenue à un stade comparable à celui de la scolastique médiévale. Sauf qu’à l’inverse de la théologie d’il y a sept siècles, la science suscite l’adhésion et la croyance car elle produit des tas de miracles et autres effets magiques avec toutes ses technologies. L’homme a besoin de miracles pour croire.

Beaucoup de scientifiques sont devenus des marchands du temple, vendant de la poussière d’étoile pour émerveiller les citoyens infantiles du technocosme. Le journalisme scientifique français n’a cessé de décliner, finissant par répéter d’année en année tous les poncifs classiques de la génétique et la physique quantique. Par exemple, le dernier numéro de la Recherche et son dossier plutôt faiblard sur une mécanique quantique présentée comme il y a cinquante ans. Il est terrible de constater à quel point la science a rendu les gens et les scientifiques ignorants. Tout un monde s’écroule, comme la scolastique médiévale après Galilée. Sauf que ce monde est solidement maintenu en place par la religion mécaniste et positiviste des scientifiques.

Pour le reste, l’humanité s’effrite dans une frénésie technologique. Des gadgets et des aménagements urbains compliquent la vie et d’autres gadgets sont vendus pour faciliter la vie. Le système productif capitaliste prospère non seulement avec les désirs artificiels produits par la publicité mais aussi avec les normes et les aménagements décidés par les politiques. Le travail est devenu la valeur centrale des sociétés occidentales. L’homme pense se faciliter la vie, il se la complique. Les consciences sont enfumées par les idéologies propagées par d’habiles manipulateurs qui asservissent les populations peu douées pour la réflexion critique. Les gens ne s’éveillent pas car ils sont manipulés par les joueurs démoniaques qui tirent le système à leur avantage. Et ce, dans tous les secteurs, pas uniquement la politique.

Cet ensemble de constats fleure bon la fin d’une époque qui ne veut pas en finir avec les idéologies mortifères et artificielles et qui va finir par nous achever. Même si l’homme est perdu, il faut tenter de sauver la raison et la foi ; combattre les illusions et se battre pour l’éducation ; se guérir contre les poisons et finir avec l’élévation.


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