Le spectre de l’instabilité sociale détrône le terrorisme

par John Lloyds
mardi 24 février 2009

A l’heure où les voix officielles se veulent rassurantes, du « paroxysme de la crise peut-être derrière nous » de Sarkozy, au « début de la fin de la crise » d’Obama, circulent des informations dissonantes qui trahissent, au sein même des gouvernements, une cacophonie devenue grotesque. Les ronrons médiatiques, doublés des niaiseries anesthésiantes du petit écran, ne suffisent plus à couvrir les détresses d’arrière-plan.

C’est le patron du renseignement américain, Dennis Blair, qui a fait part de ses vives préoccupations, la semaine dernière, en déclarant que « le leadership d’Al Quaïda était moins prépondérant … et serait relégué à la seconde place ». La crainte première étant maintenant que « soient dirigées contre les Etats-Unis des violences et émeutes issues d’instabilités politiques de nombreux pays, suite à la montée du chômage et à la réduction des dépenses sociales », les risques d’instabilités des régimes s’accroissant « si la crise se prolonge un ou deux ans ».
 
Les préoccupations d’Obama en matière d’émeutes se perçoivent au travers des craintes de Blair, qui envisage un effondrement de l’ampleur de la grande dépression, accompagnée de « hauts niveaux d’extrémismes ». Un rapport de l’armée, publié en novembre, fait état, dans le cadre d’une « violente dislocation stratégique à l’intérieur des Etats-Unis », de la nécessité de « réorienter ses priorités ».
 
Quelques chiffres permettront d’apprécier la légitimité de ces augures : A Moscou, le taux de meurtre a grimpé de 15%. En Floride, les demandes de détention de permis d’armes se sont envolées de 42% les 45 derniers jours. Et, comme un signe des temps, un des droits les plus sacrés au Etats-Unis, le second amendement, commence à subir un démontage en règle : ”At least the Republicans left us the Second Amendment. The Obama Democrats are not going to return our other purloined civil liberties, and they are already attacking the Second Amendment”. Quand les rats sont soupçonnés de quitter le navire, il convient de les désarmer d’urgence.
 
D’ores et déjà, la Grande Bretagne craint un « été de colère  ». De source policière, les « victimes de la crise économique » pourraient, dans les prochains mois, envahir les rues, avec en prime, une première : le renfort des classes moyennes. Les banques pourraient devenir des « cibles valables ». Aux Etats-Unis, outre les 2 millions d’expulsions effectives sur 3 millions de dossiers en cours en 2008, on s’attend à une fermeture massive des commerces de détails, 220000 boutiques. La marginalisation a atteint un tel niveau que l’on trouve sur le net des « guides de la débâcle sociale », comme celui-ci, qui conseille, aux gens en difficulté, de ne plus payer leurs factures, explique comment anticiper son licenciement, et évoque les diverses possibilités pour vivre hors du système.

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