Le suicide d’un enfant

par hommelibre
mercredi 2 novembre 2011

Un garçon de huit habitant le Doubs ans a été retrouvé mort dans sa chambre, pendu à un crochet de lustre. Selon la police il s’agit vraisemblablement d’un suicide. L’enfant venait d’être réprimandé par son père pour des chamailleries.

Une semaine avant un autre garçon de 10 ans s’était également pendu à Roubaix. Les derniers chiffres annuels disponibles datent de 2009 et font état de 37 suicides d’enfants de 5 à 14 ans.

C’est à la fois peu en nombre et c’est énorme pour cette tranche d’âge. Pour avoir une idée du problème, dans la même population française on dénombre environ 13‘000 suicides par année (et plus de 160‘000 tentatives), soit un taux de 17 suicides pour 100‘000 habitants. Le taux suisse est plus élevé : 19 pour 100‘000, soit environ 1‘400 suicides par années. En Suisse les homme se donnent la mort deux fois plus souvent que les femmes.

Le suicide est douloureux même quand on n’est pas très proche de la victime. Se donner volontairement la mort est un acte difficile à accepter pour les vivants. Peu importe les interprétations que l’on en fait : il y a forcément une souffrance morale. Une souffrance qui n’est plus gérable, sur laquelle il n’y a plus de prise. Une souffrance que les proches ont vue ou non. Mais comment évaluer le degré de souffrance qu’un être peut supporter ?



Si c’est douloureux pour les proches quand c’est un adulte qui met fin à sa vie, combien cela doit-il l’être quand c’est son enfant. Mais pourquoi un enfant passe-t-il à l’acte ? L’image de l’enfance véhiculée par notre société est plutôt heureuse, avec un environnement pour lequel il compte et des activités qui lui permettent de s’épanouir. Cela ne semble pas suffire à certains enfants. Le mal-être qu’ils vivent leur pèse soudain trop.

Des psychologues font état de signes tels que la mésestime de soi, des troubles du sommeil, un décrochage scolaire, une impulsivité en augmentation, qui devraient alerter les parents. Un enfant peut faire une dépression. Comme il n’a pas encore le langage pour parler de lui il reste avec sa difficulté ou son mal-être. La communication parent-enfant est donc primordiale.

Le développement de l’estime de soi l’est aussi. L’enfant a besoin d’être valorisé, validé même, par un adulte dont il attend une transmission. Une réussite sportive, un beau but marqué ou une série d’arrêts, doivent être applaudis. Les camarades mais aussi les parents doivent applaudir. Et rappeler l’exploit de temps en temps, même des années après. L’estime de soi se construit lentement et la répétition des souvenirs valorisants fait partie de cette construction. Pousser l’enfant à aller de l’avant et à faire mieux est une stimulation normale. Les espèces animales poussent aussi leur petits pour les rendre forts et indépendant. Mais cette stimulation doit être complétée par la reconnaissance des acquis.

Boris Cyrulnik a participé à une mission gouvernementale sur le suicide des jeunes. Il porte un regard plus médical sur la question :

« Au niveau des causes, l'auteur insiste sur la précocité de la vulnérabilité neurologique. Dès les dernières semaines de grossesse aux premiers mois de la vie, cette période sensible pour le développement de l'organisme et du tempérament est cruciale. Offrir à l'enfant un environnement sécurisant chez lui, dénué de violence est impératif. Au-delà de l'impact environnemental, des susceptibilités génétiques (caractérisées par une carence en sérotonine dans le cortex préfrontal et le tronc cérébral) pourraient également jouer. En sus de cette vulnérabilité, il y a un élément déclencheur : une humiliation, une insulte, un traumatisme ponctuel.. »

L’événement déclenchant se grefferait sur un terrain favorable. Cela expliquerait peut-être pourquoi un enfant en bonne santé commet l’irréparable après une réprimande. Une réprimande qui est tombée au mauvais moment, mal dite, et qui a touché un mécanisme amplificateur.


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