Le vrai handicap est dans la tête des faibles !

par Az. boufous.
lundi 27 juillet 2009

L’acceptation de l’autre est déjà un calvaire pour certaines personnes. Comment faire alors lorsque cet autre est non seulement différent, de par sa religion, sa condition sociale, sa culture et sa langue, mais en outre il est jugé comme étant inférieur par ce qu’un défaut génétique ou un traumatisme irréversible l’a rendu incapable se prendre en charge de manière autonome. Là, plusieurs mécanismes d’autodéfense nous incitent à marquer une distance de cet être jugé arbitrairement « incomplet » à cause d’une tare dont il n’est souvent pleinement responsable. Et pour avoir bonne conscience et continuer notre bon chemin nous nous disons dans notre for intérieur (faible plutôt) qu’il mérite bien ce qui lui arrive et lorsque nous avons reçu une « bonne » éducation nous nous limitons parfois à lui jeter quelques pièces même quand il n’a rien demandé, avec parfois dans notre regard un attendrissement plus ou moins sincère, lorsque nous avons le temps de nous retourner...


L’un des sujets cruciaux qui me tiennent à coeur en ce moment est celui des handicapés que nous côtoyons partout quotidiennement, avec pour unique réaction dont nous faisons preuve généralement, un regard pitoyable et au plus un laconique "lah ikounfla3wane" (que Dieu leur vienne en aide), prononcé sans conviction du bout des lèvres, comme pour exorciser ce malheur qui les touche et l’éloigner de nous, qui nous croyons indemnes.
 
Or l’expérience montre souvent que la dernière chose dont pourrait avoir besoin un handicapé, sans distinctions ; est bien ce regard pitoyable que l’on porte sur lui. La seule chose qu’ils demandent au contraire, selon ceux que j’ai eu l’honneur de connaître est d’être traités en égaux et de traduire ce traitement égalitaire en actions concrètes, visant à rendre leur vie plus acceptable par un emploi décent respectant leur différence, des accès facilités aux lieux publics et par des actions de sensibilisation de ceux qui se croient "normaux" vis-à-vis de leur infirmité et la façon adroite de se comporter avec eux sans hypocrisie et sans regard faussement pitoyable.
 
S’agissant justement de la facilitation de l’accès aux lieux publics, j’ai eu l’occasion , de par mon travail d’enseignant, de remarquer qu’au niveau du lycée des élèves unijambistes étaient obligés de monter les escaliers avec leurs béquilles, tout à fait comme les autres, sans aucune considération pour leur infirmité, alors qu’une simple décision administrative aurait suffi pour que les cours de ces élèves se passent toujours dans des salles du rez-de chaussée. Cela leur aurait fait comprendre par des actions tangibles que leurs frères bipèdes les considèrent comme des êtres dignes d’intérêt et de respect.
 
D’un autre côté l’unique association, qui se dit active dans ce domaine, brille malheureusement par son absence, son local reste désespérément fermé alors que beaucoup reste à faire sans avoir besoin des subsides derrière le manque desquels on se cache généralement pour justifier cette absence d’activités. Des rencontres entre handicapés pour échanger leurs impressions, leurs expériences, leurs réussites et leurs échecs seraient des moyens peu onéreux de leur faire sentir leur importance et de sensibiliser les "normaux" à leur situation, dans une société qui continue à considérer le moindre handicap comme une punition divine et donc méritée. Pourquoi donc ce genre d’association se limite-t-il à remplir le carnet d’adhésion puis se hâter de fermer et de mettre la clé sous le paillasson ? Et puis n’y a-t-il pas un organisme de tutelle pour superviser les activités des associations au niveau local et les admonester verbalement au besoin ou de les interdire systématiquement, au cas où il se révélerait qu’elles sont d’inutilité publique, ou pire encore qu’elles occupent un terrain que d’autres pourraient investir et y être plus performants ?
 
A bon entendeur, amen !
 

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