Légende urbaine : Desiderata
par Pelletier Jean
vendredi 15 février 2013
Nombreuses sont les légendes urbaines, les sociologues s’y sont penchés, tant elles ont fini par prendre de la place et de l’ampleur. Elles sont de toute nature, leur caractéristique principale : elles courent comme la rumeur, Internet leur a donné encore plus de vigueur. Elles vont aussi bien de Adolph Hitler ne se serait jamais suicidé à la Grande Muraille de Chine serait visible de la lune, de la Dame Blanche (mystérieuse autostoppeuse morte..) à l’homme qui vous rétrécit le pénis rien qu’en vous serrant la main…enfin la pyramide du Louvre serait constituée de 666 plaques de verre, en cela elle annoncerait la venue de l’antéchrist !
Dans cette débauche de délires et phantasmes mal contenus, il en est pourtant une qui me tient à cœur, que vous avez peut être parfois croisée sur le Net. Vous savez ces messages qu’il faut reproduire et faire circuler pour vous assurer le bonheur et la sérénité. C’est un très beau texte que je vais reproduire ici, dont la légende dit qu’il est d’un auteur inconnu et qu’il fut découvert dans les fondations de la Cathédrale de Saint Paul de Baltimore en 1692…
Les chercheurs s’y sont attachés et sont remontés à la genèse de sa diffusion : les années 1950-1970 d’abord aux USA puis en Europe. Ses origines, prétendues mystérieuse, lui conféraient une véritable « aura » mystique qui correspondait à l’émergence du courant hippie, son message profondément humaniste et naturaliste alimentait cette philosophie du flower power et de la non violence.
Et bien une sociologue Véronique Campion, spécialiste des légendes urbaines a retrouvé en fait son auteur, pas du tout anonyme… puisqu’il s’agit de Max Ehrmann (1872-1945), homme d’affaire et écrivain américain. Son titre exact est Desiderata, il a été traduit en français en 1996 par Hubert Claes.
Allez tranquillement parmi les vacarmes et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence.
Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes personnes. Dites doucement et clairement votre vérité ; et écoutez les autres, même le simple d'esprit et l'ignorant ; ils ont aussi leur histoire. Evitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l'esprit.
Ne vous comparez avec personne : vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grands et plus petits que vous.
Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Soyez toujours intéressés à votre carrière, si modeste soit-elle ; c'est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps. Soyez prudent dans vos affaires ; car le monde est plein de fourberies. Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe ; plusieurs individus recherchent les grands idéaux ; et partout la vie est remplie d'héroïsme.
Soyez vous-même. Surtout n'affectez pas l'amitié. Non plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l'herbe.
Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez une puissance d'esprit pour vous protégez en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au-delà d'une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles ; vous avez le droit d'être ici. Et qu'il vous soit clair ou non, l'univers se déroule sans doute comme il le devrait.
Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de lui et quelles que soient vos peines et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme.
Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Soyez positif et attentif aux autres.
in mémoriam André Salvatico