L’affaire Léonarda, dont j’ai débattue sur France 24, défraie la chronique. Une partie de la gauche attaque violemment Manuel Valls, qu’elle accuse de faire le lit du FN ou de ne pas être humain. Des lycéens se sont mis en grève pour réclamer le retour des deux jeunes expulsés. Une affaire révélatrice.
Rappel des faits
Dis-moi pour qui tu compatis
Tout ceci rejoint les analyses de Jean-Claude Michéa qui note que le héros moderne d’une certaine gauche est l’immigré clandestin, qui a remplacé l’ouvrier de l’industrie. Même si on ne peut pas nier la souffrance de Léonarda, on aimerait qu’elle pense aussi au sort des ouvriers dont les usines sont délocalisées du fait du libre-échange ou celui des agriculteurs qui se suicident car ils ne parviennent plus à joindre les deux bouts. Pourquoi faudrait-il accorder autant d’attention à des immigrés clandestins, venus et vivant illégalement en France, alors qu’on oublie trop souvent la France qui souffre ?
L’attitude de la gauche confine au suicide politique. Bien sûr, dans les classes supérieures des centres villes, qui emploient parfois des gardes d’enfant étrangers, le destin de ces immigrés clandestins émeut car il est proche de celui de ces aides de famille qui leur sont familiers. Mais ce faisant, ils oublient complètement que 80% de la population ne les suit pas. En effet, le discours bien-pensant qui consiste à ouvrir les bras à toute la misère de la planète est intenable pour des classes populaires et moyennes qui souffrent de la crise, entre perte d’emploi, baisse des salaires et hausses d’impôts.
Cette séquence est une calamité pour la gauche, hormis Manuel Valls, avec un discours qui oscille entre
la dénonciation violente du ministre de l’intérieur et un soutien tellement critique et distant. Du coup, même en maintenant l’expulsion, subsistera toujours le doute que la majorité du PS aurait préféré faire une exception au droit pour accueillir cette famille. Et que dire du jeune socialiste présent sur le débat de France 24 qui faisait le grand écart entre soutien au gouvernement et participation aux manifestations demandant des papiers pour les illégaux ? Quelle que soit l’issue,
le PS a perdu.
Bien sûr, les procédures d’expulsion doivent rester humaines. Bien sûr, la justice doit être plus rapide pour ne pas laisser des immigrés illégaux quatre ans dans le pays avant de les expulser. Mais ici, les expulsions semblent justifiées. Et il faut respecter le droit, car c’est le droit, in fine, qui protège les plus faibles de nos compatriotes.