Les aménagements routiers peuvent-ils tuer ?

par Michel DROUET
jeudi 26 août 2010

 Censés amener les conducteurs de véhicules à plus de vigilance et davantage de prudence, notamment en zone urbaine ou à leur approche, les aménagements routiers (ralentisseurs, ilots, chicanes, poteaux et barrières de toutes sortes) peuvent s’avérer très dangereux

Dimanche dernier, à Mortagne sur Sèvre, en Vendée, un véhicule transportant cinq jeunes hommes a percuté un de ces aménagements. Le véhicule, ses deux pneus droits éclaté a été projeté à 200 mètres, s’est retrouvé sur le toit et a pris feu. Bilan : trois jeunes, prisonniers à l’arrière du véhicule, sont morts.

Voilà pour les faits qui ne préjugent en rien des conclusions de l’enquête en cours qui devra définir les conditions exactes de cet accident et notamment s’il est imputable à la vitesse et/ou l’alcool ou la drogue.

Quelles que soient les responsabilités éventuelle du conducteur, on est en droit de s’interroger sur la configuration des lieux aménagés en chicane de manière à ne laisser passer qu’un seul véhicule à la fois, sous un pont. La photo publiée dans la presse locale donne davantage une impression de dangerosité que de sécurité.

Jusqu’à présent la débauche d’aménagements de voirie que l’on constate s’était le plus souvent soldé par des jantes abimées, des pneus éclatés ou des bas de caisse cabossées.

Nous avons tous constaté l’inflation de ces équipements depuis une dizaine d’années à l’initiative des élus locaux forts bien conseillés par les bureaux d’études et autres vendeurs de ces aménagements, et sous la pression de riverains épris de sécurité.

On ne reprochera pas à ces derniers de vouloir vivre en paix et en sécurité, mais on reprochera aux élus de n’avoir pour seule réponse qu’une vision sécuritaire excessive qui peut s’avérer contre productive et dramatique : l’accident de dimanche illustre malheureusement ce propos.

La sécurité est bien dans l’air du temps et elle touche tous les domaines de la vie. On ne parle que de dissuasion, de mesures coercitives, d’amendes, voire plus. Les aménagements routiers à eux seuls ne feront jamais une politique. Ils sont coûteux, pas toujours efficace, parfois dangereux et défigurent souvent notre environnement urbain. Ils sont souvent accompagnés d’une forêt de panneaux indicateurs dont on a du mal à capter tous les messages et de limitations de vitesses pas toujours cohérentes à l’échelle d’une commune.

L’éducation et la prévention ne font plus partie du discours et sont les parents pauvres des dispositifs mis en oeuvre par la collectivité publique qui supprime à tour de bras des postes de fonctionnaires, là où au contraire il en faudrait plus.

Le Maire de la commune où s’est produit l’accident tragique vient peut-être de prendre conscience des limites de sa politique d’aménagements routiers : il vient de provoquer une réunion pour réfléchir à une action en direction des jeunes.


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