Les associations pour le droit des étrangers lèvent la tête et tendent le poing

par Amélia
vendredi 1er juin 2012

La Cimade, la Ligue des droits de l'homme (LDH), Réseau Education Sans frontière (RESF), Chrétiens Migrants, entre autres, ont entretenu des rapports conflictuels avec les gouvernements en place depuis dix ans.

Exemple symptomatique : la LDH s'est prononcée, pour la première fois depuis sa naissance, sur le vote aux présidentielles, en lançant un appel solennel à l'éviction de Nicolas Sarkozy : « elle (la LDH) appelle les électrices et électeurs à refuser que soit poursuivie − et a fortiori aggravée − la régression des droits et des libertés, la xénophobie d’Etat et l’autoritarisme, la mise en cause de l’égalité des citoyens. »1

RESF, Chrétiens Migrants et la CIMADE n'ont eu de cesse d'alerter les pouvoirs publiques sur des situations familiales et personnelles alarmantes, sur les dégradations des conditions d'accueil des étrangers, sur le piétinement quasi-institutionnalisé de leurs droits par le pouvoir préfectoral et les juges des libertés...

Ces associations ont remporté gain de cause lorsqu'elles ont été suivies par les médias. Elles ont, sinon, régulièrement essuyé le mépris des administrations.

Au-delà du mépris, il y a eu l'offensive : deux militants RESf et deux militants Soif d'Utopies (sorte de CSP local) de Tours ont été poursuivi par le ministère de l'Intérieur (à l'époque chapeauté par Brice Hortefeux) pour avoir proféré un amalgame historique entre la politique d'immigration actuelle et le régime de Vichy dans un communiqué de presse intitulé « les Baleiniers ».

Aujourd'hui, Sarkozy et son gouvernement ont été expulsés par le peuple et ces associations saisissent l'occasion pour mettre les bouchées doubles dans leur militantisme.

Chrétiens-Migrants, RESF, CCFD, la Cimade, le NPA, ATTAC, les Verts Touraine etc. s'unissent pour lancer un appel national : « Un moratoire sur les expulsions maintenant, prélude à une profonde évolution »2.

En suspendant ainsi légalement toute procédure d'expulsion, le gouvernement serait enjoint, en collaboration avec les associations compétentes, à refondre le CESEDA (le code de séjour des étrangers et demandeurs d'asile).

Les premières exigences communes des militants ne sont pas mâchées, parmi lesquelles l'interdiction pure et simple de la rétention des mineurs et du démembrement familial ; le rétablissement de la gratuité de l'Aide Médicale d'Etat (AME), de l'accueil des étrangers malades, la suppression de la liste des pays dits « sûrs » dans les critères d'obtention du statut de réfugié pour les demandeurs d'asile, ainsi que la régularisation de tous les parents d'enfants scolarisés et de tous les travailleurs déclarés ou non. RESF insiste et menace : les majeurs scolarisés seront légalisés sauf à retrouver les militants et camarades lycéens et enseignants dans la rue.

Les associations pointent également du doigt le zèle - à la limite de la légalité - exercé dans plusieurs préfectures pour détériorer les conditions de vie et d'accueil des étrangers, clandestins ou non.

Pour envisager tous ces changements, et les engager dans l'urgence, le moratoire prend tout son sens. Rappelons que François Hollande a promis qu'il « veillerai(t) à ce que chaque migrant, quelque soit sa situation, soit traité avec dignité, dans le respect de ses droits fondamentaux. »3

Pourtant, localement, des cordes grincent. Chronique tourangelle.

Depuis deux jours, le quartier du Sanitas a vu se former un campement de familles expulsées du foyer Dolbo et de la Nuitée. 21 personnes dorment sous tentes, dont plusieurs enfants et deux nourrissons de deux et cinq mois. Tours-Habitat, anciennement l'OPAC, propriétaire du bâti du Sanitas, a envoyé hier un avis d'expulsion du campement. Qui retrouve-t-on à la présidence de Tours-Habitat ? Jean Germain, le maire socialiste de la ville de Tours.

La population et les différentes organisations militantes sont, évidemment, appelées à soutenir les familles en se rendant sur place derrière les locaux de Chrétiens-Migrants, et éventuellement créer le rapport de force lors de l'expulsion policière.

Parallèlement, 4 familles en demande d'asile, hébergées au CADA (Centre d'Accueil des Demandeurs d'Asile) comparaîtront jeudi 7juin au Tribunal d'Instance de Tours dans le cadre d'un « référé-expulsion ». Cette requête d'expulsion a été formulée par ADOMA, l'entreprise en charge du CADA, qui se targue du slogan « l'insertion par le logement ». Si le tribunal estime que qu'ADOMA est dans ses droits de mettre dehors quatre familles (dont de très jeunes enfants) demandeuses d'asile, celles-ci rejoindront le cortège funèbre des 21 personnes du campement du Sanitas.4

Rappelons seulement que l'expulsion d'un logement, dans le droit français, doit être accompagnée systématiquement d'une proposition de relogement. Il est ILLEGAL de mettre des familles à la porte sans leur proposer d'alternatives à la rue.

Les ntéressés sont appelés à un rassemblement le 6 juin à 18h à la Maison pour Tous de Joué-les-Tours et le 7 juin devant le Palais de Justice de Tours à 10h15.

Si les familles n'obtiennent pas gain de cause, le personnel du CADA appelle à la Création d'un Comité de Vigilance qui se réunirait pour empêcher l'expulsion des familles par les forces de police.

On lâche rien.

1 http://danactu-resistance.over-blog.com/article-appel-de-la-ldh-sarkozy-entre-le-mauvais-et-le-pire-103744697.html

2http://www.educationsansfrontieres.org/article42778.html

3http://www.educationsansfrontieres.org/article42778.html

4http://nagerentredeuxchaises.wordpress.com/2012/05/30/a-tours-solidarite-autour-des-migrants/


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