Les beaux jours de nos aînés
par Styria
mercredi 17 décembre 2008
Pour reprendre un sujet récent, pourquoi cette haine des vieux. Ils auraient tout ce que nous n’avons pas : le logement, l’argent, le temps et le bonheur.
Que nous n’avons pas, ou que nous n’arrivons pas à obtenir. Du moins, facilement.
La comparaison peut sembler facile : le logement, ils l’ont, soit par héritage, soit parce qu’un héritage leur a permis d’acheter ou d’emprunter, soit par économie. Parce que le logement manquait, certes, mais les prix de l’immobilier étaient moins déconnectés des salaires actuels.
L’argent, parlons-en, est le nerf de la guerre : pour devenir propriétaire d’un logement moyen dans une grande ville de France, (ville bassin d’emplois), les emprunts se font à 30-35 ans. Pendant lequel vous n’avez pas intérêt à avoir de gros pépins, ni d’enfants, ni de désirs de vacances lointaines. L’argent, donc, qui ne devrait être qu’un moyen au bonheur, devient au coeur de nos préoccupations quotidiennes.
Et là est le danger : nos aînés, nous les jalousons car ils ont les moyens d’aller à leurs fins, alors que nous ne faisons que courir après ce moyen, l’argent.
Ce que nous jalousons, c’est leur confort matériel. Ils ont du temps, peuvent faire leurs courses en semaine, aller à la Poste tous les jours, sans faire la queue, cette fameuse Poste où 90% des actifs se retrouve agglutiné le samedi matin de 8h à 12h.
Nous jalousons leur tranquillité, et pensons qu’ils nous coûtent chers, avec leurs retraites, amputées sur nos salaires, (avec une part proportionnelle plus importante qu’ils n’ont versée), avec leurs problèmes de santé (et nous commençons presque à maudire les progrès de la médecine).
Nous les trouvons chanceux ; car, après tout, ils ont hérité plus jeunes que nous et nous empêchent d’accéder à la propriété.
Cela faisant, nous oublions complètement qu’ils ont vécu la guerre et la reconstruction. Une détresse morale, que nous ne pourrons jamais comprendre, nous qui sommes des moutons gâtés de cette société de consommation où tout nous est dû.
Il me semble qu’à travers tout ça, nous en oublions le principal, le sens de la vie. Nos parents et grands-parents ne sont pas là que pour nos donner nos chèques de Noël, mais ils sont nos valeurs morales. Ils nous ont apporté notre éducation, nous ont permis de grandir dans un cadre construit : et même si nous critiquons aujourd’hui ce qu’ils nous laissent et notre avenir ; nous oublions qu’ils n’ont pas eu que des beaux jours.
Jalouser un confort matériel est vain, c’est le sens de notre existence, pour nous-mêmes et pour les autres que nous devons rechercher. Confronter les classes les unes aux autres ne fera que contribuer à la fracture sociale existante, qui malheureusement, en ces temps de crises et de licenciements (ne soyons pas aveugles) risque d’évoluer en une déchirure profonde, s’exprimant essentiellement par la rue (grave conséquence d’absence d’une opposition politique forte).
Réconcilions-nous pour transformer les valeurs économiques et sociales et retrouver les valeurs humanistes, qui doivent être celles de l’homme.