Les étudiants ont le moral !

par Agoracampus
mercredi 18 mars 2009

Une génération à la fois lucide et optimiste : voilà la tendance qui ressort du baromètre étudiant réalisé par l’IFOP pour Agoracampus.com, Vie Universitaire et la MAIF. L’étude porte sur un échantillon de 1013 étudiants, interrogés via des questionnaires auto-administrés en ligne, entre le 24 et le 26 février 2009.
S’il confirme des tendances déjà observées dans d’autres études, le "baromètre étudiant" bouleverse aussi quelques idées reçues, notamment sur les relations familiales, le regard que portent les étudiants sur l’avenir et, d’une façon générale, sur leur moral.

Conscients des problèmes, et notamment des difficultés sociales et économiques, les étudiants se montrent tout de même confiants et prêts à se battre pour leur avenir.

Des étudiants heureux, lucides et confiants

59 % des étudiants affirment que leur moral est bon.
Ce résultat va à l’encontre de certains a priori, parfois à la limite du misérabilisme, tenu sur les étudiants. En réalité, la majorité d’entre eux va bien, 30 % disent avoir moyennement le moral, et seul un étudiant sur dix confie que son moral est mauvais.
Mais cela ne les empêche pas de se sentir stressés pour les trois quarts d’entre eux.
Rappelons toutefois qu’il ne s’agit pas là d’une spécificité des étudiants : le stress concerne toutes les catégories de la population française, et notre enquête montre que les étudiants ne sont pas à l’abri de ce phénomène.

Six étudiants sur dix considèrent que leur situation financière est correcte ou facile.
Comme on pouvait s’y attendre, cette proportion est fortement liée à la catégorie sociale : 54 % des enfants d’ouvriers et 44 % des enfants d’employés estiment leur situation financière difficile, contre 29 % des enfants de cadres et professions libérales, et 34 % des enfants d’artisans et de commerçants.

Mais comme pour l’ensemble de la population, l’emploi et le pouvoir d’achat sont les principales inquiétudes des étudiants aujourd’hui.
Placés en tête des problèmes les plus importants aujourd’hui pour la France, l’emploi est cité par 56 % des étudiants et le pouvoir d’achat par 46 % d’entre eux. En troisième position, l’éducation et la recherche préoccupent davantage les étudiants que le reste de la population.

Et 47 % des étudiants s’attendent à ce que la situation économique et sociale s’aggrave et 39 % pensent qu’elle va s’améliorer. Plus les étudiants se trouvent dans une situation financière difficile, plus ils se montrent pessimistes sur cette question.
Malgré les difficultés économiques et sociales, les étudiants envisagent l’avenir avec sérénité et espoir : 80 % des étudiants pensent trouver un emploi qui corresponde à leurs études et à leurs qualifications.

Même si seuls 29 % en sont vraiment certains, ils restent majoritairement confiants sur leur avenir professionnel. Ce résultat est à relier au fait que 63 % des étudiants ont le sentiment que leur formation et leurs compétences leur permettront d’avoir une situation satisfaisante dans le futur. On note cependant des différences d’une filière à l’autre : ainsi, les étudiants en médecine ou pharmacie sont deux fois plus confiant sur cette question que ceux inscrits en lettres et sciences humaines.
60 % des étudiants estiment qu’ils auront une situation professionnelle meilleure que celle de leurs parents, ou en tout cas l’espèrent puisque 41 % d’entre eux qualifient cette éventualité non pas de certaine mais de probable.


Ainsi, l’espoir d’ascension sociale est encore assez répandu, notamment parmi les étudiants issus des milieux populaires : les enfants d’ouvriers qui ont une attente très forte dans ce domaine (80 %), alors que les enfants de cadres et de professions libérales se montrent cependant plus prudents (46 %).

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De bonnes relations avec la famille

Le baromètre révèle l’importance de la sphère familiale pour les étudiants.
85 % des étudiants affirment entretenir de bonnes relations avec leurs parents, et ils sont même 47 % à les qualifier de très bonnes.
Une forte majorité d’étudiants partage ce sentiment, quelle que soit la catégorie sociale considérée. Ce résultat est évidemment à mettre en relation avec le bon moral des étudiants.

44 % des étudiants habitent chez leurs parents ou un membre de leur famille.
Les disparités observées sont ici liées à l’âge : plus les étudiants vieillissent, plus ils prennent leur indépendance, mais mieux ils s’entendent aussi avec leurs parents. La situation géographique explique également les écarts, de 29 % dans le sud-ouest, jusqu’à 63 % en région parisienne. Notons enfin que seuls 12 % des étudiants habitent en résidence universitaire.

L’argent donné par les parents constitue leur principale source de revenus, citée par 70 % des étudiants.
Ce soutien financier découle des bonnes relations qu’entretiennent les étudiants avec leur famille. Il est logiquement plus important dans les classes supérieures et concerne 83 % des enfants de cadres supérieurs ou de membres de profession libérale, contre 53 % des enfants d’ouvriers (par ailleurs peu représentés dans l’enseignement supérieur).

Seconde source de revenus, le travail est cité par 48 % des étudiants, avant les bourses et autres aides publiques de l’État. D’après notre étude, les deux tiers des étudiants ont un emploi mais seul un tiers d’entre eux travaille tout au long de l’année.
Parmi ces derniers, ils sont 70 % à exercer un emploi en relation assez étroite avec leur formation, ou à trouver un intérêt professionnel à cet emploi, même s’il n’a pas de lien avec leurs études. Ainsi, au total, un étudiant sur dix travaille pour des raisons alimentaires.

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Satisfaits de leurs études, ils restent tout de même critiques sur le système éducatif

Neuf étudiants sur dix se disent satisfaits de leurs études.
Les résultats font apparaître quelques écarts selon le type d’études : le taux de satisfaction des étudiants de classes préparatoires et de grandes écoles culmine à 95 %, tandis qu’à l’autre extrême il se maintient à 73 % pour les étudiants de STS.

52 % des étudiants français estiment que le système éducatif joue un rôle d’ascenseur social.
Ce résultat reste toutefois à nuancer puisque seuls 12 % en sont vraiment convaincus.
Cependant, 59 % des étudiants estiment avoir été mal informés pour choisir leur inscription après le bac.
Ce pourcentage est plus élevé à l’université (61 %) qu’en classes préparatoires ou dans les grandes écoles (49 %). La raison très massivement invoquée est la difficulté d’accéder aux bonnes informations et aux bons interlocuteurs.

56 % des étudiants jugent que le système éducatif actuel n’est pas satisfaisant.
Ce sont les étudiants inscrits dans les premières années à l’université qui se montrent le plus sévères.
Il est intéressant de noter que les étudiants en IUFM sont les plus positifs sur le système éducatif, et même les seuls à en être majoritairement satisfaits (58 %). Il faut dire que les futurs profs ont souvent été de bons élèves sans problème… Confiants dans ce système, ils croient davantage que les autres étudiants (62 % contre 52 %) que celui-ci peut jouer un rôle d’ascenseur social. Presque unanimement satisfaits de leurs études (95 %), seule une petite moitié d’entre eux apprécient les modalités de l’enseignement qui leur est proposé.

Pour que les choses changent, 61 % des étudiants sont prêts à se mettre en grève.
Des actions qui demandent moins d’implication sont encore mieux accueillies par les étudiants, comme signer une pétition ou se mobiliser sur Internet : 83 % et 68 % des étudiants envisagent de le faire.
En revanche, seuls 31 % d’entre eux pensent à militer dans un parti ou un syndicat. Il faut dire que les étudiants sont en général peu impliqués sur le plan politique.

Ainsi la majorité des étudiants estiment pouvoir réussir à s’épanouir et trouver leur voie, même s’ils restent critiques vis-à-vis du système éducatif et sont conscients des difficultés sociales et économiques.
Cependant, comme le souligne Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion et Stratégies d’entreprise au sein de l’Ifop, « il faut faire attention à ce qu’il ne s’agisse pas là d’espoirs déçus. Car si les étudiants se rendent compte que le système scolaire dans lequel ils croient encore fortement, ne fonctionne pas, cela peut déclencher des réactions difficiles à gérer. »

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