Les Français négligent leur éducation

par Didier Cozin
samedi 26 mars 2016

La France néglige son éducation et l'institution censée former les jeunes leur apporte souvent un piètre accompagnement

Les Français n'aiment pas changer, se croyant invulnérables et bénis des dieux (un beau pays, une place centrale en Europe, une nature généreuse, une histoire riche et ancienne) ils négligent de prendre soin de leurs compétences, de leurs apprentissages et de leur éducation.

L'école ne fait globalement plus son travail

Le constat est unanime et partagé dans toutes les entreprises, attesté par tous les indicateurs internationaux : l'école française ne fonctionne plus correctement (à l'instar de la plupart de nos institutions mais avec des conséquences bien plus redoutables).


Depuis une quarantaine d'années (l'après 68) l'école s'est transformée en une quasi garderie sociale pour les enfants du peuple.

L'affaissement de l'école a été progressif, continuel et il est peut-être devenu irréversible

- l'école française est une des plus inégalitaires des pays développés  : comme dans une auberge espagnole celui qui apporte beaucoup (riche terreau culturel ou familial) peut encore tirer son épingle du jeu via les établissements d'élite des centres ville. Les autres doivent se contenter d'une école garderie sans ambition autre que celle de passer le temps

- L'école française est inadaptée au monde contemporain des réseaux et à la société de la connaissance : un monde figé via des modèles hérités de Jules Ferry (où quelques PC dans une salle tiennent lieu de révolution pédagogique)

- l'école française est devenue une institution paresseuse où les loisirs, les vacances, les ponts et congés sont devenus les fondations du temps scolaire (l'école a externalisé une grande partie de l'éducation sur les familles, se contentant d'endosser le titre, galvaudé mais historique, d'éducation nationale)

- l'école est largement coupée du monde du travail et des entreprises. Dans la foulée de mai 68 s'est développé (progressivement) une institution qui lévite hors des contingences du monde du travail (les enseignants ne connaissant guère les entreprises, snobant le travail manuel ou tentant de ranimer une lutte des classes éteinte depuis la chute du mur de Berlin)

- l'école française est devenue l'ombre de celle des lumières et des hussards noirs de la troisième République. Elle n'intègre plus, elle ne transmet plus guère, elle ne fait plus sens pour une grande partie de la jeunesse qui oscille entre le rejet pure et simple (30 % aujourd'hui de décrocheurs), le bachotage (on apprend par cœur pour l'examen sans envie de comprendre) ou l'abêtissement collectif (le formatage et le conformisme des esprits via des diplômes dépassés dans un monde qui réclame désormais flexibilité, adaptabilité, créativité et innovation).

L'école est largement responsable (même si elle n'est pas la seule) du déclin de notre pays, de sa compétitivité en berne, de son modèle social financé à crédit et enfin de ses impasses institutionnelles (un monde politique et des institutions figées où l'on ment éhontément tout en vivant très confortablement).

Pour remettre le pays sur les rails il faudra donc aborder un jour sérieusement la mère de toutes les batailles et des réformes, celle de l'Etat et notamment celle de notre école devenue un spectre éducatif au service des seules familles éduquées.


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