Les Français sont-ils condamnés à être mauvais en anglais ?

par Julie.caron
samedi 3 août 2013

S’il y a une chose dont les français sont fiers, c’est bien la langue de Molière. Difficile donc d’y toucher et de les convaincre de l’importance de l’apprentissage de langues étrangères, en particulier l’anglais, quand on sait que le français est la langue officielle dans 38 pays. Et même si les jeunes générations sont de plus en plus concernées par l’apprentissage de l’anglais, la France reste mauvais élève en la matière.

Alors que seulement 14% des élèves français interrogés lors d’une étude de la Commission Européenne prétendaient pouvoir s’exprimer en anglais dans la vie courante, le lancement du débat sur la loi Geneviève Fioraso a fait la une des journaux il y a quelques semaines. La ministre souhaitait faciliter le développement de l’enseignement en anglais à l’université en assouplissant la loi Toubon de 1994 qui spécifie que « la langue de l’enseignement est le français ». C’est désormais chose faite, puisque la loi Fioraso a été adoptée en seconde lecture par l’Assemblée nationale le 9 juillet. Selon la CGE (Conférence des Grandes Ecoles), entre un quart et un tiers des cours en grandes écoles sont dispensés dans la langue de Shakespeare. Alors que l’enseignement en anglais dans les autres pays d’Europe non-anglophones est une habitude, en France certains observateurs ont peur d’une marginalisation de la langue française avec cette loi.

Mais quel est le niveau d’anglais des français ?

Selon une étude EF EPI réalisée en 2012 dans 54 pays, la France se place en 23e position pour la pratique de l’anglais, loin derrière les pays nordiques comme la Suède en 1e position, l’Allemagne en 9e ou encore l’Espagne en 18e position.

Ce mauvais classement est dû à une formation et des techniques d’enseignement qui privilégient la mémorisation et la grammaire aux dépens de la pratique. Un manque de professeurs natifs anglophones et des classes surchargées n’ont pas favorisé l’amélioration du niveau d’anglais des élèves.

Pourtant, les français sont de bons débutants en anglais. Selon une étude de l’OCDE de 2012, pour les enfants de 7-8 ans, 6,2% du planning scolaire est réservé à l’apprentissage d’une langue vivante étrangère. C’est plus qu’en Norvège et en Allemagne. Plus l’élève passe les années scolaires, plus ce temps augmente mais moins que dans les autres pays européens. Le retard se ferait donc avant l’entrée en université.

Mais ne pointons pas du doigt uniquement le système éducatif français, même s’il garde une grande part de responsabilité dans cette histoire. En regardant de plus près les facteurs socioculturels, on comprend qu’ils ont joué un rôle important dans notre manque d’enthousiasme pour les langues étrangères. Il y a moins d’un siècle, la langue française dominait encore l’occident et a pendant longtemps contrôler le monde intellectuel. Mais l’Histoire a changé la donne. La fin de la première Guerre Mondiale et la signature du traité de Versailles en français et en anglais ont permis, à cette dernière, de devenir la langue internationale par excellence. Mais apparemment, la France a encore du mal à accepter cette évolution, ce qui expliquerait notre hostilité face aux langues.

Comment rattraper le retard des français ?

Heureusement il existe, aussi bien pour les étudiants que pour les professionnels, des solutions pour progresser en anglais. La principale, et la plus efficace, est de partir à l’étranger. A titre d’exemple, selon la Commission Européenne, le programme Erasmus a permis à plus de 2,5 millions d’étudiants européens de partir étudier à l’étranger dans un établissement d’enseignement supérieur. Mais tout le monde n’a pas les moyens financiers pour un tel voyage.

Une autre solution moins coûteuse et qui se développe fortement en France est le e-learning. De plus en plus d’établissements proposent d’apprendre les langues en ligne et la croissance des équipements numériques dans les ménages favorisent ce type d’enseignement.

La croissance de ce secteur, arrivée timidement en France, pourrait changer la donne d’ici quelques années pour rattraper nos voisins européens.


Lire l'article complet, et les commentaires