Les Indignés ont tenté de prendre la Bastille
par Prometheus
mardi 31 mai 2011
Ce dimanche 29 Mai un appel à la solidarité au mouvement espagnol "Los indignados" a été lancé. Des milliers de personnes étaient attendus à la place de la Bastille. Ce mouvement apolitique, et non structuré a été lancé à travers les divers réseaux sociaux.
Interrogation ? Mais où sont les indignés ? Je me tourne vers la colonne de Juillet, personne ? Je me dis que la place est grande, et les bâtiments du marché des antiquités me bouchent la vue. Et c'est deux rues traversées plus loin que je trouve mes indignés. Ils se sont tous installés à coté des grandes marches, un bon millier de personnes.
Comme un Sarkozy en campagne je me jette dans la masse, et je comprends vite pourquoi les indignés n'étaient pas visibles, un cordon de CRS habillés en kevlar les retient, et les empêche d'atteindre la colonne de Juillet. Un homme lance "Prenons la Bastille", et nous ordonne d'avancer vers la colonne. Mais les CRS nous repoussent. On nous crie de nous asseoir mais nous sommes forcés de nous lever. C'est alors qu'une bonne dizaine de camions de gendarmerie débarquent et forment un arc de cercle derrière le cordon de CRS, nous empêchant de rejoindre la colonne.
Etonnant, en moins de cinq minutes nous avons été refoulés, et les camions nous bouchent l'accès. Je comprends mieux pourquoi Michèlle Alliot Marie se vantait de l'efficacité de la police française. Bon je reste dans la masse, je regarde, j'écoute, des dialogues anti-capitalistes commencent. Non loin une cantine, une tente, et des dizaines de pancartes un peu partout. Je regarde, accroché sur un réverbère, le programme de la journée :
14h00-16h00 : Concert
16h00 - 18h00 : Débat
18h00 - 20h00 : Percussions
20h00 : Assemblée Générale
Curieux de voir si le mouvement a pu essaimer ailleurs sur la place, j'en fais le tour et laisse les indignés à leurs débats. Je traverse la rue, et constate qu'un deuxième marché a lieu. Je me dis que c'est quand même bien fait, il n'y avait qu'un seul espace où nos indignés pouvaient aller. Je continue, je regarde dans une rue d'à coté, un groupe fait des percussions devant une banque, quelques CRS à coté d'eux. Quand j'arrive à l'extrémité opposé d'où se trouve les indignés, je constate que les gens sont au terrasse des cafés comme si de rien était, on entend même pas les slogans. Quelle efficacité ! Puis je reviens vers les grandes marches.
Nos indignés ont décidé de s'asseoir pour écouter des intervenants crier leur ras le bol dans un micro au son aléatoire. La fin de nos services publics, le ras le bol du Sarkozysme, le non à l'oligarchie en place, le soutien au mouvement espagnol, l'arrêt au fichage de masses, l'appel à la révolution. Certains se font siffler en précisant qu'ils appartiennent à tel groupe politique. Même les anarcho communistes révolutionnaires ne récupèreront pas ce mouvement apolitique. Tant mieux je me dis.
Je les écoute pendant quelques heures, je les vois applaudir les mains levés, en les tournant, crier lors d'interventions énergiques. Ils rient, se lèvent, chantent. Ils ne sont pas tous jeunes, pas tous blancs, il y a un vrai melting pot d'âges, de sexes, de races. A coté de moi, j'entends de l'espagnol, je me tourne et vois un reporter devant une caméra expliquer ce qui se passe. D'autres caméras sont là, ici et là, des appareils photos nombreux. Nous sommes filmés, et passons sur un écran géant Dieu seul sait où...
Finalement je décide de les quitter toujours par curiosité en me demandant si un appel a eu lieu place de la République, je profite donc d'une pause dans leur débat pour partir. Je prends le métro, et je vais à la place de la République. Malheureusement, il n'y a personne. Je me suis emballé. Pas grave, j'ai aimé voir des gens s'indigner, et le dire. Les indignés parlaient d'installer un village à la Bastille, en rentrant chez moi je me demande si demain je les reverrai ?