Les masculinistes, une menace pour les droits des femmes et des enfants

par Ceri
jeudi 17 janvier 2013

Parlons du masculinisme, et des dégâts collatéraux du masculinisme. Je n’ai entendu ce mot que très récemment, et ceux qui en parlent sont alarmés. Je me suis donc penchée sur la question, et en effet il y a de quoi être alarmé. Le masculinisme est une tendance politico sociale qui voit un complot féministe partout, et qui a pour but de revenir au Moyen Age, du moins en ce qui concerne les droits des femmes. Mais, il s’agit aussi d’un retour au Moyen Age en ce qui concerne les droits des enfants. Posons-nous donc quelques minutes pour cerner ce phénomène des plus dangereux.

Le principal argument des masculinistes est de dire qu’ils sont victimes des femmes, qui veulent toujours plus de droits, et qui piétinent les hommes, d’ailleurs elles sont très violentes avec eux, ces pauvres petits choses si fragiles : elles les poussent au suicide[1]. Les masculinistes disent, à l’instar du mouvement de la condition masculine, « Non à la culture de la victimisation de la femme ».

Comme Cro Magnon alias Eric Zemmour[2], certains parmi ces masculinistes veulent décider eux-mêmes de l’avortement[3], de la contraception des femmes car celles-ci se montrent irresponsables. Les mêmes arguments que lorsque les femmes ont réclamé le droit de vote ou le droit d’avoir leur propre compte en banque et de gérer leurs propres biens (1965 en France)… Et pour eux, un conjoint violent reste un bon père[4].

Sauf que : plus de 95% des criminels sexuels sont des hommes (d’après les chiffres officiels un peu partout[5]), 90% des conjoints violents sont des hommes. En 1998, Martin Dufresne, membre du Collectif masculin contre le sexisme, analysant le discours masculiniste aux États-Unis et au Canada, constatait que le masculinisme place les hommes en position de victimes et d'opprimés pour mieux justifier « de nouveaux modes d'exercice de l'oppression des femmes par les hommes, en exploitant un discours libertaire ». Il montre comment l'activité de lobbying et le discours du mouvement, centré sur la sphère familiale, a des effets sur les législateurs et sur la criminalité sexiste

Il y a donc en effet une raison pour que les lois protègent spécifiquement les femmes et les enfants. Ca semble banal de le dire, mais pour certains il faut remettre l’église au milieu du village. Des sociologues ont analysé que les masculinistes ne tiennent compte que des hommes et de l’histoire des hommes, comme si les enfants et les femmes étaient quantité négligeable, ou comme s’ils n’étaient que des entraves aux droits des hommes.

Le terme masculinisme a été diffusé en France par la philosophe Michèle Le Doeuff, qui considère que le masculinisme, c’est finalement tout ce qui est centré uniquement sur les hommes et leurs petits intérêts. Car, même si ça ne nous saute pas aux yeux, eux se sentent lésés !

Depuis, le masculinisme et sa vision paranoïaque de la société se sont répandus un peu partout y compris à l’extrême droite (discours ultra conservateur oblige), chez les pédophiles et autres misogynes, qui noyautent la Justice, les associations de pères, la protection de l’enfance, la psychologie et même la psychiatrie. Ils recrutent sur les campus, comme la Canadian Association for Equality et mènent des actions coup de poing contre les femmes. Pour eux, il convient de réduire les droits des femmes, y compris leur propriété sur leurs corps, pour satisfaire ses messieurs. Revenons donc à la bonne vieille famille patriarcale, au moins les bonnes femmes ne se feront plus entendre…

Hélène Palma a bien précisé les choses : « Il est très important ici de souligner que les groupes de défense des droits des pères ne se sont jamais placés sur le plan de la réflexion constructive sur les problèmes de société qu’ils soulignent : ils ne se sont pas intéressés aux raisons profondes expliquant l’augmentation des divorces, ont très rarement abordé la notion de violence intra-familiale, celle de domination masculine ou encore celle de travail parental. Pour le dire autrement, il apparaît assez clairement que l’objectif de ces regroupements n’a jamais été la réflexion politique sur des questions de société mais la revendication pure et simple »

 

La propagande

Les premiers regroupements d’hommes ont eu lieu quand les suffragettes demandaient à voter. Il y avait alors aux USA des « bureaux de la famille », qui faisaient une propagande anti femmes, déclarant qu’elles étaient inaptes à voter. Et cette propagande se fait une place de plus en plus grande dans nos médias et donc dans l’opinion publique. Certains parlent d’ « un lobby d'incitation et d'appui à la criminalité sexiste  »

Le mot masculinisme a été vu dès 1930 dans la presse US. Dans l’article « The New Masculinism », Lillian Symes analysait l’attitude antiféminine de nombreux hommes en réaction à la vague des suffragettes. Elle écrivait « nous voici condamnées à un mouvement masculiniste (…) qui jouit du privilège de faire porter le blâme à l’avancement de la Femme pour toutes les difficultés et les problèmes que vivent les hommes et les femmes dans le monde moderne ».

Dans les années 50, toujours aux USA, des hommes contraints de verser une pension alimentaire ont commencé à protester. Dans les années 70, ils se sont davantage axés que les questions de garde des enfants. C’est en restant sur ce créneau larmoyant que les masculinistes se sont attiré la sympathie de l’opinion publique.

Au Québec dans les années 80, des groupes de parole ont été mis en place, afin qu’ils parlent de leur « détresse » par rapport aux revendications des femmes, notamment dans le couple. Mais, Martin Dufresne, qu’on a déjà cité plus haut et qui a été voir dans ces groupes de parole, a constaté que : « La ‘parole d’homme’ y était cependant strictement balisée puisque étaient interdits toute objectivité ou tout acquiescement aux dires des femmes, toute reconnaissance de torts sexistes infligés par les hommes ».

Le but est de travailler les mentalités, de faire de la propagande. Et pour cela, les médias sont au taquet avec des dossiers sur le « malaise masculin » (Elle, le 8 mars 2003) ou des articles comme « Y a-t-il un sexisme anti hommes » (Elle, août 2012), ou encore « Le masculinisme, ou la revanche de la 'virilité' » (Ouest France, 2010), ou des reportages sur les pères privés de leurs enfants suite à des accusations d’agressions sexuelles (Envoyé Spécial, en mars 2003) sans qu’on cherche à vérifier le fondement de ces accusations.

Au Québec, le groupe de défense des « pères » l’Après Rupture se balade avec un camion sur lequel est écrit « 300.000 femmes battues, y avez-vous cru ? ». Cela fait partie de la minimisation indispensable des violences familiales, qui sont le fait des hommes dans la grande majorité des cas. Sauf que ce chiffre est bien réel : en 1993, 12% des femmes ont dit avoir été victimes de violence d’un conjoint. Il y a 2,5 millions de femmes au Québec, cela fait donc 300.000 femmes victimes.

D’un autre côté, eux qui déclarent sans vergogne que 98% des enfants mentent quand ils dénoncent des abus sexuels au moment d’une séparation, remettent en cause les chiffres officiels des viols, violences, harcèlement et autres joyeusetés. Ainsi, le mouvement de la condition paternelle estime dans un article intitulé « les violences conjugales : une réalité largement maquillée » que les femmes considéraient comme des violences de simples « déceptions amoureuses », des « Contrariétés en tous genres », ou un « simple non du mari à une dépense ou bien à une demande extravagante »…

Et d’ajouter « Certains considèrent ceci comme des violences conjugales et contribuent à gonfler considérablement et artificiellement les chiffres. Il suffit donc de "présenter" ces chiffres avec un "savoir-faire typiquement féminin de la communication", ce en quoi les femmes sont passées expertes  ». Pour eux les femmes ne sont pas des victimes, elles sont leurs égales. Dans l’idéal, certes, mais concrètement et globalement, il est absolument impossible de dire cela.

On a d’autres mouvements qui rejoignent les mêmes préoccupations que les masculinistes, comme l’hominisme, qui se veut anti sexiste et part aussi du pré supposé que les femmes ont tous les droits, contrairement aux hommes. Les « anti sexistes » sont dans la même mouvance, en niant les inégalités entre hommes et femmes, et en demandant les mêmes droits. Ils ne demandent par contre jamais les mêmes devoirs.

Les attaques des masculinistes ne sont pas seulement médiatiques, mais aussi législatives : leur but est de réduire au maximum les peines encourues par les « pères », c’est-à-dire les maris et /ou pères violents, abuseurs etc.

L’un des grands enjeux pour les masculinistes est l’éducation, bien trop inégalitaire. Il s’agit donc de favoriser l’égalité des garçons et des filles dans les résultats scolaires. C’est amusant, alors qu’on sait que les écoles mixtes sont défavorables aux filles, et qu’en plus celles-ci ont du s’adapter à une éducation faite par et pour les hommes durant des siècles, aujourd’hui qu’ils commencent à être battus à leur propre jeu, ces messieurs les misogynes veulent en changer les règles.

Car, si les filles réussissent mieux à l’école, elles risquent aussi de rafler les meilleurs emplois… Même si dans ce domaine, il reste encore une sacrée marge au "sexe fort". Quoi qu’il en soit, dans l’article « La réussite scolaire comparée selon le sexe : catalyseur des discours masculinistes », des chercheuses expliquent que la question des résultats scolaires, essentielle pour les masculinistes, vise en réalité à pénaliser les femmes. D'après la théorie masculiniste, les hommes sont victimes de discriminations dans le domaine scolaire[6] où les femmes auraient le pouvoir, du moins à la maternelle. C’est ainsi qu’en Angleterre, un ministre veut établir une loi favorisant les hommes blancs des milieux populaires pour intégrer les universités, qu’ils désertent.

Pour Hélène Palma, l’avenir des femmes en tant qu’individus autonomes est des plus compromis. Elle prévient « A long terme, on peut prédire que les femmes risquent de se heurter à des difficultés grandissantes pour pratiquer un avortement sans demander son avis au futur père. Nos filles devront peut-être un jour obtenir l’accord de leur conjoint pour se faire prescrire une pilule contraceptive ou la pose d’un stérilet ». Et je pense aussi que dans leur « lutte pour leurs droits », ces hystériques de la virilité ne s’arrêteront jamais, il leur en faudra toujours plus, leur besoin de contrôle est insatiable.

Déjà, on les voit se plaindre de « paternités imposées  » par des femmes –forcément- intéressées (rappelons que le préservatif n’est pas fait pour les chiens et que des pilules existent aussi pour les hommes, de même que la vasectomie, mais passons), paternités assimilées à « une violence faite à des hommes exclusivement  » (et pour cause, ils ne tombent pas encore enceinte). Ils n’évoquent jamais la violence faite aux femmes qu’est l’abandon lorsqu’elles tombent enceintes, par exemple. Pour l’instant, le groupe « La Cause des Hommes » réclame « seulement » le droit de ne pas reconnaitre l’enfant s’ils n’étaient pas d’accord. On imagine que les rétractations seront difficiles à prouver si monsieur change d’avis en cours de route.

Enfin, ce groupe se félicite que le parlement Suisse ait refusé une loi qui aurait permis aux femmes de transmettre aussi leur nom à l’enfant qu’elles ont porté.

 

Quelques figures du masculinisme

Parmi les militants misogynes, on a par exemple le très prolixe Yvon Dallaire, canadien qui affiche les titres de « psychologue, sexologue et auteur », et est président d’honneur du Congrès International Paroles d’Hommes ». Son créneau, c’est le bonheur dans le couple.

Il a publié dans des revues comme Option Santé ou Psychologies magazine, mais a aussi écrit des livres : « Guérir d'un chagrin d'amour » (2007), « La sexualité de l'homme après 50 ans » (2007), « La violence faite aux hommes, Une réalité taboue et complexe » (2002), et quand il s’emporte un peu « Homme et fier de l'être. Un livre qui dénonce les préjugés contre les hommes et qui fait l'éloge de la masculinité » (2001), « Chéri, parle-moi... Dix règles pour faire parler un homme » (1999, on notera qu’il n’a pas songé à faire le même manuel pour les hommes). Au début de sa carrière, Dallaire était bien plus virulent, semble-t-il, avant d’adopter une stratégie de communication plus vicieuse. De la pure défense des intérêts masculins, il a choisi de s’occuper des couples. Ce qui n’est pas rassurant.

On dirait bien que les masculinistes, autrefois orientés uniquement sur les hommes et leurs problèmes, prétendent aujourd’hui agir au nom de la famille (comme au XIX e siècle) et même des enfants. Dallaire minimise les conséquences de l’inceste, qui serait une maltraitance banale.

Parfois, les masculinistes ne sont pas là où on le croit. Ainsi, Elisabeth Badinter écrivait en 2005 dans l’Express que « dans la plupart des cas, incantations et travaux mélangent tous les types de violence conjugale, celle des poings et celle des mots. C'est l'addition à laquelle s'est livrée la seule étude sérieuse menée en France sur ce sujet, l' « Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France » (Enveff), rendue publique en 2001. De ses conclusions est sorti un « indice global » de la violence conjugale : 10% des femmes s'en déclarent victimes. Ce chiffre effrayant et la terminologie utilisée occultent le fait que les trois quarts de ces « violences » sont des agressions psychologiques ». Et de revendiquer des études sur les violences contre les hommes, d’affirmer que « la guerre conjugale se pratique à deux », de dénoncer les chiffres des violences aux femmes exagérés à outrance…

Eric Verdier, psychologue qui fait mine de s’investir dans la cause des gays (et pas des lesbiennes évidemment), et s’est présenté aux « Journées romandes de réflexion et d’action sur la prévention du rejet basé sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre chez les jeunes », mais les féministes présentes ont refusé qu’il intervienne. Il a lancé le Manifeste citoyen pour les garçons, les hommes et les pères et s’investit aussi le champ de la psychiatrie et est chercheur responsable du pôle discrimination, violences et santé à la Ligue française pour la santé mentale, pour laquelle il donne des formations. A ce titre, il est un grand défenseur de la « coparentalié » après les séparations.

Il est d’ailleurs président de l’association « coparentalité » devenu « Les papas = Les mamans », groupuscule qui affirme : « Le monde du travail : des disparités qui chargent l’assignation des femmes à l’enfance... et se « justifient » par la maternité ». Et bien sûr, pas question de compenser les pertes d’années de travail liées aux maternités en donnant une retraite pour ces années-là. Verdier est aussi « chargé de mission » à la Ligue des droits de l’homme, et travaille sur « les discriminations faites aux hommes et aux pères » pour la Ligue française de santé mentale. Verdier fait aussi du lobbying en s’adressant directement aux parlementaires, par exemple.

Daniel Welzer-Lang, sociologue « en étude des genres » spécialisé dans l’identité masculine, il se dit « pro féministe » et a lancé en Europe le mouvement européen d’hommes pro féministes. Il a beaucoup écrit sur la violence conjugale avant de commettre un nouveau bouquin en 2009 : « Nous, les mecs  », dans lequel il parvient à victimiser jusqu’aux maris violents. Vaste programme. Il y a aussi eu un scandale quand Welzer Lang était en passe de devenir prof de sociologie à l’université de Toulouse[7]. Huit enseignantes et féministes ont alors dénoncé des accusations d’abus sexuels contre Welzer Lang : « À plusieurs reprises, D. Welzer-Lang a été accusé d’avoir agressé sexuellement des étudiantes sous sa responsabilité pédagogique et/ou alors qu’il était leur employeur dans le cadre de l’association "Les Traboules". Il a également été mis en cause pour des pratiques déontologiquement inacceptables. Les personnes victimes de Daniel Welzer-Lang ne veulent pas porter plainte de crainte, légitime, de représailles. L’une d’entre elles a exprimé sa peur en disant : "il est partout, dans toutes les commissions, il reçoit des financements Daphné pour les projets de recherche, j’ai l’impression de m’attaquer à un empire" ».

En mai 2005, l’Association Nationale des Etudes Féministes (ANEF) écrit à Fillon, qui devait encore nommer Welzer Lang : « Quand plusieurs étudiantes et doctorantes, sur le long terme, de manière récurrente, allèguent de façon concordante de sollicitations sexuelles directes de leur directeur, assorties de promesses d’encadrement de leurs travaux universitaires, de recrutement sur des contrats de recherche, voire de valorisation des travaux par des publications conjointes, il existe un risque inacceptable de manipulation et d’abus de pouvoir ». Lang, qui a finalement obtenu le poste, a déposé plainte pour diffamation contre toutes celles qui ont tenu ces propos. Les deux associations concernées ont été mises en examen avec une rare célérité mais il a perdu pour des raisons de procédure[8]. De fait, en France la définition de la diffamation est suffisamment large pour qu’une vague « intention de nuire » suffise à faire condamner, même si les faits sont prouvés.

Au fil de sa carrière, ses arguments masculinistes sont devenus de plus en plus évidents, de plus en plus partiaux.

 

Noyautage

Le noyautage du processus législatif, en créant des associations qui s’intègrent dans les débats, a payé : en vingt ans, la régression en matière de divorce est claire pour ce qui est des droits des femmes, et les désastres de la garde alternée se font de plus en plus sentir[9]. En 1987, on invente l’autorité parentale conjointe des deux parents séparés. Alors qu’à l’époque, rares étaient les hommes qui avaient la garde de leurs enfants, ou même qui la demandaient. En 2002, on impose la garde alternée, y compris si le père est un mari et père violent. Cette loi implique pour les femmes de rester domiciliées près de leur ex, et de rester sous leur contrôle, au nom de leur « paternité », pour qu’il ait son enfant le week end. Et après moult propositions de lois, en 2012 une nouvelle loi sur la résidence alternée est réclamée par les masculinistes.

Au Canada, une loi sur le divorce de 2001 enfonçait le clou contre les femmes et les enfants : alors que « 620 femmes et enfants ont été tuées par des hommes au Québec depuis 12 ans », on savait que « une proportion croissante de ces meurtres sont commis par des hommes en instance de divorce, souvent à l’occasion d’un “droit de visite” non supervisé, consenti malgré des signes de violence ou de dépression, au nom des “droits du père” ».

Mais alors, pourquoi n’exige-t-on pas que les pères assument leurs droits ? Pourquoi ils n’auraient des droits que quand ça les arrange, alors que les femmes échappent difficilement à leurs obligations de mères ? Combien de pères célibataires en France, combien de mères seules (et sous payées) ?

Les « pro pères » ont noyauté non seulement la justice[10], mais aussi les sévices sociaux, comme par exemple les points rencontre parent enfant, censés être « neutres » mais qui sont à 100% pour le maintien des droits des pères, qu’ils soient violents ou même incestueux, comme on a pu le voir dans diverses affaires en France. Ainsi, une psychologue a pu dire à un gamin qui avait dénoncé des abus commis par son père que « papa ne l’a pas fait exprès  » et que tout cela n’était pas grave.

Un nombre croissant de psys et autres éducateurs, formés à défendre les pères quoi qu’il arrive, prennent systématiquement parti pour les pères, accusant les mères d’être des manipulatrices poussant au « conflit familial », voir d’être des mères aliénantes qui haïssent les hommes. On pouvait se demander d’où sortait cet argument débile. En fait, il ne s’agit que d’une inversion : ce sont eux qui haïssent les femmes, et imaginent la réciprocité. A Voice for Men, par exemple, nie la réalité du viol.

Les médias sont incroyablement partiaux dans leur traitement des « conflits familiaux ». Quand il est question d’une femme dénonçant un ex violent ou autre, les médias sont très frileux et à cheval sur la présomption d’innocence, la multiplicité des points de vue etc.

Mais quand il s’agit de pères accusés de violences ou abus sexuels, on les laisse pleurer deux minutes à la télé, sans bien sur jamais demander à leurs ex ce qu’elles en pensent. Classique, mais agaçant. Nombre de reportages ont été consacrés aux pères victimes d’aliénation parentale, de séparation douloureuse etc. Combien sur ces femmes envoyées en taule parce qu’elles ont cherché à protéger leurs enfants ? Zéro.

 

Suisse

En Suisse comme en France, les associations de pères, qui réclament toujours moins de droits pour les mères et toujours plus pour les pères, sont la tête de pont du masculinisme dans la société entière. Patrick Robinson, président de la Coordination romande des organisations paternelles, dit avoir été un homme battu et victime d’une furie. Il défend l’entrisme des mouvements pro pères dans les services sociaux, et ne cesse de défendre son point de vue dans les médias. En Suisse, où les placements abusifs deviennent flagrants, tout le monde dit que le SPMI (service de protection des mineurs) est pro pères.

Il existe même un « monsieur égalité » en Suisse (délégué aux questions masculines, comprendre : « défenseur des hommes » ), mais pas de chance il a du démissionner en raison d’une sortie légèrement osée. En effet, Markus Theunert, qui se dit sociologue et psychologue et a fondé l'asso masculiniste Männer, a quand-même déclaré qu’il faudrait montrer des films pornos aux jeunes en cours d’éducation sexuelle. Ca a jasé dans les chaumières.

On sait tous à quel point la femme et son désir son respectés dans ce genre de vidéos. Selon Theunert, ça aurait un peu « dépoussiéré » lesdits cours. Le plus hallucinant, c’est que des éditorialistes ont réclamé la démission des ministres (des femmes évidemment) qui ont demandé à Theunert de dégager, car celles-ci se seraient montrées partiales et auraient fait preuve d’un « dénigrement du masculin ». Qui est hystérique, dans ce débat ?

Ralph Underwager est une des bêtes noires des défenseurs des droits des enfants. Ce pasteur psychologue a inventé le « syndrome des faux souvenirs  », dont il a fait la promotion dans des centaines d’audiences concernant des accusations d’abus sexuels sur des enfants, souvent très graves et parfois à très grande échelle. Devant son public et dans ses œuvres, il n’a cessé de répéter que les psy induisaient les souvenir d’abus aux enfants. Dans le cas de l’affaire McMartin, cet argument a servi à mettre à la poubelle plus de 200 témoignages d’enfants de maternelle. On a ensuite fait dériver ce syndrome à tous les cas de femmes adultes qui se souviennent brusquement d’avoir vécu des abus sexuels, assez souvent au cours d’une thérapie quelconque.

Il faut aussi savoir que la propre fille d‘Underwager l’a accusé de violences sexuelles. Ce qui n’étonnera personne à la lecture de certains propos de l’éminent spécialiste, qui a fait des émules. Pour lui, « Il est préférable qu’un millier d’enfants dans des situations d’abus ne soient pas découvert qu’une personne innocente soit condamnée par erreur  ». L’un de ses grands chantiers, c’est justement de minimiser la gravité de la pédophilie, et il est une référence en Suisse. Underwager a ainsi expliqué que « Les pédophiles peuvent affirmer fièrement et courageusement leur choix. Ils peuvent dire que leur volonté est de trouver la meilleure façon d'aimer. Je suis également théologien, et en tant que théologien, je crois que c'est la volonté de Dieu qu'il existe de la proximité et de l'intimité, de l'unité de la chair entre les gens ». Les enfants sont donc « libres » d’être sodomisés par de vieux pervers, c’est la « volonté de Dieu ».

Parmi ses émules, le belgo canadien Hubert Van Gijseghem, qui lui fait sa promo dans les médias suisses, mais forme aussi les magistrats et autres professionnels de l’enfance. Ce psychologue est le grand défenseur du syndrome des faux souvenirs, qui n’a d’ailleurs pas plus de fondement que le fumeux SAP de Gardner (syndrome d’aliénation parentale). Il cite Gardner et Underwager dans ses conférences et publications. Gijseghem met aussi en garde contre les dérives de la prévention contre les abus sexuels auprès des enfants.

Ce qui est très inquiétant, c’est que c’est lui qui a formalisé les méthodes d’interrogatoire des enfants lors de leurs dépositions au sujets de violences et abus sexuels. En Belgique, il a conseillé les enquêteurs de l’affaire Dutroux, et il forme les magistrats suisses malgré une vision de l’inceste particulièrement laxiste. D’où, de l’aveu même d’une policière formatrice dans ce domaine en Belgique, le très faible taux de révélations lors d’une unique audition filmée de 20 minutes (durée moyenne), sans mise en confiance préalable de l’enfant, et sans suivi ultérieur.

Patrick Jean, dans son article « Masculinisme et pédophilie », cite Vidal qui donnait un exemple d’intervention de Van Gijseghem devant un tribunal : « Dans un procès, un homme accusé d’avoir sexuellement agressé une fille de 10 ans (attouchements et tentative de viol) avait été expertisé par Van Gijseghem : celui-ci lui avait donné quatre tests évidemment " scientifiques et objectifs, donc non projectifs " pour que celui-ci les remplisse... tranquillement chez lui.

Lors du procès Van Gijseghem avait déclaré : " Il n’est pas très probable que M. S. ait posé les gestes qui lui sont imputés. Mon flair clinique ne m’a pas fait voir de danger ".

Ni son " flair " clinique, ni ses tests " objectifs " ne semblent très opérationnels, puisque l’homme accusé se révèlera plus tard être récidiviste (il avait été condamné à 6 mois de prison pour le viol d’une fille de 15 ans et il avait reconnu un autre viol aux Pays Bas). Cet homme, M. S., reconnaîtra plus tard non seulement l’agression sexuelle contre cette fille de 10 ans, mais également deux autres viols.  »

Et vu la quantité d’interventions du trop prolixe Van Gijseghem, les cas similaires doivent être nombreux.

« On assiste depuis plusieurs années à une augmentation notable d’allégations là où d’ex-époux, parents de jeunes enfants (de moins de cinq ans), sont impliqués dans des litiges relatifs à la garde ou aux droits d’accès. Diverses études suggèrent qu’environ la moitié de telles allégations ne sont pas fondées sur des faits réels », disait l’expert auprès des tribunaux. Pour lui, il ne faut surtout pas faire de prévention auprès des enfants, cela risque de perturber leur rapport aux hommes. Et si d’aventure un abus est commis, il ne faut surtout pas en parler, cela traumatiserait l’enfant. Ca, c’est l’argument typique des pédophiles : c’est à cause de la société rétrograde qui condamne la pédophilie que les enfants vivent mal de se faire violer par de vieux pervers. Dans une société laxiste à ce sujet, il n’y aurait selon eux pas de problème.

Enfin, il faut ajouter que Van Gijseghem estime que si un père biologique ne veut pas voir son enfant, c'est son droit et il ne faut pas l’y obliger[11].

A cause de ce lobbying, la situation est devenue catastrophique pour les mères et les enfants violés. Palma et Vidal citent une étude impressionnante du CFCV (collectif féministe contre le viol, qui doit mener ses propres études puisque l’Etat n’est pas intéressé par le sujet) : « L’enquête menée par le CFCV entre 1996 et 2000, à partir de 190 situations d’agressions de mineurs dans un contexte de séparation parentale, permet de dresser le constat suivant : 142 filles et 48 garçons, dont 31 bébés de moins de 3 ans, ont été agressés, après la séparation dans 57 cas, pendant les droits de visite dans 55 cas. Sur 151 agresseurs, 145 sont des hommes (dont 125 pères). Sur 190 situations, 130 plaintes pour viol/agression sexuelle ont été déposées : 1 a été disqualifiée, 17 enquêtes préliminaires et 10 instructions ont été menées, 57 ont été classées sans suite, 18 non-lieux ont été prononcés, 4 mis en examen ont été relaxés et 1 seul agresseur a été condamné. En réponse, 30 plaintes ont été déposées par les mis en cause : 23 pour non-représentation d’enfants (qui ont abouti à 9 condamnations), 5 pour dénonciation calomnieuse, et 2 devant l’Ordre des Médecins pour attestation de complaisance ». Aujourd’hui, après 12 ans de lobbying pro pères en plus, la situation n’a pu que s’aggraver.

Martin Dufresne explique que la False Memory Syndrome Foundation (FMSF), qui regroupe surtout des hommes, voir des parents, accusés d’inceste par leurs enfants, envoie des « experts » en faux souvenir qui viennent témoigner à leurs procès et accuser les enfants de « faux souvenirs » ou de « fausses allégations ». La FMSF paie aussi des avocats et experts en appui des hommes accusés, qu’ils soient coupables ou non.

En Suisse, les progrès des masculinistes sont énormes. Leur lobbying est efficace, et on peut voir le Mouvement de la condition paternelle se féliciter : « Lancée en mi-févier 2007 par le Mouvement de la condition paternelle fribourgeois, une motion populaire a été déposée le 8 juin 2007 munie de 1925 signatures valides. Elle vise la création dans le canton d'un Tribunal de la famille interdisciplinaire doté d'une nouvelle approche des divorces conflictuels, mettant en priorité l'intérêt supérieur de l'enfant ».

Le dernier champ d’action des masculinistes « négationnistes » de la pédophilie est de médicaliser leurs « syndromes » bidons. Ils ont ainsi dégainé le « syndrome de Médée », qui a un grand écho dans la presse féminine et masculine, ainsi que les magazines de santé et psychologie de seconde zone. Quand on sait que Médée a fini par assassiner ses enfants, ledit syndrome ne sent rien de bon. Il a été inventé par le psychiatre suisse Antonio Andreoli.

Au sujet du syndrome de Médée, le groupe « les nouveaux conjoints », nous dit que « La victime nécessite des soins qui doivent mettre au premier plan un soutien et une guidance appropriés », et voilà qu’on dégaine la pharmacopée : « Les traitements pharmacologiques sont utiles en cas d’effondrement dépressif ou de stress post-traumatique grave. Les antidépresseurs sont alors à préférer à la sédation. On assiste parfois au réveil d’anciens troubles névrotiques et il convient alors de faire appel au spécialiste qui peut plus facilement adopter une guidance à géométrie variable ». Quant à l’affreuse mère qui souffre d’un trouble de la personnalité, on lui filera aussi des médocs. Avec un tel traitement, on parie que l’enfant va forcément se séparer de sa mère. Avec ce syndrome, ce sont toujours les femmes qui sont visées. Ainsi Andreoli dénonce « Le désaveu de la paternité, quand l’enfant appelle le conjoint de son ex : « papa »  », et bien sur l’un des symptômes sera le « syndrome d’aliénation parentale » ou encore « l’éloignement géographique de certaines mères ». C’est donc le serpent qui se mord la queue, et pendant ce temps là les pédophiles sont tranquilles.

 

En France

En France, on a l’équivalent de Gardner[12] et Gijseghem, avec les sorties pro pédophiles en moins : Paul Bensussan, devenu expert auprès des plus hautes cours de justice du pays (dont la cour d’Appel de Versailles), et qui a fait sa pub lui aussi dans les tribunaux. A Outreau, il a par exemple témoigné à la demande d’Alain Marécaux, pour dire qu’il ne fallait pas prendre les enfants au sérieux, et cela sans avoir rencontré un seul enfant. Etrangement, il a aussi témoigné devant la commission parlementaire d’enquête sur Outreau…. Aujourd’hui encore, Bensussan s’exprime largement dans les médias sur l’affaire Outreau, toujours pour enfoncer les enfants qui ont pourtant été reconnus comme victimes. Les outils de Bensussan pour décrédibiliser les enfants ? Le SAP[13]et les fausses allégations. Mais, surtout le SAP.

Il existerait en France une vingtaine d’associations de défense des pères, ou "pro pères", qui tendent à obtenir les mêmes subventions que les associations de défense des femmes.

On a Les papas = les Mamans, par exemple, asso soutenue par le chanteur Cali qui ferait mieux rester à ses chansons. De fait, les pères sont très organisés, et des associations comme SOS Papas fournissent toutes les infos, et même les experts ou les avocats, aux pères en instance de divorce, y compris s’ils sont accusés de violences et de viols par leurs enfants. Il existe ainsi un « Guide de survie à l’égard des pères qui divorcent », bourré de conseils pour les pères (« jurisprudences favorables aux pères » et pas aux enfants, « l’essentiel sur la garde à vue », conseils pour ne pas se rendre aux enquêtes sociales ou médico psychiatriques…).

SOS Divorce est en réalité une asso pro pères qui revendique « Un soutien aux hommes en cours de divorce ou divorcés ainsi qu'à leur nouvelles compagnes, elles aussi broyées par cette justice inhumaine ». SOS Divorce réclame que l’enfant soit systématiquement placé chez le père quand il a plus de moyens financiers que la mère (au passage, ils semblent parfaitement conscients de l’inégalité salariale entre hommes et femmes). D’où, probablement, cette tendance à placer les enfants de familles pauvres, généralement des familles monoparentales. SOS Divorce réclame aussi « L'abolition de la prison pour dette de pension alimentaire.(Suppression de l'appellation ‘abandon de famille’) »,et que « Le conjoint qui demande la séparation ou le divorce ne peut prétendre à une pension alimentaire ou à une prestation compensatoire ». Femmes battues et maltraitées par un pervers narcissique, tenez-vous le pour dit.

Mais, la réclamation phare de SOS divorce, qui est pour moi la plus grave, c’est de demander une « Moindre crédulité sur les dénonciations de viol et sur les violences la plupart du temps réciproques du couple ». Quant on sait que la plupart des plaintes sont déjà classées sans suite, il y a de quoi avoir peur.

Tous ces masculinistes revendiquent officiellement la garde alternée, qui permet aussi de ne pas verser de pension alimentaire, mais beaucoup rêvent en effet de réduire au strict minimum le droit des mères, voire de les réduire à néant en transformant les femmes en simples poules pondeuses[14].

Hélène Palma continue : « Beaucoup de représentants des groupes d’hommes et de pères expriment ouvertement cette idée : pour les hommes, le divorce est une catastrophe puisqu’ils se retrouvent du jour au lendemain à devoir assumer seuls des tâches domestiques et parentales qu’ils négligeaient jusque-là et à payer pension alimentaire et prestation compensatoire. Du point de vue financier, pratique et affectif, le divorce ne les arrange évidemment pas. Ces groupes sont donc activement à la recherche de moyens efficaces de l’empêcher. Parmi ces moyens figurent les conditions de la garde des enfants après le divorce : la résidence alternée, décriée par de nombreux médecins, contraignante, permettant un contrôle rapproché de l’ex-conjointe, est l’une des manières de dissuader les femmes de partir ».

Il y a aussi les groupes de parole comme Réseau Hommes, un groupuscule qui a des antennes partout en France créé par le canadien Guy Corneau[15], pour qui les enfants qui grandissent sans la présence d’un père sont forcément déstructurés. Il a notamment écrit « Victime des autres, bourreau de soi-même », dont le titre résume finalement très bien la « pensée » de ces messieurs. Chez Réseau Hommes Belgique, on propose même un « voyage initiatique en Thaïlande ». Cependant, sur le site de Réseau hommes Belgique, on peut lire que « Certains groupes [masculinistes] se posent davantage en opposition aux femmes et cela peut faire peur. Si les revendications qui s'en dégagent ne cherchent qu'à asseoir la séparation des sexes et des rôles dans la société, c'est une marche arrière  »

Le Mouvement de la Condition Paternelle est sur le même créneau, se plaignant par exemple que les enfants ne font pas souvent de cadeau à l’école pour la fête des pères. Ll’argument des instits comme quoi la plupart des enfants vivent sans leur père dans les quartiers concernés ne semble pas les percuter. Ledit mouvement veut mener une grande « sensibilisation de l’opinion publique, des médias, et du législateur sur la situation scandaleuse actuelle faite au couple père-enfant »

On a aussi l’Association Pour la Médiation Familiale, qui a pour but d’éviter qu’un divorce, même hautement conflictuel, ne soit réglé en justice. Ils revendiquent un « accord durable et mutuellement acceptable  ». Cette association a parmi ses « actions » de « proposer des modifications législatives ou réglementaires qui favorisent la médiation familiale  », c’est-à-dire de faire du lobbying. A ce sujet, il faut savoir qu’en Belgique, on n’est pas légalement obligé de dénoncer les viols sur mineurs, et cela peut se « régler » en médiation, y compris bien sûr dans les cas d’inceste. Cela plaît beaucoup aux gouvernements qui feront ainsi pas mal d’économies. « La médiation familiale doit se pratiquer dans des lieux spécifiques, hors des tribunaux, et si possible avant toute procédure, mais aussi pendant (procédure suspendue ou en parallèle) ou/et après », disent-ils. Ou quand les violences familiales sont réduites à de simples « conflits ».

Et on voit bien que les arguments sont rôdés. Le Mouvement de la Condition paternelle s’adresse ainsi au législateur : « La médiation familiale répond à l'encombrement des tribunaux ainsi qu'à l'allégement nécessaire des procédures habituellement compliquées, lentes, coûteuses, et souvent inadaptées aux problèmes familiaux ». En Suisse, on constate d’ailleurs que la médiation peut être imposée. En gros, la justice dit « débrouillez vous, je m’en lave les mains ». Et en dessous de 7 ans, la Justice suisse considère qu’elle n’est pas obligée d’entendre les enfants. En outre, jusqu’à sa majorité on peut obliger un enfant à voir son père, même s’il ne veut pas.

On constate donc que les droits du père priment sur les droits de l’enfant. Ils ont même réussi à forcer une femme qui a été mère au foyer pendant 20 ans à travailler après le divorce, qu’elle soit qualifiée ou non, qu’elle ait des enfants en bas âge ou non à sa charge. Rappelons qu’il arrive encore souvent que ce soit monsieur qui dise à madame d’arrêter de travailler puisqu’elle gagne moins. Il y a même une jurisprudence suisse de 2001 qui oblige l’épouse d’un homme qui a eu un enfant hors mariage mais ne gagne pas assez pour l’entretenir à trouver un travail pour payer la pension de l’enfant que son mari a eu à l’occasion d’une infidélité !

Certains groupes se disent victimes de la misandrie (haine des hommes), orchestrée par les féministes. Il est de bon ton de dénoncer le « sexisme anti hommes ». Le mouvement anti sexiste est assez virulent, certains vont jusqu’à parler de « féminisme d'état, ou plutôt la misandrie étatique »…

Il y a aussi le « Groupe d’études sur leS sexis­meS », qui saisit la halde, le défenseur des droits, le CSA, au sujet des innombrables discriminations envers les hommes qu’ils constatent à droite à gauche.

 

Dérives

Les dérives liées à ces revendications peuvent venir rapidement : Dufresne cite un exemple assez alarmant « on a vu en 1995 un homme réclamer (et obtenir) d'un tribunal de Longueuil (Québec) une injonction interdisant à son ex-conjointe d'allaiter, de façon à lui enlever un argument contre la garde partagée de l'enfant, réclamée presque immédiatement après l'accouchement. Une manifestation de femmes - qui ont allaité en public dans le hall du palais de justice de Longueuil -a forcé le renversement précipité de cet arrêt ».

Il y a un cas extrême de dérive, mais qu’on ne doit pas oublier : le massacre de l’école polytechnique de Montréal, en décembre 1989. Un étudiant de 25 ans a tué en 20 minutes et à l’arme semi automatique 14 femmes, et blessé 10 autres femmes et quatre hommes avant de se suicider. Il avait sur lui une lettre expliquant son geste (que les flics et la justice ont tout fait pour ne pas diffuser), qui reprenait les arguments classiques des masculinistes, sur les privilèges qu’on a attribués aux femmes. Il avait aussi fait sa liste noire de 19 « féministes » à abattre, ainsi que d’autres femmes qui avaient réussi dans des domaines qu’il jugeait dévolus aux hommes, et qu’il fallait aussi abattre. Selon lui, les féministes avaient ruiné sa vie. Peu avant la date anniversaire du massacre, un site masculiniste canadien avait fait de ce tueur son icône.

Une autre dérive, moins dramatique mais plus locale, a eu lieu en 2007 à Dunkerque, où un tribunal a condamné une femme victime de violences conjugales à trois mois de prison avec sursis, ainsi que 800€ de dommages et intérêts, et 1.000€ pour les frais de procédure, les deux au profit de l’ex violent. Une association qui lui est venue en aide était également sur le banc des accusés. Qu’avaient-elles fait ? Eh bien cette femme s’était réfugiée chez une membre de l’association avec ses enfants, afin d’échapper aux coups du « père », et cela évidemment sans le prévenir. Car, on sait bien que ces types sont capables de tout. Le tribunal correctionnel de Dunkerque a donc condamné cette épouse et mère indigne, quant aux associations, elles savent que tenter de protéger une femme battue et ses enfants est désormais passible de poursuites. Depuis une loi de 2006, c’est possible.

Aux USA, une mère, pourtant médecin, qui avait dénoncé des abus sexuels commis par le père et les grands parents paternels s’est vu retirer tous ses droits sur son enfants parce que la justice a déclaré qu’il ne s’était rien passé. Le père, également médecin, a nié en bloc[16]. Elisabeth Morgan, c’est son nom, a donc été emprisonnée pour outrage au tribunal car elle refusait de permettre à un père agresseur de visiter leur fille. Des années plus tard (et après un million de dollars dépensés par la mère pour tenter de protéger sa fille) a établi que le juge avait à tort conclu que le père n'agressait pas sexuellement sa fille lors des visites. Morgan a quand-même fait deux ans de prison, pendant que sa fille était violée par son père. Pendant qu’elle était en prison, elle envoyé sa fille en nouvelle Zélande et a toujours refusé de dire où elle se trouvait. Et la « Justice » a dit qu’elle resterait en taule tant qu’elle ne livrait pas sa fille.

Les masculinistes aiment que les femmes soient à leur merci. Alors ils n’hésitent pas à diffuser sur Internet les adresses des centres d’hébergement pour les femmes violentées, afin que le taré les retrouve et puisse leur faire la peau, s’il le veut. On ne rit pas du tout quand on sait qu’une femme meurt tous els deux jours sous les coups d’un taré. Ils diffusent aussi les noms des féministes qu’ils ont en ligne de mire (register her) ou des femmes qu’ils accusent de fausses accusations, et connaissant la retenue de certains d’entre eux, on peut dire que ça craint.

On oublie (liste non exhaustive) :

- Qu’à diplôme égal, les femmes touchent 20% de moins que leurs collègues, qu’elles ont moins d’avancement, plus de travail précaire.

- Le système de retraite n’est pas calculé pour les femmes qui ont élevé leurs enfants.

- Quant aux tâches ménagères et familiales, ces messieurs s’en occupent rarement, ils peuvent donc aller aux réunions interminables où ces messieurs s’écoutent parler durant des heures, souvent pour un résultat qui laisse perplexe les collègues féminines.

- Lors des procès pour viol de femmes ou d’enfants, ou pour des violences conjugales, ils sont rarement sanctionnés. En effet, le classement sans suite et la correctionnalisation suivent la grand emajorité des plaintes[17], en Belgique comme en France[18].

- Dans une étude française, 48% des agresseurs sexuels (144 hommes sur 144 cas) avaient des enfants. Dans cette même étude, on nous dit que seuls 79 ont été condamnés et très faiblement car : « Les 24 responsables de viol ont (sans tenir compte du sursis éventuel) été condamnés à 6 ans de prison en moyenne et les 55 responsables d’agression sexuelle en moyenne à 1 an et 9 mois pour les viols déqualifiés et à 1 an et 11 mois pour les autres agressions sexuelles. Par ailleurs, si l’on tient compte des 27 personnes bénéficiant d’un non-lieu et des 25 classements sans suite prononcés, on constate que 19 plaintes sur 100 font l’objet d’une condamnation  ! Donc l’auteur d’un viol ou d’une agression sexuelle ne court le risque d’être condamné que 19 fois sur 100 » !

- Les femmes produisent les deux-tiers de la richesse mondiale et n'en possèdent que 2 %, rappelait Antoinette Fouque. 

- Selon le Service national d’accueil téléphonique pour l’enfance maltraitée (Snatem), l’inceste représente 75 % des agressions sexuelles sur enfants.

- 26,8% de femmes à l’Assemblée (c’est moins qu’en Algérie où elles sont un tiers, nous sommes en dessous de l’Afghanistan et juste avant la Tunisie)

- 15 à 20% de femmes dans les conseils d’administration des grosses boites en France

- Hélène Palma explique « Dans son rapport, le Collectif féministe contre le viol, parmi les nombreuses agressions sexuelles familiales contre des mineurs(e)s qui lui ont été signalées, a choisi d’en suivre un certain nombre entre 1996 et 2000. Sa recherche montre que, sur 190 cas, 130 ont fait l’objet d’une plainte ; mais entre classement sans suite par le parquet, non-lieu à la suite de l’instruction et relaxe au procès, une seule condamnation a été prononcée. Malgré cela, même dans ces conditions d’extrême indulgence, le viol par inceste représente le cinquième des procès d’assises (chiffres du ministère de la Justice pour 1999) »

- D’après une étude de ministère de la justice canadien, les fausses allégations d’abus sexuels quand c’est la mère qui les révèle alors qu’elle a la garde et pas le père, sont de 1,3% des cas. Par contre, quand les allégations sont faites par des pères qui n’ont pas la garde contre des mères plus d’une accusation sur cinq (21,3%) seraient fausses. Toutes accusations intervenant ans le cadre d’un conflit de garde d’enfant confondues, on arrive à 2,2% de fausses allégations.

 

-------------------------

 

En conclusion, je cite à nouveau Martin Dufresne : « Beaucoup de gens aimeraient croire que les organisations masculinistes rassemblent de « nouveaux hommes » et des pères égalitaires, bien décidés à éradiquer tout stéréotype de genre de la société et de leur propre vie. Ce modèle idéal est vraisemblablement plus rare que ce qu'en disent les médias puisque, selon nos observations sur ce terrain, ce sont les plus agressivement sexistes des hommes dont les masculinistes défendent les intérêts, devant un État et un appareil judiciaire qui commencent à peine à leur demander des comptes. Dans leurs prestations publiques et leur recrutement, parfois effectués directement en milieu carcéral, les masculinistes invitent les hommes accusés de violence sexiste à communiquer avec eux et les appuient en lançant dans les médias, sans l'ombre d'une preuve, que « plus de 80 p. 100 » de ceux-ci seraient innocents ».

Et la chercheuse Pierrette Bouchard : « Comme ils sont incapables de penser "la masculinité" en tant que construction sociale, ils ne développent pas de connaissances nouvelles sur les hommes. Ils se refusent à penser qu’il y a plusieurs types de masculinités qui se construisent selon les milieux et les cultures. Préoccupés de retrouver les valeurs traditionnelles de la famille patriarcale, ils cherchent à rassembler les hommes autour d’une notion ancrée dans la biologie et le mythe, " la " masculinité, et ils prétendent parler au nom de tous les hommes. Mais qu’en est-il exactement ? ».

Et pourquoi le mot "victime" n'existe-t-il qu'au féminin ? Le lobbying féministe sous l'ancien régime, j'y crois moyennement.

 


 

[1] D’après eux, si les hommes se suicident plus que les femmes, c’est à cause des femmes.

[2] Zemmour, qui a dit » Le poil est une trace, un marqueur, un symbole. De notre passé d'homme des cavernes, de notre bestialité, de notre virilité. De la différence des sexes. Il nous rappelle que la virilité va de pair avec la violence, que l'homme est un prédateur sexuel, un conquérant ». Quid des hommes chauves ?

[3] Certains réclament à nouveau la pénalisation de l’IVG, par exemple. Pour cela ils invoquent un principe de « co-décision » en matière de droits procréatifs, encadré par la loi, ce qui reviendrait à donner aux hommes un pouvoir sur le ventre des femmes. Rappelons aussi, comme le souligne le CFCV, que de nombreuses grossesses sont issues de viols (2,6 % des 21.339 appels reçus entre 1998 et mi 2007, soit 555 appels au sujet de grossesses consécutives à un viol.

[4] Je précise d’entrée de jeu qu’il n’est pas question ici de nier qu’il y a des femmes qui sont aussi des tyrans domestiques, parfois violentes, parfois pédophiles et parfois qui manipulent leurs enfants pour les éloigner de leur père. Sauf que ces cas restent dans de faibles proportions comparés aux mêmes abus commis par les maris et pères.

[5] Au canada on parle même de 99% d’hommes.

[6] Alors qu’au niveau mondial, sur 130 millions d’enfants qui ne fréquentent pas l’école, les 2/3 sont des filles.

[7] Où il était déjà maître de conférences depuis 1995.

[8] On a considéré qu’en effet, compte tenu des plaintes informelles reçues par ces associations, leurs signalements étaient logiques et faits « de bonne foi ». Ce qui est intéressant, c’est que certaines des accusées avaient plaidé la réalité des faits dénoncés, et elles ont été relaxées. Quant à Welzer Lang, il a senti le vent tourner et a démissionné.

[9] En outre, on constate que la garde alternée pénalise les femmes, les hommes ayant généralement les enfants le week-end pour les loisirs. Aux mamans les trajets, la logistique et les devoirs.

[10] Comme ce cas d’une mère qui risque de perdre la garde de son enfant parce qu’elle déménage et que le juge aux affaires familiales est classé « pro pères ». Ou de mères qui perdent systématiquement la garde parce que le juge du coin est aussi « pro pères ».

[11] « La parentalité biologique reste importante car elle est une des racines de l’identité. […] Et bien, oui, si le parent biologique est correct, c’est-à-dire si c’est un bon parent, alors c’est une loi naturelle qu’un enfant doit avoir des contacts avec ce parent biologique. Bien sûr, si le parent biologique ne veut pas, et bien, à l’impossible personne n’est tenu – comme on dit quelque fois – si le parent biologique ne veut pas […], alors c’est peut-être mieux que l’enfant reste loin ou éloigné du parent biologique ».

[12] D’ailleurs, Gardner a toujours publié à compte d’auteur, sans relecture par un comité de lecture scientifique. En 1985, il s’est suicidé alors que ses théories fumeuses étaient moquées dans tout le pays. Il doit être le seul à avoir réussi à se suicider d’une vingtaine de coups de couteau dans le thorax et dans le ventre

[13] Rappelons encore une fois que ledit SAP n’est toujours pas reconnu comme une réalité par la profession, faute d’études sérieuses, et malgré un lobbying féroce. Pour autant, des gens comme Bensussan ou Van Gijseghem en font leur fonds de commerce, et nombreux sont ceux qui cherchent à faire entrer ce concept dans le droit français dans le cadre de la garde alternée. Même s’il est déjà dans la jurisprudence européenne.

[14] D’après certaines études, « il arrive très souvent qu'ils se délestent en partie de leur charge de parent en la transférant à des tiers. Et qui sont ces tiers ? Quasi systématiquement d'autres femmes. Ils confient en effet l'enfant à leur nouvelle conjointe, à des membres de leur famille (mère, soeur, etc.) ou bien, quand ils peuvent

se le permettre financièrement, à des personnes rémunérées pour cela (personnel de maison, nounous, baby-sitter...)  ».

[15] Il a démarré en tant qu’acteur avant de passer une maîtrise en sciences de l’éducation et un diplôme de psychanalyste. Il passe 12 ans à exercer, puis choisit les plateaux télé, la publication (comme son best seller « Père manquant, fils manqué) », l’enseignement, les « conférences publiques »… Il a fondé avec « d’autres thérapeutes » la Productions Cœur.com qui ont mis en place des séminaires centrés « sur la légende du Graal », sur « le conte de la jeune fille sans mains  », sur « la légende égyptienne d’Isis et Osiris », et d’autres encore. Il mélange aussi théâtre et conférences en « offrant » ses pièces lors de ses discours. Même s’il s’en défend, il prône un retour à la bonne vieille société patriarcale.

[16] Il a même passé avec succès trois tests au détecteur de mensonges et a réussi à passer pour innocent pendant 10 ans.

[17] En 1995 au TGI de Créteil « Les 117 dossiers étudiés concernaient 66 plaintes enregistrées et instruites pour viols et 51 plaintes pour agressions sexuelles. Dix-sept ont été jugées en Cour d’Assises comme viols, 52 en Correctionnel (dont 16 déqualifiés en agressions sexuelles), 24 ont bénéficié d’un non-lieu et 24 ont été classées sans suite ». Et encore, ces 117 plaintes sont celles qui ont été déférées au parquet, et elles ne représentent que 28% des 420 plaintes reçues au total par les services judiciaires. Sur les 144 mis en cause, seuls 54,8% avaient été condamnés.

[18] « 4,8% de refus par la police, 59% de classement sans suite, 5,8% de non-lieu, 11,7% faisant l’objet d’une instruction, et 23% d’une procédure en cours » selon le CFCV en 2002.


Lire l'article complet, et les commentaires