Les NEET et les diplômes, quel avenir en France ?

par Perceval
mardi 11 février 2020

Coup sur coup deux institutions viennent de faire paraître des enquêtes sur les jeunes sans éducation, sans emploi et sans formation (les NEET).

En lisant ces publications on se rend compte que sur le presque million de NEET 29 % n'ont aucun diplôme (pas même le brevet des collèges) mais que tous les autres sont "diplômés" : 17 % du supérieur, 10 % ont un bac général ou technologique, 18 % un bac professionnel et 26 % un CAP.

La question mérite d'être posée donc : que fait l'éducation nationale du premier budget de l'Etat, nos 75 ou 100 milliards d'euros sont-ils bien utilisés ou ne contribuent-ils qu'à alimenter un système d'éducation périmé et dépassé ?

 Les systèmes scolaires et universitaires ont dévié en France de leurs missions après-68 et après 1981

Si jusqu'à la fin des années 60 (l'expansion et le plein emploi) les systèmes éducatifs étaient tendus vers l'activité, le travail, le développement des compétences des futurs travailleurs (qui étaient d'autant mieux servis par le monde professionnel qu'ils étaient qualifiés ou diplômés) le système a donc dérivé gravement par la suite pour au moins 3 bonnes raisons, transformant l'école et la fac en un quasi garderie pour jeunes (formant ensuite ce groupe hétéroclite sans grand avenir social des NEET) :

  1. L'école s'est complue dans le misérabilisme éducatif. Le mauvais élève n'était plus un cossard ou un cancre inadapté à l'éducation (mais qui pouvait se rattraper plus tard dans la vie comme le démontre la réussite sociale de nombreux autodidactes) mais un "élève en difficulté", une victime du système et de la culture bourgeoise (merci Bourdieu) et donc un futur assisté (on lui devait réparation)

  2.  L'école a inversé ses valeurs : embrayant sur un mai 68 iconoclaste et démagogique (les examen pour tous puis les 80 % de bacheliers), au lieu de mettre en exergue le bon élève (l'exemple pour des jeunes en mal de modèles) on a assimilé le bon élève à un "fayot", un "collaborateur" proche des profs, proche des adultes qu'il convenait de calmer (ses ardeurs au travail) de railler ("fayot") ou même de persécuter (le bouc émissaire dans une classe est souvent un bon élève ou un élève sérieux)
  3. L'école a été transformée en garderie sociale  : avec le traitement social du chômage il s'est agit de transformer l'école en un nouvel asile social (sur le fronton de certaines écoles à Paris on lit encore "salle d'asile communale"). Le travail étant supposé rare (ou supposé tel car les socialistes parviennent en peu d'année à le réduire en augmentant fortement le chômage), la crise étant temporaire (ça fait 45 ans désormais que ça dure) il fallait inventer un "traitement social du chômage". Le traitement social(iste) du chômage instrumentalise tout le système éducatif en partant du principe qu'un jeune traînant ses fonds de culotte sur les bancs d'un lycée pro (l'appellation professionnelle étant largement usurpée tant ces lycées sont éloignés des entreprises) ou d'une fac coûte moins cher qu'un chômeur indemnisé (ou un jeune en insertion donc avec un minimum de revenus).

Le diplôme est désormais un pâle produit d'appel à l'éducation nationale, il n'impressionne plus guère car il pourrait être devenu obsolète (en entreprise)

Excepté dans les métiers règlementés (médecin architecte ou coiffeur) le diplôme intéresse (et intéressera) de moins en moins les employeurs pour au moins 4 bonnes raisons :

L'école doit se recentrer sur les bases (comme du temps de Jules Ferry avec l'instruction publique) et arrêter de prétendre éduquer (c'est le rôle des familles)

L'avenir appartient aux gens courageux, entreprenants, capables de prendre des risques (créer son activité, chercher à s'en sortir sans les secours publiques) toutes ces qualités sont avant tout développées (ou non) au sein des familles, dans l'environnement socio-professionnel. 

L'école pour être utile doit cesser de produire 100 ou 200 000 NEET chaque année mais surtout donner à chacun les bases minimales (jusqu'à 14 ou 16 ans) pour apprendre tout au long de la vie, rebondir, développer son intelligence sociale et émotionnelle et cesser de faire croire que le dipôme est encore un passeport pour l'emploi. 

Le diplôme ne protège plus du chômage et si les "diplômés" sont moins au chômage que les non-diplômés c'est simplement dû à leurs caractéristiques sociales (plus intégrés et conformes au système).


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