Les présidents des Caisses d’allocations familiales marquent leur mécontentement
par LYonenFrance
mardi 22 avril 2008
Acteur majeur de la solidarité nationale, la branche Famille de la Sécurité sociale est financièrement bénéficiaire !
La politique familiale de la France est souvent donnée en exemple et se traduit d’ailleurs par un taux de natalité supérieur à la moyenne européenne. C’est pourquoi les présidents des Caisses d’allocations familiales de toute la région Rhône-Alpes/Auvergne*, réunis à Lyon cette semaine, ont tenu à marquer leur opposition aux projets du gouvernement de "se servir" dans cette caisse. Plus généralement, ils aimeraient être consultés avant toute réforme de la politique familiale.
Une gestion paritaire syndicats/patronat
Pour comprendre le financement des Allocations familiales, il faut savoir que leur gestion a été "sortie" des comptes généraux de la "Sécu". La Caisse nationale (CNAF) est aujourd’hui une tête de réseau qui pilote, sur tout le territoire, des Caisses locales (CAF) gérées paritairement par le patronat et les syndicats de salariés.
L’action sociale et familiale sur tout le territoire
Chaque Caisse locale (il y en a 123 en France) prend en charge les prestations légales et développe l’action sociale familiale sur son territoire. Elle travaille en coordination avec les Conseils généraux pour la gestion du RMI et des centres sociaux par exemple. Elle attribue aussi les bons vacances, les allocations de rentrée scolaire ou les allocations logements.
Pour Marc Tixier, président de la CAF de Lyon, cette gestion paritaire est "un gage de sécurité et d’équité pour les familles". Elles doivent savoir que les "politiques" n’interviennent pas directement dans la gestion des CAF. Cela leur garantit une égalité de traitement et les éloigne du "clientélisme". Les dirigeants de la CAF représentent tout le monde et pas seulement leur territoire ou leur canton !
Les prestations n’ont pas suivi l’inflation
Mais les réformes successives, réalisées ou annoncées, font craindre une intervention de plus en plus lourde du politique dans la gestion des allocations. "La diminution des prestations financières aux familles est déjà entrée dans les faits". Cette année, par exemple, la revalorisation des prestations n’a pas suivi l’évolution de l’inflation des douze derniers mois. De même, d’après l’Observatoire de la conjoncture économique, si le coût de la vie a augmenté considérablement depuis vingt ans, les prestations ont tellement été "condensées" que le pouvoir d’achat des familles a baissé de 33 % depuis 1984 ! Alors pourquoi ne pas utiliser les excédents réalisés pour rattraper ce retard ?
La ministre devrait "s’imprégner de ses dossiers" avant de faire des déclarations
Les présidents des CAF de Rhône-Alpes/Auvergne ont donc décidé de sortir de leur réserve pour marquer fortement leur mécontentement. Ils s’insurgent contre la politique des "petites" annonces faite par le gouvernement qui, mises bout à bout, traduisent une remise en cause générale de la politique familiale !
Ils demandent à leur ministre de tutelle, Nadine Morano, de prendre le temps de "s’imprégner de ses dossiers" avant de faire des déclarations sur des sujets "qu’elle ne maîtrise pas encore" et l’invitent à faire des visites de terrain, "pas seulement dans la région parisienne".
Non à la stigmatisation des familles pauvres
Ils refusent que les familles pauvres soient "stigmatisées". Selon Marc Tixier, "Il ne se passe plus une semaine sans que les CAF reçoivent un courrier les appelant à lutter contre les fraudes... Cela traduit une méconnaissance totale de notre fonctionnement... Nos services contrôlent systématiquement les allocations versées, mais comme il s’agit de gens pauvres, nous ne pouvons faire que des contrôles a posteriori".
La règle de trois de Michel Mercier
Alors que les CAF des autres départements disent travailler en très bonne intelligence avec leur Conseil général, celle du Rhône connaît des tensions avec le président du département. Michel Mercier a voulu montrer qu’il sait compter. En posant une question ingénue : pourquoi l’enveloppe versée aux RMistes n’a-t-elle pas diminué en 2007 si le nombre de RMistes a baissé ? Mais, là aussi, si poser une telle question peut produire un effet "politique" cela insinue un doute sur la gestion des caisses ou l’honnêteté des demandeurs. Selon le président de la CAFAL, les divergences avec le Conseil général se sont terminées au Tribunal Administratif. Verdict dans les prochains jours.
* Les CAF de Lyon, Valence, Grenoble, Bourg-en-Bresse, Clermont-Ferrand, le Puy, Annonay, Roanne étaient présentes.