Les progressistes doivent-ils avoir peur de l’histoire de France ? par Georges Gastaud #identité #nationale
par PRCF
mardi 11 octobre 2016
Doit on avoir peur de l‘histoire de France ? Georges Gastaud philosophe et secrétaire national du PRCF propose une construction progressiste du récit national
Par Georges Gastaud [1]
Alors que la direction « eurocommuniste » du PCF-PGE a renié le drapeau rouge frappé des « outils » et qu’elle tient soigneusement le drapeau tricolore à l’écart des manifs populaires –, alors que le NPA n’a jamais remis en question le mythe trotskiste et supranationaliste des « Etats-Unis d’Europe » (que Lénine dénonçait déjà en 1916 comme une duperie social-impérialiste), la proposition de J.-L. Mélenchon d’affronter
1. De l’arrière-plan politicien des polémiques euro-« communistes » sur la question nationale.
Bref, derrière le baratin pseudo-internationaliste et « antinationaliste » des dirigeants du PCF-PGE, les communistes et les progressistes doivent apprendre à décrypter les manigances d’appareils cherchant à sauver leur part de marché politico-idéologique sans le moindre souci de la classe ouvrière, de la nation et de l’urgente reconstruction d’un vrai parti communiste !
2. A propos des reproches contradictoires adressés à J.-L. Mélenchon par les dirigeants du PCF-PGE
Concernant l’acte d’accusation dressé contre J.-L. Mélenchon par les étoiles de l’euro-trotskisme et de l’euro-« communisme » rose vif, notons d’abord leur formulation syntaxiquement douteuse (M. Dartigolles « préfère un débat entre historiens qu’un débat instrumentalisé », M. Besancenot cultive un faux « parler-peuple », comme si les ouvriers auxquels il s’adresse méprisaient la langue française autant que lui ! – Cf document reproduit ci-dessous). Remarquons en outre que ces accusations sont pétries de mauvaise foi. Débattre avec Sarkozy a-t-il jamais signifié le cautionner ? Aborder une question signifie-t-il écarter les autres ? Et l’ex-député communiste André Lajoinie n’a-t-il pas débattu jadis avec Le Pen dans le but de le démasquer ? Du reste, l’éloquent André Chassaigne se déroberait-il au devoir d’affronter Sarkozy si ce dernier lui faisait l’improbable « fleur » politique de lui accorder un face-à-face télévisé ?
Bref, attelons-nous de nouveau au grand chantier politico-culturel qu’a délaissé l’euro-« gauche » établie : reconstituons du point de vue de la classe ouvrière et des forces progressistes en lutte, sans rien gommer ni idéaliser, sans forcer les continuités et sans durcir les inéluctables ruptures, un récit national non falsifié par les classes dominantes. A partir d’une étude scientifique du devenir des modes de production et des hégémonies culturelles, redécouvrons l’ensemble des figures et des évènements nationaux qui ont pu porter et scander les luttes de libération dans notre pays, qu’il s’agisse de l’émancipation nationale stricto sensu (car comme le disait Jaurès, « l’émancipation nationale est le socle de l’émancipation sociale »), de l’émancipation politique – ce fut l’œuvre, encore inachevée aujourd’hui, des Sans Culotte et de Robespierre – ou de l’émancipation sociale[11], sans omettre l’émancipation anticoloniale : car les anticolonialistes communistes Henri Martin et Henri Alleg n’eurent jamais la sottise d’opposer l’émancipation de « nos » colonies à l’honneur de notre pays, que déshonoraient alors les profiteurs des guerres coloniales et autres « trafics de piastre »…
3. Histoire de France : « Notre » histoire nationale et la « leur ».
La Marseillaise est le second film de Jean Renoir dédié au Front populaire, après La vie est à nous. Le film est financé en partie par une souscription publique de la CGT dont le prix plancher est fixé à deux francs par personne, tarif d’une place de cinéma à l’époque
C’est pourquoi, quand Olivier Dartigolles prétend que « nous sommes les filles et les fils de ce qui émancipe et libère » et qu’en conséquence il faudrait boycotter tout débat portant sur la nation, donc abandonner ce chantier incontournable à la fascisante idéologie sarko-lepéniste, le porte-parole officiel du PCF-PGE profère un sophisme grossier. Et puisqu’il est question des Gaulois ces temps-ci, rappelons ceci au nanti Sarkozy de Nagy-Bocsa : lorsque Vercingétorix souleva et unifia une majorité de peuples gaulois contre César, quand – selon son historien Camille Jullian – ce noble arverne longtemps isolé dans son milieu social reçut surtout le soutien de la campagne et des petites gens (ce que César signale avec mépris dans ses Commentaires), quand la résistance celtique à l’occupant romain affronta, non seulement les légions de César, mais une partie de l’aristocratie gauloise (qui apprenait le latin et rêvait d’intégrer le Sénat…), quand, lors de la reddition d’Alésia, Vercingétorix eut l’élégance, pour tenter de sauver la vie des Gaulois assiégés, de se livrer aux Romains en renonçant aux facilités d’un suicide[12], il n’incarnait pas seulement les promesses d’unification et d’indépendance des tribus celtes asservies, mais l’honneur de tous ceux qui, en tout temps, préfèreront toujours s’exclamer « patria o muerte ! », plutôt que le navrant « j’aime mieux être un Allemand vivant qu’un Français mort » que proférera Jean Giono à la veille de l’invasion hitlérienne.
Tout cela ne nous incline nullement à donner tête baissée, non pas dans le récit national, mais dans un infantile roman national sarko-lepéniste qui, tel un conte de fées pour banlieues assagies, estomperait les contradictions de classes, enterrerait les séquelles du colonialisme et la réalité du néocolonialisme, ignorerait que nombre de rois furent aussi de féroces oppresseurs, ou méconnaîtrait le fait que la bourgeoisie révolutionnaire de 1789 ne tarda pas à accoucher d’une oligarchie impérialiste avide de piller les peuples africains que l’odieux discours de Dakar prononcé par Sarkozy osait sommer de « rentrer dans l’histoire »… dont la traite négrière et le colonialisme avaient voulu les sortir ! Non, il n’y a en soi rien de scandaleux à ce que, cum grano salis s’il le faut, nos compatriotes d’origine maghrébine ou subsaharienne acceptent de se reconnaître dans le malicieux anti-impérialisme d’Astérix : si et seulement si par ailleurs, leurs condisciples blondinets apprennent aussi à honorer l’Antillais Toussaint Louverture, figure mondiale de l’antiesclavagisme noir ou s’ils apprennent dans des manuels d’histoire enfin respectueux de la Commune, que cette insurrection à la fois patriotique et internationaliste compta parmi ses chefs de file le Hongrois Frankel, le Polonais Dombrowski ou la Bulgare Dmitrieva… A l’inverse, ne tombons pas symétriquement dans le mépris anachronique et faussement « progressiste » pour ce « prophétisme féminin », que partagèrent Jeanne d’Arc et d’autres jeunes patriotes du Moyen Âge finissant, sous prétexte que ce dispositif politico-religieux[14], archaïque à nos yeux postrévolutionnaires, s’inscrivait dans une culture fort différente de celles qui verront germer l’humanisme d’un Rabelais, le rationalisme d’un Descartes… ou l’athéisme communisant que diffusa clandestinement l’étonnant curé de campagne Jean Meslier à l’orée du Siècle des Lumières !
En effet cette même bourgeoisie française qui enseignait jadis, dans les manuels d’Ernest Lavisse d’histoire de France, que « nos ancêtres (blonds, de préférence…) s’appelaient les Gaulois » (tant il est vrai que l’impérialisme français prenait alors appui sur l’Etat-nation et sur ses prolongements impériaux), ce dont se gaussèrent fort justement Boris Vian et… Henri Salvador !, se reconnaît aujourd’hui pleinement dans le honteux Manifeste qu’a publié le MEDEF en décembre 2011 ; dans ce texte lourdement antinational, le grand patronat appelle sans détour à construire « les Etats-Unis d’Europe », à précipiter à leur avantage un maximum de « transferts de souveraineté », à projeter la nouvelle Franceurope dans l’ « Union transatlantique » préfigurée par l’OTAN et par le TAFTA, à sacrifier notre langue si ringarde au tout-anglais érigé en « langue de l’entreprise et des affaires » (selon les fortes paroles du baron Seillière, 2004), à « reconfigurer » le territoire national en supprimant les communes et les départements (dixit Pierre Gattaz) et à substituer à la République une et indivisible et à ses services publics d’Etat les nouvelles « euro-métropoles » assorties de grandes régions à l’allemande, si possible transfrontalières » (Grande Catalogne, Grande Flandre, Alsace-Rhénanie, etc. ?). Mais le mot France évoquera-il alors autre chose que ce « couteau sans manche dont on a perdu la lame » que raillait jadis Lichtenberg ? Cette même grande bourgeoisie objectivement nostalgique de Vichy en appelle même désormais, toute honte bue, à « démanteler le programme du CNR » (Denis Kessler, Challenges, nov. 2007) et sans attendre, elle privatise, délocalise et brade à l’étranger les derniers fleurons industriels nationaux (Alstom, France-Télécom, Renault, EDF…) ; et avec l’aide du Parti Maastrichtien Unique au pouvoir, ce « PMU » malfaisant composé du PS, de l’UDI et des LR, elle dépiaute l’Education « nationale », les conventions collectives, le Code du travail et la Sécu et contourne de plus en plus la loi de 1905 séparant l’Etat des Eglises. Bref, à la faveur d’un rapport des forces mondialement et nationalement contre-révolutionnaire, où le monde du travail s’est vu réduire à la défensive, elle tente d’araser tout ce qui a permis aux couches populaires d’apposer leur marque indélébile sur cette nation française incorrigible dans laquelle continue de résister, selon le mot de Marcel Paul, « un noyau révolutionnaire irréductible »…
4. Briser l’étau de la xénophobie et de l’auto-phobie nationale, réarticuler la dialectique universaliste au récit national, dialectiser histoire-récit et histoire-science
Dans des conditions délétères, faut-il s’étonner si se met en place une savante division du travail historico-idéologique entre divers secteurs de l’oligarchie « française » ?
Car de cette nouvelle historiographie là, qui s’impose pas à pas dans les manuels, la gauche « euro-bobo » ne pipe mot. C’est pourtant avec l’argent des contribuables allemands et français et sur la commande politique expresse de MM. Kohl et Chirac que s’écrit et se répand un « manuel d’histoire » franco-allemand officiel qui – la « paix » a bon dos ! – vise clairement à pré-formater l’« histoire » enseignée aux futurs petits « Françallemands ». Qu’y faire ? A « communauté de destin » européen, reformatage mythique d’un passé commun où le 11 novembre et le 8 mai deviennent subrepticement de grandes dates de l’amitié franco-allemande ! Tout cela ne vérifie que trop hélas l’adage ironique qui affirme qu’ « en histoire on ne sait jamais de quoi hier sera fait »… Comme si la « distanciation » propre à l’historien devait se fixer pour tâche unique la « déconstruction du récit national » tout en fermant les yeux sur le nouveau roman supranational européen qu’une myriade de cercles idéologiques mettent en place avec l’appui des d’institutions !
Car quitte à dépasser « scientifiquement » (ce qui ne signifie pas liquider, mais insérer, situer et recadrer) le « récit national », autant ne pas s’enfermer par avance dans une visée « européenne » étriquée : autant voir large, partir de loin et viser haut. Ce pour quoi il faut assumer à la fois le patriotisme français, l’universaliste humaniste, la déconstruction des idéologies coloniales et sexistes et, pourquoi pas, le souci environnemental devenu incontournable en situant notre histoire nationale, non seulement dans celle de l’humanité, « préhistoire » incluse (le peuplement de l’Hexagone n’a commencé ni avec les Celtes, ni même avec les Ibères ancêtres des Basques !), mais, pourquoi pas, dans celle du devenir général de la nature sur lequel la zoologie de l’évolution, la botanique, la géologie et le climatologie, l’astrophysique et la cosmogonie ont accumulé les connaissances les plus solides[20]…
5. User du doute méthodique à l’encontre de l’idéologie contre-révolutionnaire et anti-progressiste
Quel beau rêve c’est déjà, pour l’oligarchie mondiale, qu’une Europe devenue « historiquement correcte », qui perd ou renie la mémoire du Grec Solon abolissant l’esclavage pour dettes, des Gracques luttant pour la loi agraire, de Spartacus baladant les légions de Crassus, des Soldats de l’An II dispersant la Coalition monarchique et ses relais chouans, de Toussaint Louverture affrontant Bonaparte, de Garibaldi fusionnant en sa personne le patriotisme italien et le cosmopolitisme progressiste, des Soviets repoussant dix-huit armées impérialistes, de Clara Zetkin unissant pour l’Egalité le combat des femmes à celui du prolétariat, de toutes ces histoires nationales si diversement porteuses d’émancipation générale que l’on somme aujourd’hui de se dissoudre dans l’acide de la « mondialisation heureuse » chère aux idéologues de la « fin de l’histoire »[21]. Mais à l’inverse, quel cauchemar pour les classes exploitées et pour les peuples dominés, tous gavés dès l’enfance de l’idée nihiliste que l’émancipation sociale et l’affranchissement national mènent au pire… alors que la « bonne gouvernance » reposerait à jamais sur une totale abdication de soi : auto-phobie des « communistes », hier huïstes et aujourd’hui laurentins, reniant l’« illusion » bolchévique, auto-phobie nationale de nos élites s’acharnant sur l’« exception française » (toujours « franchouillarde », « franco-française » et « hexagonale »…), et plus généralement, mauvaise conscience achevée des « damnés de la Terre » promis à la servitude volontaire éternelle par la croyance que toute lutte progressiste n’enfantera jamais que des lendemains qui déchantent… Le tout mâtiné de xénophobie et de diabolisation de l’Autre, le Russe au Poutine entre les dents, le Nord-Coréen au missile entre les dents[22], le Mollah irano-libanais, l’Envahisseur islamo-prolétarien, sans oublier le Chinois plus rusé et sournois que jamais…
Tant il est vrai que, comme l’a montré Sartre, la haine d’autrui est inséparable du mépris de soi et que la xénophobie et l’auto-phobie nationales se nourrissent aux mêmes racines de classe antipopulaires…
Résumons-nous :
En matière historique, la position progressiste ne consiste ni à mythifier le passé national ni à l’ignorer ; pas plus qu’elle ne mène à le nier, à le dénigrer ou à le diaboliser en dissimulant ses contradictions objectives, ses complexités, ses racines diverses et ses dynamiques contradictoires.
Il ne peut s’agir davantage de nier a priori, au nom d’un marxisme primitif, que les classes dominantes aient pu, dans des conditions toujours relatives et transitoires qui semblent avoir fait leur temps en France, jouer un rôle progressif partiel même si, sur la longue durée, ce sont bien les peuples opprimés, les classes exploité(e)s et, ne l’oublions jamais, le sexe si longtemps dominé, qui portent structurellement ce que Hegel appelait superbement la « patience du négatif ».
L’attitude progressiste ne peut non plus consister à substituer une mémoire orientée, ni a fortiori une hagiographie, fût-elle révolutionnaire – convenons qu’aujourd’hui, ce n’est pas, et de loin s’en faut, le risque méthodologique principal ! – à l’approche en droit objective de l’historien exerçant méticuleusement son métier. C’est-à-dire à une approche matérialiste partant des faits[23] et s’efforçant de dégager de grandes tendances socio-historiques, voire, quand cela s’y prête et sans forcer le trait, des constantes et pourquoi pas, des lois du devenir social. Le grand PCF du Front populaire et de la Résistance antifasciste avait entrepris ce travail de reconquête éclairée de l’histoire nationale, avec de grands historiens comme Albert Soboul ou avec des philosophes comme Politzer ou Lucien Sève[24]. Qui reprendra aujourd’hui cette tâche où l’intérêt national, le service du peuple travailleur et celui de la recherche objective, sont en droit solidaires ?
- Marxisme et Universalisme, Classes, Nations,Humanité paru aux Editions Delga en 2015,
- et de Lumières Communes, cours laïque de philosophie à la lumière du matérialisme dialectique, à paraître en 2016 aux Editions Delga
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[1] Professeur agrégé de philosophie, militant du PRCF. Dernier livre paru, Marxisme et universalisme, Delga 2015. A paraître incessamment sur souscription chez le même éditeur Lumières communes, Traité de philosophie générale à la lumière du matérialisme dialectique.
[2]Et pourtant l’organisation unitaire de combat mise en place par le PCF clandestin sous l’Occupation se nommait bien Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France… Dans le célèbre film de Jean Renoir intitulé « La vie est à nous » et commandé par le PCF en 1936, on voit à tout instant l’élan patriotique voisiner avec le souffle internationaliste, le drapeau rouge voisiner avec le drapeau tricolore et l’Internationale prolonger subtilement la Marseillaise… Mais avant de se prononcer sur l’histoire de France, les actuels dirigeants du PCF devraient faire se réapproprier l’histoire qui fut celle de leur parti avant que ce dernier n’ait « muter » pour devenir l’antenne hexagonale du Parti de la Gauche Européenne…
[3] Voire « atlantico-réceptif ? A ce propos, le PC de Grèce, KKE, vient de dénoncer un début de collusion du PCF-PGE avec l’OTAN dans le cadre de cette auberge espagnole qu’est devenue la Fête de l’Huma.
[4]Ce mot suscite de légitimes suspicions méthodologiques. Nous l’employons tout de même ici pour renvoyer à leurs contradictions les anticommunistes qui dirigent l’UE « libérale » : étrange « antitotalitarisme » qui a gravé dans le marbre des Traités la prohibition définitive de toute espèce d’alternative sociale et de pluralisme politique effectifs.
[5] … qui figurait sur la liste commune PS/PC aux municipales parisiennes, et dont le siège de sénateur francilien dépend d’ailleurs objectivement du futur bon vouloir du PS…
[6] Combien de ces « écolos » qui ne disent mot contre le nucléaire militaire quand ils sont au pouvoir et qui « engueulent » ouvertement les « lâches » dirigeants « munichois » de l’Occident, coupables de ne pas intervenir à tous propos manu militari, et de préférence, au sol dans les Etats du Sud… et avec les jolis résultats que cela a donné du Mali à l’Irak en passant par la Syrie, par l’Afghanistan et par la Libye !
[7] M. Chassaigne s’est apitoyé sur ces « élus socialistes ou écolos » qui « souffrent » tant de la politique élyséenne… Il nous permettra de plaindre davantage les ouvriers, employés, chômeurs, profs de collège, paysans, etc., qui souffrent durement de la politique de Hollande que soutiennent ces « malheureux » élus PS et écolos bourrés d’états d’âme !
[8] Cette recette a déjà maintes fois servi pour grimer en « antifascistes » les politiciens pro-Maastricht dont les reniements (du gaullisme, du jauressisme, du communisme…) ont tour à tour gonflé les voiles du FN. On l’a encore vu lors des Régionales où le PS et le PCF-PGE ont appelé à voter pour les « antifascistes » C. Estrosi et X. Bertrand…
[9] Accusé mensongèrement au procès des incendiaires du Reichstag, Dimitrov ridiculisa Göring et le procureur nazi !
[10] A l’adresse du PC français, Dimitrov citait Jeanne d’Arc, l’héroïne populaire à laquelle les dramaturges allemands B. Brecht et A. Seghers consacreront par la suite, en vrais marxistes, la pièce intitulée Le procès de Jeanne d’Arc)
[11]C’est en France que la Conspiration pour l’Egalité de Babeuf et de Buonarotti accoucha du premier mouvement politique au monde, précurseur des partis marxistes, qui appelât à la lutte révolutionnaire pour une société sans classes…)
[12] Il paya ce geste de sept ans de détention et d’un humiliant « triomphe » dans les rues de Rome, aussitôt suivi par une strangulation.
[13] Comme l’avait signalé Engels quand il montra comment la Révolution a su favoriser la fusion dans un unique creuset citoyen de composantes régionales marquées par une grande diversité linguistique, culturelle et juridique
[14] C’est en effet le « prophétisme féminin » qui, selon la médiéviste Colette Beaune, structure largement la geste patriotique, populaire et messianique de Jeanne. Ce dispositif politico-charismatique était alors la seule « entrée en politique possible pour une femme du peuple… Par ailleurs, il semble que la famille de Jeanne, qui n’était pas noble, se nommait Darc, et non d’Arc, ce qui signifie… du Pont dans le patois de la marche lorraine.
[15] Selon eux, l’incontournable débat civique sur l’histoire de France doit être courageusement abandonné aux « historiens » : comme s’ils étaient tous des scientifiques impeccables et comme si certains d’entre eux n’étaient pas passionnément engagés dans la révision contre-révolutionnaire et euro-formatée de l’histoire nationale et mondiale… Ils sont scientifiques, voyons, et la preuve, c’est qu’ils le disent !
[16] Panthéon dans lequel ne figure même pas Croizat, le fondateur communiste de la Sécu, ni Marcel Paul, déporté-résistant, organisateur d’un réseau militant à l’intérieur d’un camp allemand, secrétaire de la Fédération CGT de l’Energie, créateur d’EDF et du statut des électriciens-gaziers…
[17] Lénine voyait plus large : dans la liste des noms qui lui était soumise et qui devait figurer sur un monument dédié aux précurseurs du socialisme, Lénine avait conservé les noms de Proudhon, de Jaurès ou de dirigeants anarchistes français, et il n’en avait retiré qu’un : le sien.
[18] C’est le cas des différents séparatismes régionalistes et des divers communautarismes religieux, pour n’évoquer que deux facteurs actuels de décomposition nationale, sans parler du négationnisme fasciste…
[19] Ajoutons qu’un certain antipatriotisme anarchisant qui, de manière parfois bien sympathique, brocarde l’armée, la police, l’école, l’ « autorité » et la nation elle-même (Prévert, Brassens, Renaud, voire, au début de leur carrière, les futurs patriotes Aragon ou Eluard…) appartient typiquement, quoiqu’à son insu, à l’héritage de la gauche française alors que, dans tant de pays, même la gauche est terriblement patriote…
[20] Comme l’a noté Michel Serres, et bien avant lui Friedrich Engels, les sciences modernes, y compris les « sciences dures », se font de plus en plus « historiennes ». Loin d’invalider à jamais les « grands récits » (le théorie de l’Atome primitif et de l’expansion de l’univers, dont le cosmogoniste belge Georges Lemaître dessina de manière fulgurante les grandes lignes ne date pas d’hier, sans parler des hypothèses de Kant et de Laplace sur la formation du système solaire !), c’est sur des bases vérifiables que les sciences cosmo-physiques, planétologiques, géologiques, biologiques, anthropologiques, reconstituent pas à pas la chronologie de l’univers, du système solaire, de la Terre, de l’évolution biologique, sans oublier l’hominisation, n’en déplaise aux idéologues postmodernes et anti-progressistes qui dévaluent toute idée de sens ou qui l’abandonnent aux religions. Et dire que dans certains milieux historiques et philosophiques, on se croit encore d’avant-garde quand on prétend, contre le marxisme qui n’a d’ailleurs jamais réduit l’histoire à du récitatif, que le « temps des grands récits » est forclos !)
[21] … qui, pour peu que l’on parle, non de l’historicité humaine mais de la discipline historique, ne croient hélas pas si bien dire !
[22] Et puisqu’il est question de guerre atomique, rappelons que jusqu’à nouvel ordre, ce n’est pas le « dictateur fou de Pyongyang » qui a ordonné d’atomiser Hiroshima et Nagasaki… Mais une fois encore, sait-on jamais de quoi hier sera fait ? L’Obs ne fait-il pas sa Une, d’une brûlante actualité, sur « Mao le plus grand criminel de l’histoire » pendant qu’à Tokyo, le gouvernement ultra-droitier minimise les menées génocidaires antichinoises du Japon militariste et entreprend d’en finir avec la constitution pacifiste imposée au Japon après 1945…
[23] La recherche historique doit certes reconstruire rationnellement les faits et se méfier des fausses évidences de l’empirisme, comme c’est le cas dans toute science, mais la vérité historique n’est jamais seulement une « construction », ni une « fabrique de l’histoire » : sans cela, nul n’aurait rien à objecter au révisionnisme historique !) et d’une démarche dialectique prenant en compte toutes les contradictions et toutes les bifurcations du devenir humain. Mais hélas, nous décrivons là l’historien idéal plus que la triste réalité qui domine aujourd’hui, où, comme ledit l’historienne Annie Lacroix-Riz, l’histoire, spécialement l’histoire contemporaine, est « sous influence » et suit majoritairement le sillon contre-révolutionnaire lourdement partial tracé par Courtois et par feu François Furet.
[24]Cf, malgré quelques simplifications reconnues ultérieurement par l’auteur, son grand livre des années soixante sur L’histoire de la philosophie en France de 1789 à nos jours.