Les travaux de ma ville

par C’est Nabum
jeudi 6 décembre 2012

Quand on n'en voit jamais la fin.

Vidéo pour mémoire : 

Hélas, tout est vrai ...

Nous pensions en avoir fini avec les travaux interminables, les rues défoncées, les voies barrées et les routes transformées en piste de safari. L'avènement de la seconde ligne de tramway devait sonner le glas des contrariétés autoroutières, des difficultés passagères et des jeux de piste urbains. Mais que nenni, quand le pli est pris, il faut savoir le garder, c'est une condition essentielle pour ne pas devenir fou.

Le premier axiome qu'il est important de maîtriser pour conserver calme et lucidité, c'est de se dire qu'une fois commencés, les travaux ne sont pas près de se terminer ! Qu'importe la longueur de la rue qui reçoit cette armada formidable de pelles et d'engins, d'hommes en jaune, de barrières bicolores et néanmoins fluorescentes, de tas de sable, d'ornières et de chausse-trappes.

Il se trouve ici quelques habitants qui se demandent si la ville participe à un concours de lenteur, un défi international pour battre des records d'inefficacité. Des passages de moins de 500 mètres ont été ainsi barrés plus de six mois, occupant, on se demande vraiment comment, son leur lot d'ouvriers du BTP.

Celui qui est touché directement par cette folie taupinière, passés les quelques moments d'exaltation du début de l'ouvrage, n'en finit plus de railler l'immobilisme du chantier. Puis il s'énerve contre tous les désagréments qui, de manière concomitante, n'en finissent pas de durer. Je ne vous parle pas de l'état des maisons en rez-de-chaussée quand elles ont le malheur d'être en première ligne de ce combat de tranchées …

Le second axiome à ne jamais oublier est de se dire que quand par miracle, on pense que c'est enfin terminé, que l'agitation laborieuse a enfin cessé, vous n'êtes jamais à l'abri d'une rechute, d'un sursaut de travail, d'une intervention qui vient remettre le couvert et défaire une partie de ce qui avait mis si longtemps à être achevé.

C'est, je crois, le moment le plus redoutable pour le riverain qui se croyait tiré d'affaire, qui avait entrepris le grand nettoyage intérieur qui s'imposait et qui retrouve poussière, bruit et désagréments après une si courte trêve. Il y a de quoi tomber fou.

Le troisième axiome qu'il est recommandé d'intégrer immédiatement c'est de n'attendre jamais de la municipalité le plus petit début de commencement d'explication, de n'espérer aucune information et de renoncer à l'espoir de comprendre la nature des difficultés rencontrées, des retards accumulés, des malfaçons à refaire. On ne discute pas avec la plèbe dans notre bonne ville.

Le pauvre usager excédé ne doit pas plus aller s'enquérir de la chose auprès des pauvres travailleurs qu'on laisse mijoter à petit feu sur la route en question. Eux sont comme les habitants, ils n'ont droit que d'exécuter et surtout de ne rien comprendre à ce qu'on leur demande de faire. Ce doit être une manière moderne de management des travaux publics que de ne jamais donner de perspective aux simples exécutants.

La dernière règle qu'il est bon à tout à chacun de se mettre une bonne fois pour toutes dans le crâne c'est que la police, municipale ou bien nationale n'a que faire du contexte. Elle agit avec la sévérité qui s'impose dans un pays où celui qui tente difficilement de circuler n'est qu'un mouton à tondre ou bien une vache à traire. C'est d'ailleurs assez plaisant d'imaginer qu'on puisse nous laisser ce choix, nous pourrions bien devenir les deux !

Dans une ville où la démocratie locale fonctionnerait un peu mieux, on serait en droit de demander des explications sur cette plaie des travaux qui avancent parfois moins vite qu'un escargot. Certaines rues ont dû avoir un taux d'avancement inférieur au centimètre à l'heure. Mais ici, point n'est la peine de réclamer des comptes, de s'enquérir de savoir si les retards sont dus par exemple à des défauts de paiement, des erreurs de dossiers, des fautes de planification, .... Il n'y a aucun espoir que votre question arrive jusqu'au pouvoir suprême.

Alors, vous rongez votre frein, vous cherchez à garder l'équilibre si vous êtes en deux roues, vous vous salissez tous les jours si vous êtes piétons, vous perdez temps et énergie en voiture. Les transports collectifs connaissent des difficultés de régularité et vous renoncez à croire que vous vivez dans une ville où le bien-être des habitants est une donnée prise en compte.

RouteBarréement vôtre.

 

Je dédie ce petit texte aux usagers, habitants et passants des rues des Carmes, du Pressoir Neuf, De la Bourrie Rouge, des Murlins, de Bel Air qui ont eu à subir des records de durée de travaux et qui pour certains sont encore en souffrance ...


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