Loi sur la prostitution : Mauvaises solutions qui vont contre la cause défendue

par Roger bernard
lundi 9 décembre 2013

Adoptée en première lecture le 4 décembre 2013 par l'Assemblée, la proposition de loi contre le système prostitutionnel divise au delà du clivage gauche-droite. Hâtivement proposée, hâtivement votée, mal préparée, mal discutée, le fond de cette proposition n'est fondamentalement pas mauvais, mais le résultat est bancal et décevant.

De bonnes idées qui auraient dû être approfondies

Parmi les principales dispositions du texte, l'article 2 pose les bases du problème traité : non pas du système prostitutionnel dans sa globalité, mais de ses dérives, ses violences, de ces femmes victimes d'une traite d'être humains, celles des réseaux de prostitution. La question de la prostituée indépendante est déjà abandonnée.

L'article 3 suit cette directive en proposant une aide aux victimes de la prostitution,en leur faisant disposer d'une système de protection et d'assistance.

Un article 15 dispose d'une "Intégration de la lutte contre la marchandisation des corps parmi les sujets traités durant la scolarité. ", formulation creuse, la question de la manière dont ce sujet sera traité laisse perplexe, la marchandisation des corps ne se résumant pas à la prostitution et étant défendue par certains détracteurs de la loi Taubira.

Ces idées ne partent pas d'un mauvais fond, mais auraient méritées d'être d'avantage discutées, notamment sur les moyens qui seront mis en oeuvre, ce qui déterminera de leur efficacité ou non. L'ensemble laisse un goût d'inachevé, il n'y a aucune mention sur les réseaux mafieux de prostitution.

L'idéologie féministe prime sur la défense des victimes des réseaux mafieux

La suite de la proposition de loi met à jour la portée idéologique de ce projet. Le rapport de force s'inverse.

Pénalisation client, abrogation du délit de racolage. Client coupable, prostituée victime.

Incapable d'accepter qu'une relation tarifée puisse être consentie, le texte suppose l'Homme comme l'exploiteur, la Femme comme l'exploitée.

L'article 6 qui dispose d'une "Délivrance d'une autorisation provisoire de séjour d'une durée de six mois pour les personnes étrangères engagées dans un parcours de sortie de la prostitution." est une abbération qui pourrait accompagner la création de réseaux d'immigration clandestine sans aucuns risque pour ceux-ci car cet article ne prévoie aucune action contre ceux-ci, et est donc potentiellement dangereux.

Les conséquences ne se feront pas attendre. Face à la précipitation pour éviter un débat stérile et clivant comme celui de la Taubira, cette mauvaise loi car mal préparée et mal débattue ne réglèra aucun problème, si ce n'est qu'elle ne fera que les aggraver. La dimension idéologique à une fois de plus primée sur la volonté même de régler le problème que l'on veut traiter.

Incapable, ou n'acceptant pas, de reconnaître qu'il existe une prostitution choisie et une prostitution subie, poussant à la clandestinité de la prostituée indépendante et du client, ceux qui s'organiseront le mieux contre ce texte, ce sont les réseaux mafieux, ce qui va à l'encontre des objectifs que s'étaient fixés ses défenseurs.

Tout texte défendant les victimes du système prostitutionnel, les réseaux mafieux, l'exploitation est évidemment bénéfique et sera naturellement défendu par une majorité, ce sont les moyens qui sont ici dénoncés.

On a l'impression d'un texte qui part d'une bonne intention mais avortée, il n'était bien entendu pas prêt pour être mis sous forme de proposition de loi et voté.

Les défenseurs de ce texte doivent surpasser cette idéologie féministe qui est contre les femmes, doit repenser le rapport entre client et prostituée et doit penser le système prostitutionnel dans sa globalité.

Source : http://www.assemblee-nationale.fr/14/dossiers/systeme_prostitutionnel_renforcement_lutte.asp


Lire l'article complet, et les commentaires