Luxe, calme, volupté… et pauvreté

par Michel DROUET
lundi 31 octobre 2011

Sous le titre « quand les projets d’hôtels de luxe fleurissent », Ouest France de vendredi dernier nous informe de quatre projets d'implantation en cours à Rennes.

Normalement, nous devrions nous féliciter de l’implantation d’hôtels, de luxe ou non, à Rennes (ou ailleurs), car cela témoigne d’une vitalité économique qui sera accompagnée de créations d’emplois et d’un surcroît de notoriété pour la Ville qui cherche à se faire une place sur le marché des villes de congrès.

Mais voilà, un article de la page précédente de ce journal du même jour parle de la mise en place du plan hivernal d’hébergement d’urgence pour les sans-abris qui comporte un dispositif complémentaire de nuits d’hôtels.

Pas dans les mêmes, sans doute.

Dans les deux cas, c’est nous qui payons ces nuitées d’hôtel, par la solidarité nationale plus que nécessaire en ces temps de récession, pour les familles qui seraient à la rue sans les dispositifs sociaux, et par le prix que nous payons lorsque nous achetons le moindre produit manufacturé, la moindre prestation et dont une part sert à alimenter ces hébergements luxueux.

L’écart entre riches et pauvres devient de plus en plus grand, la bonne fortune des premiers se faisant souvent au détriment des seconds qui subissent, sans espoir de pouvoir bénéficier de quelques miettes de l’accroissement de richesses, exonérées d’impôts au titre de la compétitivité, ou partent dans des paradis fiscaux.

La pauvreté est discrète, honteuse, quand le luxe est souvent tapageur et ostentatoire et en décalage complet avec la société actuelle.

Les hôtels de luxe permettront aux exilés fiscaux suisses qui viennent chanter à Rennes à des tarifs prohibitifs (60 et 100 € la place pour Charles Aznavour) d’assouvir leur besoin de luxe, de calme et de volupté sans percevoir le silence assourdissant de la pauvreté des refuges temporaires ou des logements non chauffés ou insalubres.

L’argent est roi, l’argent rend fou. La société subit ce règne et les conséquences de cette folie. Il devient urgent de revoir notre système de valeurs.


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