23 Septembre 2010, jour de manifestation nationale. 410 000 manifestants selon la Police...2,9 millions selon les syndicats, soit sept fois plus. La guerre des chiffres bat son plein, et contrairement à toutes les guerres humaines, dans celle-ci, il n y a jamais de gagnant. Et ça ne dérange aucun des belligérants.
A la fin de cette journée, fin de l’été et entrée de l’automne, l’ensemble des journalistes interrogent les différents acteurs de cette journée. Les syndicats bien sûr, mais aussi les membres de la majorité, et chacun campe sur ses positions. Réussite pour les uns, échecs relatif pour les autres, pression accentuée pour les uns, assentiment populaire pour les autres, et enfin on annonce que l’on va refaire une nouvelle journée de mobilisation chez les uns, persévérance dans l’intérêt des français chez les autres.
On a l’impression d’avoir déjà vu ce film, comme une mauvaise pensée qui nous trotte dans l’esprit sans jamais disparaître. Mais une scène n’a jamais eu lieu. L’invective d’un camp ou de l’autre pour contester les chiffres de la mobilisation ! Menteur ! Voyou ! C’est un scandale de donner de pareilles chiffres ! Et puis quoi encore, dites qu’il n’y a pas eu de manif’ tant qu’vous y ètes !
Comment un syndicat qui affirme avoir mobiliser 2,9 millions de personnes ne crie t-il pas, ne gueule t-il pas au scandale lorsque l’Etat en annonce sept fois moins ? Comment les représentants de la Police peuvent-ils laisser passer le fait que des syndicats annoncent sept fois plus de personnes ? Pourquoi se contente t-on des éternels : "410000 selon la police et 2,9 millions selon les syndicats..."
La réponse est plutôt évidente, ces mobilisations n’ont aucune importance. Les uns vendent des saucisses et jouent de la sono, les autres boivent un bon café en discutant de leur dernière vacance parlementaire. Aujourd’hui on a fait de la manifestation un concours du plus grand nombre d’âmes que l’on pourra faire descendre dans les rues, un rassemblement "correct et "sympa", rassemblant les lycéens "inquiets" et les profs "démunis". Une mobilisation contestataire encadré par la Police. Il y en a même qui manifeste ! Un rassemblement populaire.Une organisation calme et discipliné. Ouaou ! Les gouvernants doivent transpirer de peur et d’appréhension ! Comme but, on ne peut pas faire plus grand. Comme objectif, on ne pas avoir plus noble.
On comprend vite que chacun y trouve son compte, et comme l’objectif est fallacieux, la discorde l’est tout autant. A la fin de cette "journée de mobilisation nationale" qui ne laissera aucune trace, pas même du papiers sur les trottoirs, il faut bien qu’on affiche une discorde, qu’il y est des traces de cette affrontement herculéen,pourquoi pas des chiffres différents, ça marche tojours après tout ! Et dans cet affrontement aucun perdant, ah si, peut être, la mère de famille modeste, sans voiture,qui n’a pu déposer son enfant à l’école et qui arrive en retard, stresse encore plus que la normale, met trois heures pour rentrer, et enfin entend :"410 000 selon la Police, 2,9 millions selon les syndicats..."