Manifestations anti-CPE : démocratie, je crie ton nom !

par Cirrol
vendredi 17 mars 2006

Démocratie : la démocratie repose sur le respect de la liberté et de l’égalité des citoyens (Petit Robert). Il serait peut-être nécessaire de rajouter : définition abstraite, non conforme à la réalité.

Et voilà de nouveau la rue qui s’agite. Si vous demandez à la plupart des personnes qui manifestent pourquoi elles le font, elles ne sauront pas répondre efficacement à cette question : qu’est-ce que le CPE ?

La révolte a commencé par l’Université, elle-même entraînée par des caciques hostiles au pouvoir en place et totalement inconscients de ce qu’ils déclenchaient (on aimerait le supposer...). La fronde de certains étudiants heureux d’un nouveau prétexte pour dresser le poing, sans avoir une véritable approche de la réalité du monde du travail, entraîne à présent celle des lycéens (?) qui profitent de l’aubaine pour ruer dans les brancards de la société. Tout le monde a le droit de s’exprimer, certes. Nous sommes en démocratie. Le gouvernement aurait dû être plus didactique et mieux expliquer son choix de route, même si l’on peut comprendre qu’il ait choisi la rapidité face aux difficultés croissantes de l’emploi. Il ne faut pas bousculer les Français. Ils sont trop attachés à leurs prérogatives et habitudes pour arriver à comprendre du premier coup ce qui peut leur être utile. Après tout, pourquoi ne pas essayer ? Les lois sont faites pour être changées. Rien n’est jamais fixé pour l’éternité. Les jeunes, actuellement, font des stages, ont des contrats en CDD renouvelables ou non, peinent à trouver un emploi en CDI. Qu’ont-ils à craindre d’un CPE ? Une période d’essai trop longue ? Le risque que le contrat soit interrompu sans préavis ? Ne comprennent-ils pas que ce coup de pouce aux petites entreprises leur permet d’embaucher plus facilement sans craindre de grever sérieusement leur budget ? Mais combien d’entreprises embaucheraient si elles savaient que cette soupape de sécurité leur permettrait de survivre aux coups durs ? Evidemment, il y aura toujours ceux qui en profiteront pour faire n’importe quoi. C’est là que la loi pourrait être mieux conçue, afin de protéger l’employé du patron malhonnête. Fermons la parenthèse et revenons à la démocratie.

En démocratie, chacun a le droit de manifester sa colère ou son contentement (pourquoi pas ?). Mais ceux qui manifestent ont-ils le droit d’empêcher ceux qui ne pensent pas comme eux de continuer leurs activités (dans le cas présent, on interdit l’accès des universités aux étudiants qui veulent travailler). Ceux-là mêmes qui exigent le droit de manifester veulent priver les autres du droit de ne pas le faire. Où est l’égalité, le respect de la liberté de l’autre ?

J’aime la France, c’est mon pays, même si je ne suis pas "nationaliste". Et j’ai peur. Que nous ne sachions pas ou ne puissions plus redresser la barre. Que nous nous retrouvions à la traîne des pays "développés". Que la population qui ne travaille pas finisse par résorber celle qui travaille, car tout a ses limites. Qu’une partie des Français continuent à penser qu’il vaut mieux devenir fonctionnaire que permettre, par son travail, que l’administration continue d’exister. Que nous ne sachions plus dire non à tous les débordements : politiques, judiciaires, religieux. Que nous trouvions toujours des excuses à ceux qui empêchent le pays d’avancer et de vivre en paix, sous prétexte de ne pas froisser certains esprits trop occupés par leur propre résonnance pour entendre celle des autres.

Démocratie, je crie ton nom, et j’espère du fond du coeur que l’écho me répondra.


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