Mariage homosexuel : malgré tout, le Conseil Constitutionnel a raison

par Laurent Herblay
samedi 29 janvier 2011

Jeudi, le Conseil Constitutionnel a refusé de statuer sur le mariage homosexuel. Parallèlement, un sondage indique que 58% des Français y sont favorables et 35% opposés, signe d’une évolution assez rapide des mentalités sur la question.

Une décision prévisible

Même si je suis favorable à la légalisation du mariage homosexuel, je crois que le Conseil Constitutionnel a pris la bonne décision. Sur la base des textes existants, il ne me semble pas que les Sages avaient autorité pour autoriser ce que le législateur n’avait pas fait. Comme l’indique l’article du Monde, le code civil indique clairement que le mariage, en France, est une union entre un homme et une femme. Accepter que le Conseil Constitutionnel puisse défaire cela porterait un grand risque.

En effet, je crois que la justice doit exécuter les lois votées par les Assemblées et ne doit pas céder à la tentation législative qui existe aux Etats-Unis où la Cour Suprême, outrepassant le rôle qui devrait être le sien, émet des jugements de nature législative et non judiciaire. Nous devons éviter le gouvernement des juges et des experts de toutes sortes, qui affaiblit la démocratie et le rôle des gouvernements. Et du fait de nos textes, cette question doit être tranchée par le Parlement.

Une légalisation qui viendra

De toutes les façons, l’évolution rapide de l’opinion, aujourd’hui largement favorable à la légalisation, devrait permettre une évolution de nos lois. Et ce n’est pas l’opposition du Front National ou celle de Jacques Myard, qui dépasse Marine Le Pen par sa droite (en considérant que les notions de droite et de gauche aient un sens sur cette question) qui freinera un mouvement qui semble bien engagé. La France avait pris de l’avance avec le PACS. Elle est aujourd’hui en retard sur cette question.

Car je reste partisan de la légalisation du mariage homosexuel pour plusieurs raisons. Je crois qu’il n’est pas normal que la République traite les couples homosexuels comme des couples de seconde catégorie par rapport aux couples hétérosexuels. Quel message envoie la société en faisant deux poids deux mesures ? Implicitement, cela sous-entend qu’il y a une sexualité plus légitime qu’une autre et que les homosexuels sont des citoyens de seconde catégorie.

La République ne doit pas distinguer ses enfants selon leur sexualité. La distinction faite par la société entretient l’idée que tous les citoyens ne se valent pas, ce qui est inacceptable. Bien sûr, certains évoqueront les enfants pour faire la distinction. Mais que faire alors des couples stériles ? Leur interdire le mariage ? En outre, ceux qui évoquent cela sont souvent opposés à l’adoption par des couples homosexuels, dans un raisonnement circulaire.

Bien sûr, la décision du Conseil Constitutionnel en décevra certains, mais, malgré tout, il ne revenait pas aux sages, qui doivent veiller à l’application des textes et pas à les créer, de prendre une telle décision. Il reviendra au Parlement de réaliser cette avancée nécessaire.


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