Merci au Monde pour son travail sur les Monsanto Papers

par Laurent Herblay
mercredi 7 juin 2017

Je suis plus souvent en désaccord avec le Monde qu’en accord. Mais il faut reconnaître, qu’à la suite de ce que menait Hervé Kempf, et qu’il mène toujours sur Reporterre, le quotidien du soir apporte une contribution déterminante au combat contre les abus de Monsanto, avec sa nouvelle série de papiers sur les Monsanto Papers, qui révèlent une part de la face cachée de cette multinationale.

 

Monsanto, au mépris de notre santé et de la démocratie
 
Bien sûr, une entreprise a pour seul objectif de maximiser ses profits et de générer toujours plus d’argent pour ses propriétaires. En cela, Monsanto a construit un modèle efficace en liant ses plants OGM brevetés à son principal herbicide, le glyphosate, vendu sous la marque Roundup. Ce faisant, l’utilisation de l’un pousse à l’utilisation de l’autre, dans un vase-clos ultra-profitable, la dépendance vis-à-vis d’un fournisseur étant l’une des voies les plus efficaces pour battre des records de profit, surtout quand la base de clients est large, assurant que le pouvoir de marché reste principalement dans les mains de ce fournisseur qui peut asservir ses clients, un modèle d’affaires qui en inspire d’autres.
 
Et dans une industrie qui repose beaucoup sur les autorisations de l’Etat, Monsanto a démontré une grande capacité à savoir se placer où il le faut, au point de susciter la dénonciation publique de dizaines d’ONG dans le cadre de la procédure de la prolongation de l’autorisation de commercialisation du glyphosate dans l’UE. Ces dernières ont dénoncé à la fois les conflits d’intérêt de l’agence qui a éxonéré la substance du qualificatif de « cancérogène  », donné par une agence de l’OMS, mais aussi l’opacité et l’origine des études qui ont justifié ce jugement. Les nouvelles révélations des Monsanto Papers ont levé le voile sur d’autres aspects des pratiques choquantes de la multinationale.
 
Elles évoquent un véritable harcèlement de la multinationale contre les scientifiques qui osent mettre en doute la sûreté de ses produits. Et Marianne est revenu sur le déploiement de trolls pour polluer les articles critiques, renvoyant vers des études souvent financées par l’entreprise, selon le principe de « ne rien laisser passer ». S’il n’est pas illégitime qu’une entreprise défende ses produits (du moins, quand elle est sûre de leur innocuité), le cas de Monsanto pose d’autant plus problème que les mémos internes révélaient des inquiétudes dès la fin des années 1990. Aujourd’hui, le comportement de l’entreprise semble bien davantage motivé par la défense de ses intérêts que de la vérité…
 

 

Merci donc au Monde pour son beau travail sur le sujet. Vous trouverez notamment dans les questions-réponses avec le lecteur des liens vers de nombreux papiers très intéressants. Dommage que le journal ne parvienne pas à se demander s’il est normal qu’un Etat puisse ne pas avoir son mot à dire sur le sujet, et soit contraint de s’en remettre aux procédures critiquables de l’UE.
 

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