Merveilleuse Adjani, merveilleux point sur les i

par Yohan
samedi 21 mars 2009

La chaîne Arte vient de projeter en avant première le film de Jean Paul Lilienfeld, "la journée de la jupe" interprété par une éblouissante Adjani, qui signe avec ce film à petit budget, un retour magistral à l’écran après six ans d’absence.

Voilà un sujet fort et autrement plus didactique que le mièvre et consensuel "Entre les murs" couronné à Cannes comme ailleurs.

Mais un sujet trop radical et sûrement trop dérangeant au point d’encourir le boycott des producteurs, la faute à un synopsis qui effraie.

Pourquoi ?

Parce qu’il révèle au grand jour la désespérance des profs, l’impuissance et les renoncements coupables de l’institution scolaire, l’inculture crasse, la violence et la misère sociale dans laquelle baigne une jeunesse sans repère et sans avenir et aussi et surtout parce que, ne livrant aucun message d’espoir, il laisse chacun d’entre nous à sa propre méditation.

Une réalité qu’il est difficile de regarder en face et qu’on préfère éluder en s’attachant plus commodément aux réussites éphémères de quelques rappeurs d’opérette et créateurs de mode urbaine, autant pour entretenir l’espoir que pour anesthésier les consciences.

Et pourtant, quelle claque assenée à tous ceux qui s’évertuent à voir dans la défense de la laïcité un combat d’arrière garde.

Ce film relate l’histoire d’une prof de français exerçant en ZEP, abandonnée par son mari et au bout du rouleau, qui voit son cours, une nouvelle fois chahuté, déraper vers un scénario quasi irréel, celui d’une prise d’otage des élèves par leur professeur.

Les dialogues sont crus, sans fard, tantôt misogynes, tantôt antisémites et pourtant si authentiques, un témoignage nécessaire sur la violence ordinaire qui sévit dans bon nombre d’établissements scolaires en situation de relégation. Un pétage de plomb par cinéma interposé qui devrait toucher au coeur les enseignants de terrain, tout comme les élèves eux mêmes, au plus profond de nos banlieues, idéalement une catharsis....

Au côté d’Adjani, une brochette de jeunes recrutés au terme d"un casting sauvage qui interprètent avec justesse une jeunesse beur/black de 3ème génération où les filles sont prises dans la nasse entre frères à casquette, violents et déstructurés, modernité et Coran.

Jacky Berroyer joue peu mais avec brio le rôle du principal de collège dépassé mais lucide et Denis Podalydès endosse celui du flic raisonnablement intelligent qui tente d’éviter le pire face à une hiérarchie pressée d’en finir.

En tout cas, voilà une histoire de collège et de banlieue qui ne verse pas dans l’angélisme et qui ne manquera pas d’être comparée avec la partition, plutôt bisounours, du réalisateur Alain Cantet.

Un tabou vient d’être levé, il était grand temps....


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