MON 810 : persiste et signe...

par Jean Philippe Demont-Pierot
jeudi 12 février 2009

 

Selon un avis rendu par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), le maïs transgénique MON 810 ayant fait l’année dernière l’objet d’une mesure d’une interdiction de culture par le gouvernement serait sans danger... La question est d’importance puisqu’elle n’est pas sans conséquence aussi bien sur le plan du principe de précaution s’agissant de la santé publique qu’un point de vue économique. Si le gouvernement, en se basant sur cet avis, autorisait à nouveau la culture du MON 810, ce serait d’ors et déjà d’après les experts un potentiel de 200.000 hectares de terre en France pouvant être mis en exploitation.

 

MON 810...

Développé par la firme américaine Monsanto, ce maïs transgénique permet par la modification de son génome de produire une molécule insecticide visant à détruire les chenilles de la pyrale et de la sésamie, les principaux insectes destructeurs de la plante. Présenté comme totalement sans danger pour l’environnement et la santé (humaine et animale) par les agronomes de Monsanto, ce n’est pas l’avis de certains biologistes indépendants.


 

Les scientifiques le disent...

Si l’on n’a jamais aujourd’hui trouvé personne ayant été nourri directement ou indirectement par du maïs transgénique présentant directement des troubles de santé, on est loin du caractère d’inocuité concernant certains animaux de laboratoire. Ainsi plusieurs études récentes ont montré que les souris nourries par du maïs 810 présentaient d’importantes modifications de protéines impliquées dans la fabrication de leurs cellules immunitaires (Institut Nationale de Recherche sur l’alimentation de Rome) faisant ainsi varié leur quantité dans le sang, mais aussi connaissaient des troubles de de fertilité et de croissance (Université de Médecine Vétérinaire de Vienne, Dr Jürgen Zentek) avec des modifications substantielles de la taille de certaines organes. En France le professeur Seralini de l’université de Caen a fait des constatations similaires en insistant sur le caractère excessivement mutant des gènes modifiés impliqués dans les plantes transgéniques. Si aujourd’hui l’avis de l’Afssa, qui n’a pas encore été rendu publique, va à l’encontre de ce que la communauté scientifique a observé, on peut se poser la question de la fiabilité de celle-ci en la matière concernant la santé des consommateurs et surtout de quelles preuves (ou plutôt absence de preuves) s’est-elle servies pour étayer son jugement dans la mesure où, pour trouver chez l’homme les dégâts observés chez les animaux de laboratoire, il faudrait pratiquer des dissections massives ! Ajoutons aussi, pour la mémoire, que le radium était dans les années trente du siècle précédent présenté sans danger, même bénéfice pour la santé public et vendu comme adjuvent dans certains aliments... Il est vrai qu’il ne tuait pas tout de suite !
 

Prosélytisme OGM !

Au delà de l’effet potentiellement délétère pour la santé, le maïs transgénique a naturellement un caractère prosélyte puisqu’il contamine les cultures qui l’entourent. Ce que disent depuis le début des luttes homéliques les militants écologistes, avec les fauchages sauvages et sanctionnés par les tribunaux, n’est plus douteux. En effet les exemples abondent. On peut citer le cas d’une exploitation de maïs bio dans le dépârtement des Deux-Sévres qui a été contaminée par du MON 810. Trois expertises l’ont confirmée, ce qui a valu à cet agriculteur le déclassement de sa production et 3 tonnes de maïs ont dû être réorientées vers la filière conventionnelle. Malgré ce que dit Monsanto et les hommes politiques français relais de son argumentation (mais l’on sait comment la firme sait s’y prendre avec eux !) il est impossible de faire co-exister des plantes transgéniques et traditionnelles et c’est l’avis d’un spécialiste américain de la question, le micro-biologiste Chapela, professeur à l’université de Berkeley.
 

Wait and see...

Il est clair que l’avis rendu par l’Afssa, organisme public dépendant du gouvernement n’est pas anodin et comme le dit aujourd’hui Arno Apotecker de Green Peace, interrogé par un journaliste du Pont : « Il a dû y avoir des fuites organisées par des pro-OGM. Je pense que des personnes au sein de l’Agence sont loin d’être neutres et ont volontairement propagé cette information quelques jours avant les décisions européennes. Il y a un effort concerté de la part du lobby de l’industrie de la biotechnologie. C’est certainement pour influencer le ministre Jean-Louis Borloo, mais aussi l’ensemble des pays de l’Union européenne qui seraient prêts à soutenir la clause de sauvegarde française. C’est aussi pour faire tomber la clause de sauvegarde hongroise, grecque et autrichienne... » C’est donc les prémices d’une nouvelle bataille que devront engager les organisations chargées de défendre les droits de la vraie vie face à ceux qui veulent en faire commerce.


 


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