On en a trop peu parlé, mais le 25 mai, dans toute l’Europe, des milliers de personnes ont manifesté contre Monsanto et la commercialisation des OGM dans une mobilisation inédite contre les agissements d’une multinationale. Et le 2 juin, France 5 diffusait un reportage très instructif sur l’huile de palme.
Les scandales de l’huile de palme
Le reportage de France 5 était édifiant à plusieurs titres. Il rappelait les conséquences de l’exploitation des palmiers sur la forêt équatoriale, montrant bien également que ce sont essentiellement les multinationales qui profitent de son exploitation, et non les paysans, parfois réduits à une condition proche de l’esclavage au nom du progrès économique.
Le reportage dénonçait également l’utilisation de pesticides Syngenta extrêmement dangereux pour la santé et dont la multinationale fait pourtant une promotion cynique, la population pensant s’en protéger avec du lait concentré Nestlé…
Problème,
les industriels peuvent camoufler aujourd’hui l’utilisation d’huile de palme sous le nom générique d’huile végétale ou matière grasse végétale. Pourquoi l’Europe ou nos gouvernants n’imposent-ils pas d’indiquer s’il s’agit d’huile de palme ou non ? Les consommateurs ne devraient-ils pas pouvoir choisir de consommer tel ou tel produit en toute transparence ? Il est difficile de ne pas voir dans cette possibilité offerte par le législateur le lobbying des grandes entreprises…
Le reportage évoque
le label RSPO, créé par les industriels (et auquel Syngenta et… le WWF sont associés) qui garantirait une exploitation responsable de l’huile de palme, assurant respect des forêts et des paysans. Malheureusement, il est difficile de vérifier sur place ce qu’il en est en réalité puisque les exploitations RSPO ne peuvent pas être visitées. Les journalistes ont réussi à le faire en caméra cachée et pas grand chose ne semble distinguer l’huile de palme « responsable » de l’huile de palme ordinaire,
dont le principal bénéfice est d’être la matière grasse la moins chère du marché.
Des politiques aux abonnés absents ou du mauvais côté
Il est effarant que le ministre de la consommation, Benoît Hamon, ne soit pas plus actif sur ces questions. Il y a pourtant tant de sujets sur lesquels agir, assurer une plus grande transparence, traquer les abus des multinationales qui sont parfois plus soucieuses de leurs profits trimestriels que de la santé de leurs consommateurs et plus encore de celle des paysans des pays en voie de développement auprès desquels elles s’approvisionnent. Car derrière les discours fermes à l’égard des OGM à la télévision, dans la réalité, certaines multinationales savent faire avancer leurs intérêts.
Bref, merci
aux manifestants du 25 mai. Le combat contre la privatisation du vivant et la marchandisation anarchique de la filière agro-alimentaire au profit de quelques multinationales et au mépris du principe de précaution est un combat de tous les jours. C’est le seul moyen pour se faire entendre.