Morts de SDF : quels remèdes ?

par Sceptique
vendredi 28 novembre 2008

L’aboutissement à la situation de SDF résulte d’une dégringolade dans l’escalier social ou d’une inadaptation primaire à la société. C’est le cas, je pense, pour les SDF étrangers. Pour les premiers, qui ont été, pendant une partie de leur vie, insérés, avec un travail, une famille, un logement, on peut imputer le lâchage d’une maille pour expliquer le détricotage complet de leur vie sociale. Mais en aucun cas, on ne peut exonérer la victime et ses conduites d’échec. Il y a de l’injustice à condamner ceux qui se maintiennent à flot, du naufrage de certains.

Par contre, il y aurait un déficit de charité, de solidarité humaine, à laisser faire la nature indifférente.

Parmi les SDF il y a quelques malades mentaux sans dangerosité. Mais les Hôpitaux Psychiatriques n’ont plus assez de place pour les recueillir. Leurs troubles ne peuvent pas justifier un placement autoritaire dont les critères sont très stricts. Les autres, la plupart, ont abandonné toute lutte contre la réalité de la vie sociale, qui, globalement, ne va pas au devant des désirs ou des besoins des humains. Ils ont aussi abandonné toute lutte contre eux-mêmes, contre leurs faiblesses, dont ils sont généralement conscients. La liberté de vivre comme ils le veulent, avec ce qu’il leur reste de moyens, les maintient dans la rue, ou, pour plus de tranquillité et de liberté, dans les bois proches de la ville (il faut pouvoir se ravitailler).

Par ce mode de vie, cette façon de se nourrir, de boire, de fumer, leur conduite est suicidaire. Mais ils ne sont, pour la plupart, ni fous, ni déprimés.
Une "conduite suicidaire" met en marche l’obligation de porter secours à une personne en danger. Contre son gré. C’est la position de Christine Boutin, poussée par l’opinion, et celui qui la représente, à agir. Sauf que les intéressés n’en veulent pas.

Les associations qui les prennent en charge exigent qu’on respecte leur liberté, mais qu’on leur offre un logement digne, au besoin en réquisitionnant des logements vacants.
Lesquels ? À qui appartiennent-ils ? Quelle est leur destination, leur statut ? Dès que l’on met en avant cette mesure facile (les squatters savent comment il faut faire) , on en rencontre la difficulté : propriétaires ou locataires hospitalisés en long séjour,successions problématiques, résidences secondaires, appartements mis en vente, bureaux inappropriés au logement.

Ceux qui seraient réquisitionnables, sans remplacer une injustice par une autre, sont attendus par des familles mal ou très mal logées, qui sont de toute évidence prioritaires. Et qu’en feraient, à la longue, des SDF complètement marginalisés ? Quelques uns semblent tirer profit d’un studio indépendant dans un ensemble géré par une association caritative. Mais livrés à eux mêmes dans un immeuble quelconque ?

Le problème du logement, la permanente inadaptation de l’offre à la demande, est un mal chronique de notre société française. Les politiques de construction massive de logements sociaux se heurtent vite aux problèmes financiers, d’erreurs de conception, de malfaçons, et de mauvais usage par les bénéficiaires. L’espérance de vie des logements sociaux est très courte, par comparaison avec les immeubles de rapport. Actuellement, c’est notre situation économique qui limite sévèrement les moyens à leur consacrer.

Quant à la défausse sur l’immobilier privé, par les réquisitions, les blocages des loyers, l’abstention de la force publique dans l’exécution des jugements, on sait ce que ça a donné dans des périodes récentes de notre histoire.

Finalement, les responsables politiques en seraient réduits à déshabiller Paul pour habiller Jacques. On comprend leur réticence.
Prendre des mesures de contrainte pendant les périodes de grand froid, en attendant qu’elles disparaissent pour ne pas contrarier les climatologues, concilierait l’obligation de secours, la liberté des intéressés, s’arrêtant à leur mise en danger, et la réalité de l’homme.


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