Moyens modernes au service... du harcèlement moral

par Lisa SION 2
mardi 1er avril 2008

Il est déconseillé de se faire tout petit devant un grand ou riche personnage, surtout s’il est, en plus... humiliant !

Lundi soir, à une heure de grande écoute, sur France 3, audiovisuel public, deux millions de téléspectateurs, un français sur trente, vingt et une heures, Mireille Dumas, dans son illustrative émission, Vie privée, vie publique, a invité un certain monsieur Régis D.

Ce monsieur a révélé, en une demi-heure, avec preuves vidéos professionnelles à l’appui, tout ce que je cherchais à dénoncer, sur simple conviction personnelle, après trente ans d’observations, sans plus aucune preuve, dans divers sites généralistes non encore censurés.

Ce monsieur a courageusement dénoncé ceci : le métier le plus facile à exercer, aujourd’hui, sans aucun diplôme, est milicien... heu pardon, vigile. C’est-à-dire qu’il n’y a pas besoin d’être intelligent, il suffit d’être costaud. Cela veut également dire que lorsque vous faites deux ans ou cinq ans d’études après le bac, vous pourrez peut-être trouver tout de suite un boulot de caissier de supermarché au Smic, voire rien du tout, mais dans la plupart des cas, vous serez moins bien payé que notre gendarme - civil - ripou - complice - privé.

C’est le même qui quitte le dernier la boîte de nuit et peut emmener quelques jolies filles dans sa belle voiture allemande ou italienne, les mêmes qui ont refusé de danser avec vous, ne vous ont même pas regardés. N’ayant d’yeux que pour le Dieu D’J, et le grand malabar qui traverse la piste tranquille. Il leur semble empreint de cette martialité tempérée, elles ne comprendront que plus tard dans la nuit, qu’elle était ce calme qui précède la tempête.

Mais, après tout, les femmes croient en ce D’Jieu comme le papillon en sa bougie. Bienheureuses sont celles qui ne croient qu’en leur mari, et pour la vie.

Embauché pour détecter les comportements douteux des clients et surtout, du personnel, assis devant les batteries de télésurveillance de son supermarché, notre homme fit preuve d’un zèle efficace. D’un œil vif, il parvint à débusquer le manège que ses collègues avaient mis au point pour sortir en grande quantité le matériel le plus lucratif de l’établissement commercial. Il obtint donc rapidement une promotion et c’est là que commence la réelle révélation sur les agissements qu’utilisent les grandes enseignes pour se libérer de leurs contraintes légales. Notre homme exerça trois ans sans lesquels il lui aurait été impossible de témoigner de ces faits incroyables.

L’entreprise mit à sa disposition des matériels ultra-performants, les micro-caméras (du matériel h/f, sans fil), posées la veille et retirées le lendemain dans les toilettes, les vestiaires, etc. Il lui fut confié la mission de découvrir les failles dans les discours ou les fautes professionnelles des anciens cadres du magasin à la limite de la retraite. Et ce afin de définir les erreurs que ceux-ci pourraient bien commettre. Celles-ci intéressent particulièrement les entreprises qui doivent remercier leurs anciens collaborateurs, de solides indemnités dues à leur ancienneté, après vingt-huit ans de bons et loyaux services. Cela peut effectivement dépasser le demi-million d’euros, voire friser le million.

Dans le cas où notre cadre serait irréprochable, notre homme a déclaré avoir reçu des directives orales de la part de ses supérieurs, voire directement du grand patron. Il fut chargé de tendre lui-même des pièges, afin que l’heureux futur retraité puisse être licencié pour faute grave, et donc délesté de son dû, durement acquis durant son long et pénible labeur de près de trente ans de carrière. Afin d’obtenir de celui-ci la faute réelle devant témoins, il était convenu, discrètement, tacitement, d’user sur lui de harcèlement moral, jusqu’à ce qu’il vienne à craquer.

Notre cadre en question, interviewé dans l’émission, a raconté comment, après une journée de travail, pour satisfaire les exigences de son harceleur, il resta toute la nuit au boulot avant de craquer, au petit matin. C’est face à la connaissance aigüe des espions qui l’ont filmé dans sa vie privée, dans ses sorties de détente, et qui ainsi usaient de vérités susceptibles de réduire à néant tous les arguments qu’il cherchait à utiliser pour se défendre et justifier sa bonne foi. C’est pour avoir craqué et jeté l’éponge, pour avoir délaissé son emploi qu’il a pu donner raison à son employeur et partir sans rien. C’est pendant sa dépression qu’il a été soutenu par sa famille et le Prud’homme qui a obtenu de la part de l’enseigne commerciale quatre-vingt mille euros. Mais, s’il a retrouvé une petite part de son dû, il n’est jamais remonté de sa profonde chute de moral. On peut tous comprendre comment, à l’âge de s’extraire du monde du travail de longue haleine, on nécessite tous de profiter de la tranquillité que l’on mérite, et comment, secoué par cette haute trahison, on n’a plus la force de se battre.

Quant à notre homme, notre joyeux délateur, large et carré, le sourire de Joconde, le regard fin et pointu, il a, bien sûr, quitté le métier pour se faire une nouvelle carrière de masseur à domicile...

Dans la même émission, on a pu apprendre comment, le « fiancé » de la première Miss France à avoir été touchée par des photos intimes, censées être vendues à une revue de mode, s’est grassement enrichi en les vendant à la célèbre revue américaine de nu pornographique. C’est la même histoire qui est arrivée à Laure Manaudou, que son « amoureux » italien a trahi...

Evidemment, toutes ces histoires sont bien plus tristes que les séries américaines où le noble héros réduit à néant tous les prétendants à la belle princesse et la marie, pour la vie... Mais elles sont vraies et arrivent tous les jours autour de chacun d’entre nous. Un tel témoignage pardonne de moitié son auteur, ayant ainsi délivré sa conscience du pire des malheurs. Car, en effet, observer sans dénoncer, c’est s’assurer d’entretenir son cancer mental, le plus contagieux, et qu’aucun docteur ne pourra jamais soigner...

à votre place !

L.S.


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