Najat Vallaud-Belkacem est encore et toujours la cible des rumeurs venant de l’extrême-droite

par menou69
mardi 7 octobre 2014

Une vague rance, islamophobe, misogyne et raciste.

L'hiver dernier c'était Christiane Taubira, ministre de la Justice, qui était la cible des journaux et des réseaux sociaux d'extrème-droite. Mais aujourd'hui c'est sa jeune collègue de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, qui concentre tous les commentaires les plus nauséabonds.

Par où arrive ces rumeurs ?

Elles viennent pour la plupart de l’extrême droite, des milieux catholiques traditionalistes et les complotistes professionnels. Notamment certains sites du Web comme Fdesouche, célèbre site d'extrême droite, Dreuz.info qui est un portail "francophone, chrétien, néo-conservateur et pro-israélien" et qui est édité par les ultraconservateurs américains de Jihad Watch. Il y a également Riposte laïque, un agglomérat de laïcards penchant sérieusement à droite, 24heuresactu celui-ci prétend informer "autrement" ou encore Novopress fondée par Fabrice Robert, président du Bloc identitaire et ancien élu Front National.

Mais elles viennent aussi d’acteurs du débat public comme Valeurs actuelles, hebdo qui truste sans complexe le credo d’une droite extrémisée, entretenant un fond de sauce identitaire et antimusulmans. Créneau porteur mais sulfureux, qui ne l’empêche pas d’être le journal auquel Nicolas Sarkozy réserve régulièrement la primeur de ses confidences. Mais aussi Minute hebdo d'extrême-droite dont l'éditorial est cousin du précédent. Des journaux qui s'engraissent au filon de la haine (lire l'article de Libération ici)

Quelles sont les attaques ?

Tout d'abord évidemment elle est attaquée sur ses origines : "L'ayatollah" (Valeurs actuelles), "l'agent d'un pays arabe" (Dreuz.info) est coupable d'avoir "remis la médaille de la famille à des femmes voilées" (24heuresactu).

Des blogs conspirationnistes en comptes Twitter hostiles au gouvernement, l'accusent d'avoir menti sur son nom elle aurait volontairement changé son état civil. Un montage grossier imitant sa carte d'identité est divulgué sur Twitter comme l'a repéré L'Express.

La méprise est d'autant plus savoureuse qu'il y a bien un lien entre le patronyme "Claudine Dupont" et la nouvelle ministre. Sauf qu'il n'est pas dû à ses ancêtres, mais à une petite phrase attribuée par Le Point à Ségolène Royal en 2013 : "Elle s'appellerait Claudine Dupont elle ne serait peut-être pas là. Elle doit assumer son identité et en être fière". Cette petite phrase anodine est devenue une accusation dans les blogs et les comptes Twetter.
 
Ces attaques raciales ne seraient d'ailleurs qu'un prétexte. La guerre qu'on lui mène est avant tout politique, idéologique. Comme celle d'une de ses plus ferventes ennemies, qui est elle-même musulmane, Farida Belghoul, enseignante d'extrême gauche devenue disci­ple du polémiste d'extrême droite Alain Soral.
 
C'est à coup de SMS, de mails et slogans sur le Web qu'en décembre 2013, la militante s'indigne contre les "ABCD de l'égalité" du ministère, le dispositif pédagogique destiné à enseigner aux plus jeunes l'égalité entre les sexes. Les ABCD ont été mis en place avec deux volontés : premièrement, mettre en lumière que l’école reproduisait malgré elle des stéréotypes qui pouvaient entamer la confiance des élèves, en particulier des jeunes filles, et leur capacité à se projeter dans l’avenir professionnel ; deuxièmement, rassembler des outils pédagogiques et les mettre à disposition des enseignants, pour transmettre la valeur d’égalité et de respect entre filles et garçons.
 
Par ignorance ou bien par malveillance Farida Belghoul dénonce ce dispositif comme étant l'application de la "théorie du genre", met en garde les parents contre les "cours d'éducation sexuelle avec démonstration dès la maternelle", et autres peluches en forme d'organes génitaux.
 
Elle appelle à une "journée de retrait" » des enfants de l'école, une fois par mois. Alors les parents reçoivent un SMS qui dit “On va apprendre à vos enfants de 4 ans à se masturber” et qu’ils y croient suffisamment pour retirer leurs enfants de l’école une journée, c’est très grave ! Les enseignants ont rassuré les parents, mais cette tentative de déstabilisation a perturbé leur travail (Lire l'artice du Monde ICI).
 
Par ailleurs sur le site de Riposte laïque est apparue l'image de Najat Vallaud-Belkacem, secrétaire d'État aux Droits des femmes à l'époque, regardant Darius, 2 ans, donnant le bain à un poupon avec comme légende : "L'effayant regard de sorcière de Belkacem devant un garçonnet français transformé en fillette". Faut-il en déduire que tous les papas qui donnent un bain à leur enfant sont des femmes ?
 
L' ABCD de l'égalité est alors abandonné, tout du moins dans sa forme première, une nouvelle mouture a été mise en place lors de cette rentrée scolaire. L'objectif a été de conforter ce qui a bien fonctionné c'est-à-dire en faisant bénéficier tous les enseignants et tous les élèves, dans le premier comme dans le second degré.
 
De nouveau le samedi 8 septembre Twitter s'enflamme sur une fausse circulaire datant du 28 août. Elle est adressée aux maires et leurs proposet "une heure hebdomadaire consacrée à la découverte de la langue arabe" en guise d'activité périscolaire prévue dans le cadre du réaménagement des rythmes scolaires. "Je vous conseille vivement de donner un avis favorable à l'établissement de cette activité qui a pour but de gommer les barrières linguistiques que pourraient inévitablement rencontrer nos enfants dans un proche avenir", précise le texte.

 

Le document est plutôt grotesque. L'en-tête est frauduleuse, le logo n'est pas bon, l'intitulé n'est pas correct et le courrier ne détaille pas les autres activités périscolaires. Malgré la falsification manifeste, certains politiciens ont pris le document pour un vrai. Isabelle Balkany, première adjointe UMP du maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), l'a tweeté sur son compte, avant de le supprimer lorsqu'elle a été prévenue qu'il s'agissait d'un faux. Seule la signature de la ministre a été correctement reproduite grâce à un scanner.

Comment la presse et le web blanchissent ces rumeurs ?

On retrouve toujours dans la presse, en information, en confirmation ou bien en démenti ce qui s'écrit dans les réseaux sociaux. Sur la fausse accusation de la théorie du genre, la presse a été réglo dans son ensemble, mais sur les chaînes d'infos en continu souvent on a laissé dire n'importe quoi sans apporter de la contradiction. Par exemple Éric Zemmour a pu se faire le porte-voix des rumeurs les plus folles sur cette soi-disant théorie du genre appliquée dans les écoles, Jean-François Copé lui a eu son heure de gloire en s'en prenant à un livre pour enfants !

Grâce à Twitter et Facebook les bruits nauséabonds sont rapidement sorti du noyau de l'extrême droite, pour alimenter les rédactions, la buvette de l'Assemblée nationale, les dîners en ville, les milieux et les journaux politiquement plus fréquentables, jusqu'aux citoyens lambda. C'est tellement facile de cliquer, transférer, retweeter, de plus c'est absolument pas culpabilisant et peu compromettant.

Le tweet d'un conseiller municipal UMP a fait un tabac ! Il commentait une photo de la jeune femme assise, les jambes un peu découvertes avec ces termes : "Quels atouts Najsat Vallaud-Belkacem a utilisés pour convaincre Hollande de la nommer à un grand ministère ?". Pas besoin d'être d'extrême-droite pour relayer la une de Valeurs actuelles ou de Minute n'est-ce pas ?

Comment réagir à ces rumeurs ?

Cela semble très difficile pour les personnes concernées, si elles se taisent il y a le risque que la rumeur enfle et si elles la contre et bien cela fait de la publicité aux lanceurs de rumeurs. Najat Vallaud-Belkacem est actuellement très ciblée par les rumeurs, mais on se souvient également des autres personnalités qui en ont été vicitmes comme celle sur le fils de Christiane Taubira prétendument meurtrier, sur celle sur le supposé enfant commun d'Anne Hidalgo et de François Hollande, celle aussi sur l'alcoolisme de Martine Aubry, ou encore sur Isabelle Adjani qui était soi-disant malade du sida etc etc....

La rumeur, c'est le glaive merdeux souillé de germes épidermiques que brandissent dans l'ombre les impuissants honteux. (Pierre Desproges "Chroniques de la haine ordinaire")

 

Sources : Wikipédia, Libération, L'Exxpress, Le Point, Le Monde, Le Figaro,


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