Ne pas changer son cheval borgne par un cheval aveugle…

par Michel DROUET
lundi 18 février 2013

Les journaux d’antenne 2 du samedi 16 février ont fait la part belle au scandale des lasagnes à la viande de cheval et c’est normal. Cependant, il est permis de s’interroger sur le traitement de l’information par cette chaîne publique.

En effet, si la société Spanghero fait toujours figure d’accusée, le débat semble se déplacer désormais sur les conséquences du retrait de l’agrément sanitaire de la société, en particulier en matière d’emploi pour les trois cents salariés. Cette question est légitime, mais ne doit pas nous faire oublier la responsabilité première des dirigeants de cette société.

Les « libertés » constatées en matière d’approvisionnement d’une matière première nourrissent un soupçon d’ensemble sur les pratiques de la société Spanghero et un délai raisonnable est nécessaire pour mettre à jour son fonctionnement global au regard des règlementations en vigueur.

En clair, le gouvernement doit faire vite et prendre rapidement les sanctions nécessaires afin que la production et le travail puissent reprendre rapidement dans des conditions sanitaires normales. Il faut que ce dossier reste dans le cadre de la répression des fraudes et de la qualité sanitaire. Il ne doit pas faire l’objet d’une exploitation politique et les salariés ne doivent être ni instrumentalisés ni pris en otages.

Le second biais consiste à présenter la filière équine de manière positive et les reportages produits par Antenne 2 ont bien rempli ce rôle.

Maintenant, il n’a jamais été question de remettre en cause la consommation de la viande de cheval, dont la vente au détail en France fait l’objet de contrôle sanitaire au même titre que les autres viandes, mais bien de s’interroger sur la provenance et la qualité de cette viande dans des produits transformés dans lesquels elle n’avait rien à faire,… en l’imposant au passage à des consommateurs qui n’avaient pas franchement envie d’en consommer pour des raisons diverses et variées.

Pour un peu, à la fin de ce reportage, on aurait pu être amené à ne pas comprendre l’indignation des consommateurs bernés et celle des vendeurs de produits transformés fabriqués à base de viande de cheval, en disant au passage qu’il y a beaucoup de bruit pour rien, et que le gouvernement doit mettre en avant la préservation de l’intérêt (légitime) des salariés de Spanghero avant toutes choses.

Toute la lumière doit être faite et des poursuites doivent être engagées envers tous les margoulins qui sont prêts à nous vendre n’importe quoi pour se faire du fric et qui n’hésitent pas à faire monter en ligne leurs salariés pour bien faire monter la sauce.

Le message libéral est clair : laissez nous, vendeurs, traders, transformateurs nous en foutre plein les poches en vendant ce qu’on veut, au mépris des règles collectives et si vous ne jouez pas le jeu, nous n’hésiterons pas à fermer nos usines et à envoyer les salariés à Pôle emploi.

C’est cette logique, celle qui fait remettre « au goût du jour » les farines animales pour l’élevage des poissons, celle qui fait vendre des médicaments mauvais pour la santé et qui fait traîner les procédures juridiques contre les responsables du scandale de l’amiante, qui est sous tendue.

Il ne faudrait pas que les chaînes d’information, publiques de surcroit, se rendent complices de ce système par un traitement biaisé de l’information. 


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