Nucléaire. Il y a cinq ans, Fukushima… Et en France ?
par VICTOR Ayoli
jeudi 10 mars 2016
Cinq ans. Il y a cinq ans, la centrale nucléaire de Fukushima explosait, plongeant le Japon, au-delà des horreurs d’un terrible tsunami, dans la terreur nucléaire. Depuis, les gouvernements japonais – aussi nuls que la compagnie nucléaire propriétaire du site – s’efforcent de minimiser les dégâts et d’inciter la population à retourner vivre dans la région. Tè ! Fumes…
Plus de 160.000 personnes ont été évacuées des villes situées autour de la centrale et près de 10% d'entre elles vivent dans des logements temporaires disséminés dans la circonscription territoriale de Fukushima. Seuls une douzaine de moins de trente ans sont pour l'instant revenus vivre dans la ville de Naraha, une ville rurale située à une vingtaine de kilomètres de la centrale théâtre du plus grave accident du nucléaire civil depuis Tchernobyl, en 1986.
Pour « fêter » ce sinistre anniversaire, les magistrats japonais viennent d’ordonner l'arrêt des deux centrales nucléaires qui viennent juste de redémarrer, parce que « jugées pas assez sûres ». Une ONG nippone prévoit 10.000 cancers de plus à venir pour les habitants du site. Et l’ancien premier ministre nippon qui a eu à gérer la crise estime que d’ici quelques années, il n’y aura plus une seule centrale nucléaire en service dans le monde. Le nucléaire, c'est dépassé, le nucléaire, c’est le passé.
Et nous, les « champions » du nucléaire ? Ben, nous on dit, comme au jeu des mille euros « Banco ! On continue ! » Sauf que nos voisins européens ne sont pas d’accord. Il est vrai que les Suisses, les Luxembourgeois, les Allemands, voisins de nos « belles » centrales, ne savent pas que les radiations ne passent pas les frontières ! Quelle ignorance, n’est-ce pas professeur Pèlerin ? Ils sont culottés ! Ils osent mettre en doute la fiabilité de notre formidable filière nucléaire et ont l’impertinence de demander l’arrêt non seulement de Fessenheim en Alsace, mais aussi de Bugey (Ain), mais encore de Cattenom (Moselle). Sous prétexte qu’elles sont vieilles, obsolètes et qu’elles mettent en danger non seulement les populations françaises mais aussi leurs propres populations. Quelle impudence ! Ils sont vraiment étranges ces étrangers...
Et même chez nous, il y a des organisations hostiles à l’atome qui engagent des actions judiciaires, notamment un recours auprès du Conseil d’Etat, pour réclamer l’annulation d’un certain arrêté (https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2015/12/30/DEVP1429850A/jo/texte ) concernant les équipements nucléaires sous pression. Ce sont tous les équipements contenant des fluides radioactifs comme la cuve où a lieu la fission nucléaire, les circuits de refroidissement et les générateurs de vapeur, éléments essentiels de toute centrale et donc cruciaux quant à la sécurité. Cet arrêté scélérat donne à l’exploitant un délai supplémentaire de trois ans pour se mettre en conformité avec la règlementation en vigueur depuis… 2005, donc cinq ans avant Fukushima ! Quelle peut être l’utilité d’un tel arrêté sinon de permettre aux industriels de déroger à leurs obligations de sûreté ? Ceci pour protéger l’EPR de Flamanville qui, justement, présente – en cours de construction – de graves faiblesses au niveau de la cuve, élément essentiel qui doit impérativement être sans défaut car ni changeable ni réparable une fois l’équipement en service. Quand c’est foireux, on change la loi, pas l’équipement !
Que penser d’une filière qui fait pression auprès des plus hautes autorités afin d’arracher l’autorisation de mettre en service une cuve nucléaire dont elle sait qu’elle est potentiellement dangereuse, faisant ainsi courir sciemment des risques catastrophiques à toute une population ? Les nucléocrates ça ose tout… La mauvaise foi du lobby nucléaire, elle, est inoxydable !
Cette filière industrielle du passé s’escrimant sur une énergie dépassée a pourtant un bel avenir devant elle. C’est celui du démantèlement des centrales existantes. Elle peut y mettre le savoir-faire indéniable de ses personnels au service d’une cause plus noble, infiniment plus utile et mieux acceptée par les populations.
Encore faudrait-il avoir des politiques sachant résister à la mafia nucléocrates qui sévit depuis la mise en route de cette filière, décidée par De Gaulle, ne l’oublions jamais, pas pour l’électricité, mais pour faire LA BOMBE.
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