Nuit Debout : les Indignés de l’entre-soi
par Léonel Houssam
mardi 12 avril 2016
La promesse qui est faite par les gens des centres villes d’obédience « gauche pacifiste, moraliste et Je-tiens-quand-même-à-mon-petit-confort » et qui se mobilisent massivement sur une place parisienne pour « discuter », « se réinventer », « mettre plus de démocratie dans la société française », ce sont des transports en commun de banlieue lamentables ultra-saturés, l’interdiction pour les plus fauchés de rouler dans Paris qui n’ont qu’une vieille bagnole parce que pas les moyens de souscrire à un crédit pour en acheter une « plus écologique , « moins polluante », la fracture géographique entre riches et membres de la classe moyenne supérieure avec la vraie pauvreté virée à coups d’achats d’appartements au prix fort dans les quartiers populaires, repoussant besogneux smicards, immigrés chargées des basses besognes, chômeurs de longue durée dans la grande Couronne parisienne et dans les villes de Seine Saint-Denis (pour faire court).
En réalité, il ne faut pas plus de démocratie, il faut moins de propriétaires, moins d’entre-soi socialisto-écolo-urbain, moins de microcosme parisien… Il faut tout simplement piétiner ces Nuit Debout, du moins les laisser continuer leur mascarade, leur pathétique ersatz d’indignés espagnols et les ranger dans la même case que ceux qui nous gouvernent. Bien sûr, il y a des naïfs, ceux qui veulent lutter contre l'ultra-libéralisme avec des fleurs et des chansons, contre ces puissants qui nous étouffent et nous spolient. Il y a aussi des curieux, il y a évidemment les « j’y étais », trophée grotesque d’une lutte à conter aux petits-enfants (qui auront autre chose à faire que d’écouter cette fable insurrectionnelle dans un monde où réchauffement climatique, bulle financière éclatée et numérisation généralisée auront conduit à l’extinction d’une grosse partie de l’Humanité)… Il y a les gens de bonne foi, oui, les gens qui se déplacent de banlieue, les étudiants de fac qui ont peur pour leur avenir (et qui intégreront la vie de français "moyens" en quelques années)…
Mais pour l’essentiel, ce mouvement "Nuit Debout", très relayé de façon empathique par les médias dits « de gauche » est celui des déçus de la gauche de pouvoir, la socialiste là, dans le texte, ces gens qui ont baissés leur slip en 2012 pour voter pour Hollande pour voter contre Sarkozy au deuxième tour. Voter pour Hollande, l’énarque qui n’a eu de cesse de torpiller tous les pourfendeurs du capitalisme du temps de sa direction du PS. La mémoire courte, le plafond bas des gens « bien éduqués à haut niveau d’étude au pouvoir d'achat érodés par la crise et la spéculation financière ». Des gens qui sont contre, bien sûr, mais pour eux-mêmes, pas pour les pauvres, les intérimaires qui nettoient la fiente de leur ville, les employés au salaire minimum qui leur vendent leurs vêtements onéreux fabriqués par quelques esclaves à l’autre bout du monde, assemblés par des ouvriers payés au lance-pierre et managés au lance-roquette dans les dernières usines françaises. Et quelques anars pas pauvres du tout, quelques patrons de « start-up à la cool », des profs de fac insipides et planqués qui se gaussent de leur science décrépie, intra-muros, hors-sol, des syndicalistes à la réthorique éculée, des journalistes militants armés de leur carte de presse au cas où les CRS chargeraient (le meilleur bouclier contre les matraques), quelques militants d’associations humanitaires, quelques joueurs de gratte et de djembé, des jongleurs et des passants. Tout un petit monde qui revendique le droit de payer des impôts à l’instar des nobles qui distribuaient une partie de l’argent volé aux serfs, paysans sans terre et trimards de la bouse pour faire construire des églises, des chapelles et des cathédrales rachetant par la même un Salut et une place au Paradis promis par des Catholiques de pouvoir…
L’insurrection ne viendra pas de la gauche, soyez-en sûrs… Et elle ne sera pas pacifique, je le prédis sans mal.
Léonel Houssam