Obésité : on demande à Québec de taxer les contribuables

par Martin Masse
mardi 4 octobre 2005

André Chagnon, fondateur de la compagnie Vidéotron, est prêt à investir 400 millions de dollars pour venir en aide aux jeunes obèses à la condition que le gouvernement québécois en investisse autant. Toutefois, puisque toute aide gouvernementale est accompagnée d’une nuisance, c’est-à-dire d’un appauvrissement des contribuables, le gouvernement devrait leur laisser cette décision, et par conséquent dire « non, merci » à M. Chagnon. Si ce dernier veut aider les jeunes à l’aide de sa fondation, on doit l’applaudir. Mais s’il veut les aider en nuisant à d’autres, on doit le dénoncer. Si l’on considère que l’imposition n’est pas une nuisance, alors qu’on laisse à ceux qui sont toujours prêts à imposer autrui le soin de faire du porte à porte pour amasser les fonds.

Cependant, il est important de différencier l’homme qui veut aider autrui en incitant le gouvernement à utiliser son pouvoir de taxation et de réglementation, et le politicien qui met ceux-ci en application. Le premier incite, le second contraint. Celui-là a le mérite d’être franc, alors que celui-ci a tendance à n’évoquer que les bénéficiaires de son action. Pourtant, les contribuables auraient plus de moyens d’aider autrui si on leur en laissait le choix (et plus d’argent dans leurs poches). Et quand bien même ils n’aideraient pas autrui, cela ne constitue pas une raison suffisante pour les contraindre à payer selon les choix des autres. Cette façon d’agir est aussi inefficace qu’injuste, mais elle est légale. Malheureusement, pour les étatistes, la légalité, aussi cruelle soit-elle, ne peut être remise en question, car elle est incontestable et indépassable, comme un dogme.

On pense déjà à interdire les chaînes de restauration rapide dans les écoles, sous le prétexte que les jeunes ne sauraient être tenus responsables de ce qu’ils mangent. J’entends déjà les syndicalistes et les « progressistes » inciter les gouvernements à taxer de manière « punitive » les chocolatiers, les producteurs de crème glacée, croustilles et boissons gazeuses. Il faut bien payer le système public des soins de santé ! Pour l’étatiste, ce système ne saurait être remis en question, alors pour le maintenir il doit taxer, interdire et réglementer davantage. On cherche des coupables. Les entreprises de tabac sont appelées à passer à la caisse, mais on en veut d’autres. Les entreprises de « malbouffe » sont dans la ligne de mire.

La responsabilité individuelle est mise au rancard. Pas question de faire attention à ce qu’on mange ou à ses relations sexuelles, puisqu’il y a un système public de santé. Pas question d’accepter n’importe quel petit boulot ou de se procurer une assurance-habitation, puisqu’il y a l’aide sociale. Pas question de choisir un domaine d’études « en demande », puisqu’il y a les prêts et bourses. Pas question de s’établir au pays en sachant parler le français et l’anglais, puisque les cours sont payés par le MICC et Emploi-Québec. Pas question de se loger selon ses moyens, puisqu’il y a des logements « sociaux ». Pas question de s’empêcher de faire carrière dans les arts, puisqu’il y a des subventions. Etc.

Il ne s’agit pas de nier la difficulté des responsabilités à prendre, mais de réaliser qu’on s’en éloigne davantage, à faire payer les contribuables. Si on veut établir une entraide digne du nom, il faut que le gouvernement cesse de s’en mêler. Il est déjà enseveli sous les dettes avec les systèmes de santé, de garderie et d’assurances en tous genres, on doit donc lui demander non pas d’en faire plus, mais moins. Un gouvernement n’aide pas sans nuire, par conséquent il réduit autant les ressources qui permettent de l’établir que l’initiative qui permet à l’homme de se développer et de s’épanouir.

André Dorais


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