Octobre – brèves sur la politique de sécurité ou les dernières gesticulations pour endormir les policiers, les gendarmes et les citoyens
par cti41
mardi 25 octobre 2011
22 septembre, en quelques heures trois policiers se sont donnés la mort dans le Val-de-Marne. Cette série noire dramatique ne peut être qu’une coïncidence mais elle a amené le ministre de l’intérieur à réagir, disant que dans un premier temps "il fallait essayer de comprendre" pour en venir rapidement à la cause qu'il décrit : "un aboutissement de problèmes personnels". On voit tout de suite où vont mener les enquêtes diligentées. Navré de vous décevoir monsieur le ministre mais la pression hiérarchique, les conditions de travail de plus en plus pénibles SONT des problèmes personnels. Quand viennent s’y greffer des ennuis financiers ou familiaux ces derniers ne sont que les gouttes d’eau qui font déborder un vase trop rempli. Les gendarmes connaissent aussi ces drames à répétition, plusieurs par mois ou par semaines parfois. Cessez de botter en touche, laissez ça aux rugbymans et prenez ce problème à bras le corps.
Suicides en gendarmerie. Un de plus un de trop, le 27 septembre nous apprenons le décès d’une jeune femme gendarme âgée de 30 ans. Elle a mis fin à ses jours, avec son arme de service, dans son logement de fonction. Elle était en poste à la brigade d’Irigny (69) .Les constatations ont été effectués en présence du parquet qui s’est immédiatement rendu sur place. Si nous ignorons encore les raisons qui ont pu pousser la jeune femme à commettre l’irréparable, nous espérons que le résultat de l’enquête sera communiqué. Le harcèlement est déjà largement évoqué. Tout notre soutien à sa famille ses proches et ses collègues.
Policiers municipaux dans la chaîne de sécurité nationale.
26 septembre le ministre de l'Intérieur a installé la commission consultative qui doit parfaire l'intégration des 21.000 policiers municipaux dans la chaîne de sécurité nationale. Cette nouvelle commission (un machin parmi tant d’autres) est composée de seize maires et autant de représentants syndicaux des polices municipales. Christian Estrosi Maire de Nice et patron d’une des plus importantes polices municipales de France sera logiquement président de cette commission. Sont conviés à cette table les directeurs de la police nationale, de la gendarmerie, des libertés publiques et le directeur des affaires criminelles et des grâces au ministère de la Justice. (Il faut bien que chacun puisse faire valoir ses arguments). Les sujets qui seront évoqués : - La rénovation des statuts et des conditions d’emploi - Le sujet sensible des armes de service - La révision du contrat qui doit lier l’Etat et les communes - La clarification de la répartition des missions – L’uniformatisation des moyens de transmissions. Cadeau du ministre, il va financer 50% des 10000 gilets pare-balles qui vont être commandés. Il ne faut pas imaginer qu’il sorte cet argent de sa bourse personnelle, certainement une ligne budgétaire police ou gendarmerie qui va subir une ponction. Le ministre a même prévu primes et médailles pour les plus méritants (espérons qu’elles ne seront pas décernées à titre posthume). Au niveau syndical les policiers municipaux sont plus orientés vers la révision de leurs carrières, l’obtention d’une indemnité spécifique obligatoire et un an de bonification tous les cinq ans valant pour le départ à la retraite. C’est le réveil d’une commission mise en sommeil depuis quatre ans. Il est évident que ce sera un nouveau désengagement de l’Etat vers les collectivités locales. Elles vont devoir prendre en compte leur propre sécurité à une période où les effectifs de police et de gendarmerie se réduisent comme peau de chagrin. A suivre avec attention.
Chère et injuste justice. Le premier octobre la taxe de 35 euros dont devront s’acquitter les justiciables pour déposer certaines plaintes, va entrer en vigueur. Même s'il ne s'agit pour l'instant que des procédures civiles, cela ne fait que conforter l'adage de "la justice a deux vitesses". A quand le versement d'une consignation pour signaler que l'on s'est fait violer ? La première remarque qui vient à l’esprit, c’est que c’est le plaignant qui va débourser pour payer une réforme de la garde à vue qui profite en priorité aux auteurs des infractions les plus graves. Une fois de plus c’est la victime qui trinque. Les avocats n’ont pas à s’offusquer (comme c’est le cas) pour une mesure provoquée par la réforme qu’ils ont réclamée à cor et à cri. Une seconde remarque tient au fait que ce « droit de timbre » sera également affecté « au fonds d’indemnisation de la profession d’avoué près les cours d’appel ». La profession d’avoué va fusionner avec celle d’avocat et il semble incompréhensible que cette mesure nécessite une indemnisation dont une partie sera à la charge des justiciables. En tous cas, inutile de sortir des hautes écoles de la magistrature pour comprendre que cette nouvelle taxe va permettre également de rebuter beaucoup de citoyens qui sont en droit de déposer plainte et permettre ainsi la réduction du nombre des procédures.
30 septembre au 2 octobre. En quelques jours deux gendarmes ont perdu la vie, le premier, motocycliste de la garde républicaine a été victime d’une chute mortelle, en fin de semaine, sur l’autoroute A1 à hauteur du stade de France. Il était en service avec deux de ses collègues. Le second affecté à la brigade des recherches d’Argenteuil est décédé au cours du week-end dans des conditions qui restent à être précisées. Ce dernier était marié et père d’une fillette alors que le premier laisse également une veuve et une petite orpheline. Nous partageons la tristesse des familles des proches et des collègues de ces deux gendarmes et nous les assurons de tout notre soutien.
Quand le directeur de la Gendarmerie fait le « BUZZ » dans les médias.
Le 3 octobre, un député d’opposition du Finistère a révélé sur son blog le contenu de deux circulaires du Directeur de la Gendarmerie. Dans ces documents, agrémentés d’une multitude de chiffres, le patron des gendarmes ne manque pas de donner quelques directives pour inverser la tendance négative des résultats. L’Association Gendarmes et Citoyens a dénoncé à de nombreuses reprises le traitement de la statistique de façon à ce que la politique de sécurité montre son efficacité. Nous avions dit qu’à partir d’un certain stade il ne serait plus possible de masquer la vérité et que la réalité de la hausse des crimes et délits finirait par réapparaître. Il semble que cette limite a été atteinte et que les mois à venir ne seront pas favorables pour ceux qui voulaient démontrer que la délinquance baissait malgré la démolition du service public de la sécurité. Il est aussi probable que les gendarmes se rendent compte qu’à trop tricher, les résultats qu’ils donnaient allaient tout à fait dans le sens du : « on arrive à faire toujours mieux avec toujours moins de moyens ». Ils ne souhaitent peut-être plus fournir le bâton pour se faire battre par les restrictions en moyens et en effectifs.
4 octobre. Encadrement militaire pour des mineurs délinquants. Pour quels résultats et à quel coût ? Une procédure d’urgence est lancée par le gouvernement en vue de faire adopter par le parlement une Loi destinée à faire encadrer des délinquants mineurs par des militaires. Nous avions déjà évoqué la revendication de la paternité de cette idée par la gauche puis la droite jusqu’au Président de la République lui-même. Il s'agit de créer un échelon intermédiaire entre le foyer et le centre éducatif fermé pour éviter l'incarcération. Si cette idée peut sembler intéressante au départ, nous pouvons apporter quelques observations. Tout d’abord il s’agit de trouver les locaux et l’encadrement. A ce jour l’armée a du subir, elle aussi, les ravages de la RGPP. Comme pour les statistiques « arrangées » cette Loi risque de provoquer l’effet inverse de celui qui est escompté. Les citoyens se rendront vite compte que cette mesure va coûter très cher pour un résultat ridicule ne concernant qu’une infime partie des délinquants mineurs. Une gesticulation électoraliste de plus qui risque de se retourner contre le pouvoir en place. Le Président de la République devrait d’abord changer ses conseillers avant de laisser voter certaines Loi.
4 octobre. Transfèrement qui tourne mal. Un détenu, dangereux trafiquant de drogue s’évade, un gardien est blessé par balle. C’est lors d’un transfèrement médical à l’hôpital d’Aix-en-Provence que deux individus casqués ont menacé le chef d’escorte le blessant d’une balle à la cuisse devant sa résistance. Aussitôt les syndicats ont réagi réclamant que chaque escorte médicale se fasse sous protection policière. Ce serait un retour à la case départ puisque les escortes par les forces de l’ordre devaient être supprimées pour que ces dernières se recentrent sur leur missions prioritaires. A suivre……….
La Gendarmerie recrute. Le 8 octobre s’est déroulée la journée de la sécurité intérieure à laquelle étaient associés pompiers policiers et gendarmes, nous n’avons pas lu dans la presse que les policiers municipaux étaient conviés. Pour la Gendarmerie, sur fond de délai limite pour présenter le concours de sous-officier les propositions ne manquaient pas. De l’officier à l’homme de base de la brigade territoriale tout a été fait pour recruter. On vous propose les places de techniciens, pilotes d’hélicoptères, de voitures rapides, motards, maître- chien etc. Des places d’O.S en CDI, ces ouvriers très sollicités jours et nuits dans les brigades territoriales. Il ne faut pas oublier les CDD, gendarmes adjoints volontaires, très sollicités également, sous contrat renouvelable jusqu’à 5 années avant de retourner dans le civil s’ils ratent leur concours. On ne peut négliger les intérimaires, jeunes civils, anciens GAV ou gendarmes retraités qu’on utilise pour boucher les trous et mettre du bleu dans notre paysage. La Gendarmerie ressemble à la société civile et présente tout un éventail de fonctions avec des gens très bien placés mais beaucoup moins nombreux que ceux qui sont à notre contact sur le terrain.
Un nouveau suicide dans le groupement de la Haute-Vienne. Après le suicide de Michel DELIVET au mois de Février dernier à la brigade de SOLIGNAC 87, le gendarme Daniel, ............., de la brigade de ST JUNIEN 87, célibataire sans enfant, a décidé de nous quitter vendredi 7 Octobre 2011. Son corps a été retrouvé dans sa baignoire. L’intéressé a laissé un écrit qui a été saisi pour les besoins de l’enquête. C’est le second suicide d’un militaire de l’Arme, depuis le début de l’année, au sein du Groupement de Gendarmerie de la Haute-Vienne 87.
Cour des comptes, quand le confidentiel devient public. Après les circulaires du directeur de la Gendarmerie, c’est un pré-rapport de la Cour des comptes qui est déballé sur la place publique. On y apprend que les critères de répartition des forces de police et de gendarmerie doivent être revus. Rien de bien étonnant puisque la loi de rattachement de la Gendarmerie au Ministère de l’intérieur (on a vu le rapport d’évaluation des résultats), les LOPPSI 1 et 2 ou la RGPP ne font qu’exiger toujours plus avec parfois quelques contradictions. En définitive les redéploiements ont été plus modestes que ce qui avait été envisagé. Sans entrer dans le détail du bilan des sages de la Cour des comptes, nous pouvons noter qu’ils ont estimé qu’il fallait 7 gendarmes pour remplacer 10 policiers. Que le régime de travail des pandores leur permet d’être disponibles 24 heures sur 24 ou selon un régime d’astreinte. Si quelqu’un cherchait encore pourquoi on insiste sur le maintien de la militarité des gendarmes, la réponse est là. Aucun doute que le ministre de l’Intérieur va s’arrêter sur l’estimation de 3 141 emplois gagnés si l’on fait passer sous la responsabilité des gendarmes les agglomérations de moins de 50 000 habitants. De cette façon on va voir se recréer les brigades de chef-lieu d’arrondissement qui avaient été dissoutes sous prétexte de doublon avec les commissariats. Il semblerait que le directeur de la police souhaite conserver ces commissariats de petite taille dans des villes de moins de 30 000 habitants. Ils offrent des conditions de travail moins difficiles, s’agirait-il de centres de préretraite pour policiers fatigués ? Ceux qui sont débordés par manque d’effectif dans les grandes agglomérations apprécieront.
Une jeune policière tuée d’un coup de sabre. Folie meurtrière à la préfecture de Bourges, le 14 octobre en fin de matinée. Un individu, armé d’un sabre japonais, qui s’était vu refuser une autorisation de détention d’arme s’en est pris aux personnes présentes. Il a mortellement blessé une policière qui intervenait pour le neutraliser. Deux autres personnes dont un policier ont été blessées. Sincères condoléances à la famille aux proches et aux collègues de cette jeune femme qui était âgée de 30 ans et mère de deux enfants. Prompt rétablissement aux blessés.
Christian Contini, président Association Gendarmes et Citoyens
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