OGM, liberté de la presse et dissuasion judiciaire.
par Henry Moreigne
jeudi 6 juillet 2006
Un nouveau pas a été franchi en ce mois de juin dans le combat anti-OGM. La police a mené une perquisition dans les locaux de France 3 Orléans le 24 juin, pour saisir les cassettes d’un reportage dont les commentaires mettaient en doute l’indépendance de magistrats.
Les deux journées d’audience sont couvertes par la station régionale de France 3. Le journaliste en charge du reportage, Xavier Naizet, conclut ce dernier par des propos peu amènes pour la Cour : "... Il paraît que dans les ministères à Paris, on s’intéresse de très près à l’arrêt qu’ils (NDLR : le président et les deux magistrats de la Cour) vont prendre et, ils ne seront peut être pas si seuls finalement..."
Les termes suscitent le courroux des magistrats, notamment celui du premier président de la Cour d’appel qui, se drapant dans sa robe de toute sa dignité, évoque "des propos haineux et venimeux". Mais l’affaire n’en reste pas là. Le procureur général près de la Cour est saisi. Ce dernier demande au rédacteur en chef de France 3 Centre la copie des bandes incriminées. Ce dernier refuse. Elles sont saisies au cours d’une perquisition. Par la suite, l’assemblée générale des magistrats du siège adresse aux médias et au CSA une motion évoquant des commentaires malveillants et demandant que le droit à l’information s’exerce avec plus de rigueur.
Le 23 juin, le rédacteur en chef et son journaliste sont convoqués par la police qui les informe qu’ils sont poursuivis pour discrédit public jeté sur une procédure judiciaire. On ne sait pas encore si l’affaire sera classée sans suite par le procureur, ou si les deux journalistes seront déférés en correctionnelle.
Le sujet était-il trop sensible ? Peut-être. Après un autre fauchage d’OGM dans le département, le 17 juin, trois autres journalistes, deux du quotidien La République du Centre, l’autre de France 3, ont été convoqués par la gendarmerie de Montargis et priés de livrer leurs sources et leurs images. Une fébrilité des bras de l’Etat à la hauteur des enjeux financiers que représentent les OGM.