Omertà sur/Orge
par Pale Rider
vendredi 19 juillet 2013
Cette fois, on le sait : il y a bien eu des scènes de caillassage et de pillage immédiatement après la catastrophe ferroviaire de Brétigny s/Orge. Avec le silence complice des autorités. Méditation sur le retour d’une sauvagerie néanderthalienne.
Le journal Le Point s’est procuré un rapport de la Direction Centrale des CRS. Celui-ci confirme ce que certains journalistes avaient glissé discrètement, et qui avait été ensuite nié officiellement : des individus venus des quartiers voisins de la gare de Brétigny s/Orge où a déraillé le Paris-Limoges ont jeté des pierres sur les véhicules de secours. Certains commençaient même à dépouiller les blessés, au point que les CRS ont dû protéger les secours pour qu’ils puissent intervenir sans se faire attaquer.
Les autorités connaissaient déjà la mentalité ambiante de ces charmantes banlieues puisqu’elles avaient, en amont, fait escorter par des pelotons de CRS les cortèges d’ambulances qui se transportaient sur les lieux. Or, aussi bien le Ministre des Transports Frédéric Cuvillier, que le sous-préfet de l’Essonne, Ghyslain Chatel, démentaient les exactions mentionnées ci-dessus, reconnaissant tout au plus quelques actes isolés. Même discours lénifiant de la part du directeur départemental de la sécurité publique de l’Essonne. Or, le parquet d'Évry a ouvert une enquête préliminaire pour vol en réunion avec violences…
Des choses à ne jamais dire
Cette loi du silence imposée sur les banlieues non pas par une mafia quelconque, mais par les autorités elles-mêmes, ne date pas d’hier. Dans une paisible préfecture de province où, apparemment, il ne se passe jamais rien, un commandant de pompiers disait en privé être déjà tombé dans un guet-apens. La police s’était montrée mais n’avait rien fait, et avait surtout demandé aux pompiers de ne pas riposter, ne serait-ce qu’avec un petit coup de lance à incendie.
Dans son livre Tête haute (Jean-Claude Lattès, 2007), la journaliste Mémona Hintermann-Afféjee dénonçait la conspiration du silence sur l’intolérance de l’islam, sur le machisme des petits beurs autoproclamés censeurs de leurs sœurs, ou encore sur ceci : « Est-il normal que des ‘jeunes’ demoiselles du 9-3 arrivent à Paris en déclarant haut et fort lors d’une manifestation étudiante qu’elles sont là pour ‘casser de la meuf’, sous-entendu des filles de milieux et d’origines différents des leurs ? Qui les empêche de renverser des vieilles dames à vélo, avec insultes, menaces et ces cris de haine ‘Français qui pue’ ? Fantasme ? Quelle organisation anti-raciste a porté plainte ? Les scènes ont eu lieu en plein Paris ! » Mémona Hintermann-Afféjee est bien placée pour parler, étant elle-même Réunionnaise d’origine musulmane par son père. Elle évoquait aussi la chute d’un frigo, du haut d’un immeuble, juste devant les pieds de policiers en intervention. Consigne : ne rien dire, laisser faire. Ne pas enflammer les « quartiers ».
Comment expliquer autrement que, à Marseille, « capitale de la Culture européenne », se soient développés l’invasion des Kalachnikov, les règlements de compte au grand jour, les dealers carbonisés dans leur voiture, la corruption d’une partie de la police ? Ah certes ! il est bien temps de réagir (ou de faire semblant), après avoir laissé filer pendant des décennies, et acheté par un silence lâche une fausse paix sociale sur fond d’économie parallèle bien pratique en temps de chômage orchestré.
Quand sautent les derniers tabous
Souvenez-vous, je crois que c’était dans les années 90 : devant la montée des « sauvageons » ainsi nommés par Jean-Pierre Chevènement (qui par ce terme, désignait des jeunes élevés sans tuteur, sans repères), on disait fièrement qu’il leur restait cependant un tabou : on n’attaque pas les secours. Aujourd’hui, les médecins désertent les banlieues et ne se déplacent plus à domicile parce qu’ils sont presque systématiquement détroussés. Cela ne semble pas faire réagir.
Se rend-on compte que nous assistons au retour d’une forme de sauvagerie préhistorique, là où plus aucune autocensure morale, où plus aucune éthique (le mot est plus chic) ne viennent fixer une limite ? Des gens qui viennent détrousser des blessés (certains ont même dit : les morts) sur un train encore chaud, tout juste disloqué dans une gare, pour leur voler leurs vêtements et leur téléphone portable, ce sont des vautours, des nécrophages. Ils ne valent pas plus cher que ceux qui arrachaient les dents en or des Juifs qu’on exterminait pendant la guerre. Quelle humanité, au sens de statut d’humain, leur reste-t-il, si ce n’est une solidarité tribale d’un niveau tout juste néanderthalien ? Quels gouvernements, quel système scolaire, quels services sociaux, ont laissé cette dégradation effrayante s’installer désormais sur plus d’une génération dans certaines zones de notre territoire ? Jusqu’où va-t-on laisser faire ? Jusqu’à quand les autorités vont-elles, sous prétexte de « politiquement correct » et de « pas de vagues », tenir un discours irréel ? Comment s’étonner que, dans les urnes, le Front National recueille de plus en plus de voix, ce qui ne manquera hélas pas d’arriver, notamment aux Municipales ?
L’esprit de Munich
Toute dictature s’installe sur les décombres d’une démocratie démissionnaire et munichoise. Nous venons de prendre un exemple de politique intérieure. Mais terminons sur un exemple de politique internationale : le monde entier s’est offusqué (comme si nos dirigeants n’en savaient rien…) de l’espionnage à grande échelle que mènent les États-Unis jusque dans les plus hautes instances internationales, notamment européennes. Or, les négociations de libre-échange transatlantiques Europe–États-Unis ne seront en rien entravées par l’indiscrétion de nos « amis », et aucune nation européenne n’aura le courage d’accorder l’asile politique à Edward Snowden malgré le bénéfice qu’elles tirent de ses révélations.
Les capitulards sont les alliés objectifs des démagogues et des fascistes (qui se confondent souvent). Dormez, braves gens, pendant qu’on fait semblant de veiller sur vous.